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Bangladais atteints de la grippe H1N1: la faute à un manque d’hygiène

22 janvier 2019, 10:30

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Bangladais atteints de la grippe H1N1: la faute à un manque d’hygiène

Une épave de voiture, des herbes hautes et folles, des détritus. Des chiens errant dans la cour du dortoir. De l’eau stagnante dans un récipient. Et dans ce décor, sans sembler se soucier de ce qui les entoure, des travailleurs étrangers s’assoient à même le sol et continuent à nettoyer les feuilles de brèdes qu’ils vont consommer au déjeuner. Un peu plus loin, une personne éternue. Elle est entourée de ses collègues qui continuent à faire comme si de rien n’était… Ce sont des Bangladais de l’usine Tianli, mis en quarantaine dans leur résidence à Wooton et filmés par le syndicaliste Fayzal Ally Beegun dans une vidéo qui fait le tour de Facebook.

Au total, 90 Bangladais, présentant les symptômes de la grippe H1N1, se sont rendus à l’hôpital Victoria et une quinzaine d’entre eux y ont été testés positifs, avec deux dans un «état grave». Ces cas de grippe remettent sur le tapis les conditions de vie des travailleurs étrangers, les dortoirs étant de nouveau montrés du doigt.

Si plusieurs Bangladais ont attrapé le virus, la faute revient à un manque de salubrité, déclare un responsable du ministère de la Santé. «Nous ne savons pas comment ils se comportent dans leurs dortoirs. Pourtant, je sais que les inspecteurs sont allés les voir…» Il semble que vivre à plus de 100 employés dans la promiscuité demeure la raison principale de ces maux.

Justement pour un généraliste, le facteur clé demeure l’hygiène de vie. «Il faut régulièrement se laver les mains», précise le cadre du ministère de la Santé. «La grippe A (H1N1) circule partout. Elle est contagieuse», insiste ce dernier. C’est pourquoi «il faut éviter des contacts avec ceux qui souffrent déjà de la grippe, aussi banale qu’elle puisse être», prévient le généraliste.

Une quinzaine de Bangladais sont donc en quarantaine. Pourtant, Fayzal Ally Beegun se demande ce que veut dire ce terme : «J’ai rencontré ces travailleurs qui sont soi-disant en quarantaine. Ils se promènent dans la cour. Ils vont même rendre visite à leurs collègues qui se trouvent dans d’autres dortoirs !»

«Brûler les matelas»

Au ministère de la Santé, l’on considère que ce sont des «adultes, qui doivent prendre leurs responsabilités». Le syndicaliste est, lui, d’avis que le gouvernement devrait aider l’usine Tianli car il ne faut pas uniquement désinfecter les lieux. «Il faut brûler les matelas et tout nettoyer.» Pour sa part, la direction de Tianli, à travers une préposée, laisse entendre que tout est sous contrôle. «Nous allons travailler avec les ministères concernés.»

Justement, pour Fayzal Ally Beegun, les ministères du Travail et de la Santé ne jouent pas leur rôle convenablement. «Il faut qu’ils se ressaisissent.»

Par contre, au sein de ces ministères, l’on dit suivre de près cette affaire. «Comme pour toutes les grippes, nous faisons des tests. C’est après la confirmation de cette maladie que nous pouvons prendre les mesures qui s’imposent», indique le responsable du ministère de la Santé.

Si elle n’est pas traitée à temps, la grippe A (H1N1) peut engendrer des complications, surtout respiratoires. «Il ne faut donc pas la prendre à la légère», met en garde le généraliste. Toutefois, selon lui, le gouvernement a fait un excellent travail avec la gratuité du vaccin contre la grippe saisonnière. «N’empêche, nous ne pouvons forcer les gens àse faire vacciner.»

Mais qu’est-ce qui a provoqué cette soudaine poussée de grippe ? «Les gens utilisent beaucoup l’air conditionné. Ils consomment beaucoup de boissons froides et peuvent prendre un coup de froid. Et certains ne se lavent pas les mains.» Leevy Frivet, responsable de communication du ministère du Travail assure : «Nous allons initier une enquête. Et nous allons surtout nous montrer intransigeants. Il faut que tout le monde respecte la loi.» Pour lui, le gouvernement ne va pas regarder les travailleurs mauriciens et étrangers de manière différente. «Nous allons continuer à effectuer nos visites suivant les doléances que nous recevons.»


Communication difficile

<p style="text-align: justify;">À hier, il a été difficile d&rsquo;avoir des renseignements sur l&rsquo;état de santé des deux Bangladais admis à l&rsquo;hôpital Victoria. Au ministère de la Santé, la cellule de communication n&rsquo;a pu donner plus de détails sur leur état.</p>

 

Manque de suivi médical

<p style="text-align: justify;">Est-ce que les travailleurs étrangers bénéficient des mêmes droits médicaux que les Mauriciens ? Cette question reste en attente d&rsquo;une réponse. Avant d&rsquo;arriver dans l&rsquo;île, les travailleurs effectuent un test médical. <em>&laquo;Mais après il n&rsquo;y a pas de suivi. Durant leurs quatre années ici, ils n&rsquo;ont aucun suivi&raquo;</em>, explique Fayzal Ally Beegun qui les côtoie régulièrement. Le Dr Ben Veeraragoo rédige un document qu&rsquo;il présentera au ministère du Travail. Cela dans le but d&rsquo;aider les travailleurs étrangers. Ce document sera prêt d&rsquo;ici la fin de février.</p>