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Avec Alexandria Ocasio-Cortez, ces élues démocrates qui inquiètent Wall Street

20 janvier 2019, 10:50

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Avec Alexandria Ocasio-Cortez, ces élues démocrates qui inquiètent Wall Street

«C’est une immense victoire»: Alexandria Ocasio-Cortez, benjamine du Congrès américain et pourfendeuse des lobbys, a vivement célébré son arrivée, en compagnie d’une cohorte d’élues progressistes, à la puissante commission financière de la Chambre des représentants. En face, Wall Street se prépare à deux ans d’intense surveillance.

«Impossible d’exagérer l’importance de ce moment», a martelé l’élue de 29 ans qui se revendique socialiste, un mot marqué très à gauche aux Etats-Unis et brandi comme une menace par les conservateurs.

«Les démocrates choisissent des élus ayant rejeté les financements de campagne venant de grandes entreprises pour siéger à la commission qui contrôle Wall Street», a-t-elle souligné sur son compte Twitter en direction de ses près de 2,5 millions d’abonnés, focalisant dès ses premières heures un immense intérêt médiatique sur cette commission d’ordinaire plus terne.

En face, les analystes de marchés scrutent de près les intentions des démocrates forts de leur nouvelle majorité à la Chambre des représentants, après huit ans de contrôle républicain.

Si le Sénat est resté dans le giron républicain, empêchant de fait l’adoption de réformes radicales, le contrôle des démocrates de la chambre basse promet au moins de rendre la vie difficile aux banquiers, avec un contrôle renforcé du secteur et de longues heures d’auditions publiques.

C’est à la suite d’un de ces «conseils de discipline» que John Stumpf, alors PDG de Wells Fargo, a dû démissionner en 2016 pour sa gestion d’un scandale de comptes bancaires fictifs.

Déjà, les symboles sont marquants.

Cible régulière des moqueries teintées de racisme du président Donald Trump, Maxine Waters, 80 ans, est la première femme et la première personne noire à prendre la tête de la commission.

Avec un avertissement au secteur financier: «Fini le temps» du détricotage par les républicains des régulations censées encadrer les grandes banques, pour éviter une nouvelle crise.

C’est parce que Wall Street était «en roue libre» que les Etats-Unis ont plongé dans la crise financière en 2008, a asséné Maxine Waters le 16 janvier lors de son premier discours de politique générale à ce poste.

«Nous craignons qu’elle renforce le contrôle des grandes banques», admet à l' AFP une source bancaire. «Il va y avoir davantage d’auditions de PDG au Congrès».

Sensation 

La moitié des nouveaux arrivants démocrates à la commission appartiennent au groupe des parlementaires se revendiquant à la gauche du parti, comme Alexandria Ocasio-Cortez.

Dont deux nouvelles élues qui, comme elle, ont fait sensation pendant la campagne: Ayanna Pressley, première femme noire à représenter l’Etat du Massachusetts à Washington, et Rashida Tlaib, première Américano-Palestinienne et l’une des deux premières femmes musulmanes.

Toutes défendent un plus grand contrôle des banques mais promettent aussi de lutter pour faciliter l’accès au crédit et au logement, tout en renforçant la diversité dans le secteur bancaire. Leurs nominations doivent encore être ratifiées par le groupe démocrate mais font peu de doutes.

«Personnellement, j’ai hâte de me pencher sur la crise de l’endettement des étudiants, (...) d’explorer les possibilités de développement de la banque publique et postale», a écrit Alexandria Ocasio-Cortez.

«Banque publique»: deux mots qui hérissent Wall Street.

Mais «ce n’est pas Cortez qui va fixer le programme de la commission», c’est Maxine Waters qui y siège depuis 1991, tempère une seconde source bancaire.

«Nous ne sommes pas d’accord avec (Maxine Waters) sur de nombreux points» mais «nous la connaissons et elle nous connaît», poursuit cette source. «Nous pouvons travailler sur des propositions de consensus entre démocrates et républicains».

Maxine Waters a annoncé dès vendredi l’introduction d’un projet de loi pour lutter contre les délits d’initiés, présenté par des élus démocrate et républicain.

L’alliance des élues démocrates progressistes va jusqu’au Sénat, où elle peuvent compter sur un atout de premier plan: Elizabeth Warren, entrée récemment dans la course à la présidentielle de 2020.

Même si elle est cantonnée dans l’opposition, la sénatrice de 69 ans a construit sa réputation en pourfendant les errements de Wall Street où elle est à la fois crainte et détestée. Siégeant à la commission financière du Sénat, elle questionne sans relâche banquiers et membres du gouvernement.

«Avec la majorité républicaine au Sénat, le meilleur espoir pour Waters ces deux prochaines années, c’est de maintenir les questions financières sous les projecteurs en espérant qu’elles influenceront l’élection», souligne Chris Low, analyste chez FTN.

Compter sur quelqu’un d’aussi médiatique qu’Alexandria Ocasio-Cortez «renforce cet objectif».