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Dopage: la Russie espère échapper à de nouvelles sanctions de l’AMA

21 janvier 2019, 14:42

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Dopage: la Russie espère échapper à de nouvelles sanctions de l’AMA

Après avoir encore joué avec le feu, en ouvrant tardivement les portes de l’ancien laboratoire de Moscou, la Russie espère échapper in extremis mardi à de nouvelles sanctions de l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Cette nouvelle étape de l’affaire russe, qui avait explosé en juillet 2016 avec le rapport McLaren dévoilant un système de dopage institutionnel dans le pays entre 2011 et 2015, se jouera par téléconférence entre les membres du comité exécutif de l’AMA, qui représentent ses deux piliers, les gouvernements et le mouvement olympique.

Le rendez-vous est fixé à 13H00 GMT. Avec cette question: faut-il rétablir la suspension de l’agence antidopage russe, la RUSADA, au motif que les données des contrôles de l’ancien laboratoire de Moscou n’ont pas été remises aux experts de l’AMA avant la date limite du 31 décembre, mais quinze jours plus tard ?

Ce retard peut paraître dérisoire, mais il met une nouvelle fois le gendarme mondial de l’antidopage dans une position inconfortable. Car l’AMA avait promis d’être implacable si Moscou ne suivait pas à la lettre sa feuille de route, lorsqu’elle avait levé les sanctions contre la RUSADA, le 20 septembre, lors d’un précédent comité exécutif. A l’époque, les règles avaient déjà été assouplies, la Russie devant en principe ouvrir les portes de l’ancien laboratoire avant la levée des sanctions, et non après.

Or, Moscou a eu de fait un délai supplémentaire, la réunion du comité de révision de la conformité (CRC) de l’AMA, l’instance qui recommande d’éventuelles sanctions au comité exécutif, n’ayant eu lieu que les 14 et 15 janvier. C’est le moment qu’a choisi la Russie pour remettre, enfin, les données des contrôles aux experts de l’AMA. La recommandation du CRC n’a pas été dévoilée.

Entre 300 et 600 cas ?

«Le dépassement de la date limite et la mauvaise communication qui l’a entourée n’ont fait que (...) favoriser la méfiance à l’égard du système antidopage», a regretté l’agence britannique antidopage (UKAD). Porte-voix des tenants de la ligne dure, le président de l’agence américaine (USADA), Travis Tygart, avait réclamé que la RUSADA soit de nouveau suspendue.

Mais la souplesse a aussi ses partisans: «l’objectif principal, c’est d’avoir accès au laboratoire et aux données, si c’est avec quelques jours de retard, ce n’est pas la fin du monde», avait déclaré à l’AFP le premier président de l’AMA (1999-2007), Dick Pound, auteur du premier rapport sur le dopage dans l’athlétisme russe, qui avait conduit aux sanctions dans ce sport en novembre 2015.

Même si elle y échappait, la Russie resterait sous surveillance. Les experts de l’AMA vont désormais chercher à authentifier et à analyser les données des contrôles du labo, remontant à l’époque du dopage institutionnel, pour dresser une liste de sportifs passibles de sanctions disciplinaires. Et d’ici au 30 juin, l’agence mondiale compte demander à Moscou les échantillons nécessaires pour les réanalyser.

Auront-ils été conservés ? Sans altération de leur contenu pour faire disparaître des produits dopants, comme ce fut le cas dans le laboratoire de Sotchi aux Jeux olympiques d’hiver organisés dans le pays en 2014 ? D’après l’avocat canadien Richard McLaren, qui a dirigé l’enquête de l’AMA, les données des contrôles pourraient fournir «entre 300 et 600» cas.