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Post-Brexit: Maurice signe un accord commercial avec le Royaume-Uni

21 janvier 2019, 22:00

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Post-Brexit: Maurice signe un accord commercial avec le Royaume-Uni

La Grande-Bretagne est l’un de nos plus grands partenaires commerciaux. D’où le «lobbying» de la diplomatie mauricienne pour aboutir à un accord qui garantira la continuité commerciale entre les deux pays, quelle que soit l’issue du Brexit.

C’est un aspect sur lequel insistaient beaucoup les opérateurs : préserver les acquis de Maurice sur le marché britannique. Ce, quelle que soit l’issue du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Un point qui n’a pas échappé au gouvernement puisque celui-ci signera un nouvel accord commercial post-Bexit avec le pays de Sa Majesté, le mardi 22 janvier, à Londres, par George Hollingbery, le ministre du Commerce de la Grande-Bretagne et le haut-commissaire de Maurice au Royaume-Uni, Girish Nunkoo. Les mesures qui en découleront entreront en vigueur dans l’éventualité de la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Il garantira l’accès préférentiel des produits locaux au marché britannique, soit en duty free et sans quota.

Au niveau du ministère des Affaires étrangères, l’on souligne que cet accord est le résultat d’un «lobbying intensif» de la part de la diplomatie mauricienne au sein du groupe Eastern and Southern Africa (ESA) ainsi qu’un contact régulier maintenu entre ce ministère et les dirigeants britanniques. Maurice et les pays de l’ESA exportent vers le Royaume-Uni sous l’Interim Economic Partnership Agreement (IEPA).

En 2017, le Royaume-Uni et quatre membres de l’ESA, soit Maurice, les Seychelles, Madagascar et le Zimbabwe, ont enclenché les procédures en vue de transposer l’IEPA sur un nouvel accord commercial ESA–Royaume-Uni. Celui-ci entrera en vigueur une fois que le pays de Sa Majesté aura quitté l’UE. Trois rounds de discussions ont eu lieu afin de concrétiser ce nouvel accord, en septembre 2017 ainsi qu’en février et septembre 2018. Le volet technique a été complété à l’issue de la troisième étape, aboutissant ainsi à la finalisation de l’accord.

Dès lors, Maurice obtiendra la garantie qu’il n’y aura pas de rupture de commerce avec le Royaume-Uni. Il y aura aussi plus de clarté et de prévisibilité dans les échanges commerciaux avec l’un des plus grands partenaires commerciaux de l’île. Ainsi, dans l’éventualité où le Royaume-Uni quitte l’UE le 29 mars, selon les dispositions initiales du Brexit, le nouvel accord entrera en vigueur immédiatement.

En revanche, si le Royaume-Uni obtient un délai supplémentaire de la part de l’UE pour organiser sa sortie, l’accord commercial existant sous lequel exporte Maurice – soit l’IEPA – continuera à prévaloir. Et ce, jusqu’à la sortie du Royaume-Uni de l’UE.

Les opérateurs rassurés 

Sollicitée, la directrice de la Mauritius Export Association, Lilowtee Rajmun-Joosery, se dit très satisfaite que cet accord devient réalité. «Pour nous, c’est une assurance de la continuité du commerce avec le Royaume-Uni. L’accord garantit également que nous pourrons continuer à exporter en duty free», soutient-elle. Quid des possibles perturbations que le Brexit pourrait causer à l’économie britannique ? «Nous ne connaissons pas pour l’heure la réaction de l’économie anglaise. Ce qui est important pour nous, c’est qu’il y a cette certitude commerciale. Car sans elle, nous perdons notre avantage compétitif.» Au niveau du secteur sucrier, l’on se dit également rassuré. «Le plus important pour nous est de maintenir nos accès préférentiels. Il est donc rassurant et réconfortant que les autorités aillent de l’avant avec cet accord», avance Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Syndicat des sucres, organisme chargé de la commercialisation du sucre à l’étranger. Outre cet accord commercial avec le Royaume-Uni, Maurice a également multiplié les initiatives en vue de diversifier davantage nos marchés par le biais du ministère des Affaires étrangères. L’on se souviendra, à titre d’exemple, la signature d’un accord de libreéchange avec la Chine, l’adhésion du pays au Continental Free Trade Agreement en Afrique, les négociations avec l’Inde pour la signature du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement ou notre engagement dans la Tripartite Free Trade Area qui regroupe les pays du Common Market for Eastern and Southern Africa, de la Southern African Development Community et de l’Eastern African Community.

Quelles sont les garanties ?

L’accord ESA–Royaume-Uni couvre trois chapitres : le commerce de produits, les produits de la mer et la coopération pour le développement. À titre d’exemple, au niveau du commerce de produits est garanti un accès hors taxe pour le thon, l’habillement, le sucre, entre autres, de même que des produits transformés comme les fruits, le blé, les pâtes, les biscuits, l’huile de coco ou encore la bière à base de malt.

Au chapitre «seafood», l’on trouve parmi les points saillants : une dérogation de taxe automatique sur 6 200 tonnes de thon en boîte et 341 tonnes de longes de thon pour les pays membres exportateurs de l’ESA. Ce quota doit être partagé entre les pays exportateurs, soit Maurice, les Seychelles et Madagascar.

L’accord prévoit par ailleurs un chapitre dédié à l’assistance technique de la part du Royaume-Uni dans les secteurs du développement d’infrastructures, les secteurs productifs, l’intégration régionale ou encore l’agriculture. La Grande-Bretagne a d’ailleurs retenu les services d’une firme de consultants pour identifier des projets spécifiques sur lesquels elle peut apporter son soutien.