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Appel d’offres: nouveau casse-tête pour le CEB

22 janvier 2019, 22:08

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Appel d’offres: nouveau casse-tête pour le CEB

Alors que l’épisode des turbines à gaz passe toujours mal au Central Electricity Board (CEB), voilà que l’organisme vient d’essuyer un nouveau revers. Cette foisci, cela concerne un projet de six sous-stations au coût de Rs 3,5 milliards. Le contrat avait déjà été alloué. Ce, bien que le consultant, Mott MacDonald, avait initialement désapprouvé l’évaluation préliminaire faite par le CEB, suivant l’appel d’offres, avant que le Central Procurement Board, à qui revient la décision finale, ne prenne le relais.

Un soumissionnaire a saisi l’Independent Review Panel (IRP) pour contester la décision. Celui- ci a eu gain de cause. L’IRP a recommandé une réévaluation des offres. Ce qui dérange d’avantage au CEB, c’est que comme pour le projet de nouvelle centrale à gaz à Fort-George, le Procurement Policy Office, sous la tutelle du ministère des Finances, demande qu’une toute nouvelle équipe soit constituée pour toute réévaluation.

Là où l’affaire se corse pour l’organisme parapublic, c’est que le nouveau panel d’évaluateurs qui comprend, entre autres, deux anciens cadres du CEB, a trouvé des incohérences dans ce dossier. Dans le secteur, l’on dit attendre la marche à suivre du corps parapublic.

Centrale de fort-george

L’organisme veut financer le projet

Le Central Electricity Board (CEB) devra trouver entre Rs 6 milliards et Rs 7,5 milliards pour financer la construction d’un Combined Cycle Gas Turbine (CCGT), une centrale thermique, à Fort-George. Il est peu probable qu’il pourra compter sur le ministère des Finances.

Ce dernier a envoyé deux circulaires en l’espace d’un mois aux corps parapublics pour leur rappeler qu’il faut son aval pour tout emprunt auprès des bailleurs des fonds. Bien que ces documents ne mentionnent pas le CEB, il est clair que c’est lui qui est visé. D’autant que le premier rappel a été émis le 5 décembre, le lendemain d’une réponse d’Ivan Collendavelloo au Parlement. Le ministre de l’Énergie avait déclaré que le CEB était en contact avec des bailleurs des fonds.

Selon les informations obtenues au sein de ce corps parapublic, la direction se penche sur d’autres sources de financement. Cette décision survient après l’émission d’une deuxième circulaire la semaine dernière. Le CEB a plusieurs choix. «L’un d’eux est que nous financions le projet à hauteur de 75 %. Par la suite, nous allons solliciter le gouvernement pour les 25 % restants. Ce sera un emprunt.»

Cependant, la direction du CEB attend de savoir ce que fera le Central Procurement Board. Le 26 décembre, l’Independent Review Panel avait recommandé d’analyser une nouvelle fois les différentes offres, après avoir noté que METKA n’avait pas respecté certains critères. Cette société grecque était bien partie pour décrocher le contrat de Rs 6 milliards. «Nous attendons que le CPB revienne vers nous pour que nous lancions le projet de notre côté.» Le CEB estime que cette centrale est importante pour répondre à la demande en énergie.

Cependant, reste à savoir si le gouvernement donnera son feu vert, même pour un emprunt à hauteur de 25 %, en raison d’une forte résistance au sein du Mouvement socialiste militant sur ce projet.

HISTOIRE

Turbine à gaz : Mahen Utchanah s’y frotta et s’y piqua

Le présent scandale de turbine à gaz a connu un précédent remontant à 25 ans de cela. Ce premier scandale s’était soldé par la révocation du ministre Mahen Utchanah, un fidèle de sir Anerood Jugnauth (SAJ). Ce dernier fut lui aussi égratigné.

Mahyendrah (Mahen) Utchanah, élu comme candidat du MMM en 1982, fut l’un des hommes les plus puissants dans le Nord, surtout après la cassure du MMM en 1983.

Élu successivement aux élections de 1983, 1987 et 1991 sous la bannière du MSM, Mahen Utchanah jouait aux yeux et aux oreilles du leader Anerood Jugnauth dans la circonscription de Piton–Rivièredu- Rempart. Maîtrisant parfaitement le bhojpuri qu’il parlait avec l’accent et l’intonation des Mauriciens du Nord, Mahen Utchanah veillait à tout. Il suffisait que quelqu’un parle de mal de SAJ, pour qu’il débarque chez lui pour une opération de «bros-latet» dans un bhojpuri des plus musclés et épicés. De 1983 à 1994, Mahen Utchanah fut un véritable chérif politique dans le Nord.

Sur le plan national, de 1983 à 1994, il fut aussi un ministre très puissant, en tant que responsable du portefeuille de l’Énergie. Ce qui provoqua son malheur. En octobre 1994, le pugnace Paul Bérenger mit à jour un énorme scandale. Le ministre Mahen Utchanah avait participé à la décision du CEB d’accorder un contrat de turbine à gaz à une firme, au détriment d’une autre, qui avait soumis une offre à Rs 63 millions moins cher.

Il fut établi que les décideurs avaient manigancé pour disqualifier la firme concurrente. L’affaire éclaboussa le gouvernement, qui avait alors comme alliés les dissidents du MMM qui ont lancé en 1994 le Renouveau militant mauricien.

Pour sauver la face, le gouvernement institua un select committee présidé par Swalay Kasenally, spécialiste du dossier énergie. Ce comité établit les responsabilités du politicien dans cette affaire.Même le Premier ministre fut égratigné car il fut établi qu’à la veille de l’octroi du contrat, SAJ avait réuni à son bureau Mahen Utchanah, le directeur du CEB et un représentant de la firme qui avait décroché le contrat.

«Pa mwa sa, li sa. » Au nom de ce principe, Mahen Utchanah fut révoqué comme ministre et le MSM coupa les amarres avec celui qui fut son grand meneur dans le Nord. Mahen Utchanah restera un phénomène unique et aucun remplaçant ne parvint à obtenir son rayonnement.