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Incendie d’un oléoduc au Mexique : au moins 66 morts et 76 blessés

20 janvier 2019, 08:30

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Incendie d’un oléoduc au Mexique : au moins 66 morts et 76 blessés

Au moins 66 personnes ont été tuées et 76 blessées dans l’incendie d’un oléoduc où des habitants venaient voler de l’essence sur une fuite, dans le centre du Mexique. L’incendie s’est produit dans la localité de Tlahuelilpan, à environ 100 km au nord de Mexico. 

«Le bilan que nous avons obtenu il y a quelques minutes à peine est de 66 personnes mortes et 76 blessées», a déclaré ce samedi le gouverneur de l’Etat de Hidalgo où s’est produite la catastrophe, Omar Fayad. Il s’exprimait lors d’une conférence de presse à Mexico, où il a rencontré le président mexicain Andrés Manuel López Obrador.

Il s’agit d’une des plus meurtrières explosions d’oléoduc dans le monde depuis 25 ans.

Une fuite sur un oléoduc avait attiré des dizaines d’habitants venus récupérer du carburant munis de seaux et jerrycans. Deux heures après la fuite «nous avons appris qu’il y avait eu une explosion», a expliqué le gouverneur. «Les flammes étaient en train de dévorer tout ce qui se trouvait aux alentours» de l’oléoduc.

Une enquête sera menée sous l’autorité du procureur général, a déclaré pour sa part López Obrador, qui s’est rendu sur les lieux samedi matin. «On sait que c’était un prélèvement clandestin et que les autorités compétentes s’en occupaient déjà», a indiqué Omar Fayad, à la télévision locale Foro TV.

Peu avant le drame, on pouvait voir des gens marcher à travers champs munis de récipients vers un grand geyser de carburant sous le regard indifférent de soldats. Quelques heures plus tard, des images du feu ont montré des personnes terrifiées s’enfuyant et appelant à l’aide en hurlant, d’autres présentant des corps calcinés étendus sur le sol à la nuit tombée.

«Je suis juste allé voir ce qu’il se passait et l’explosion s’est produite. J’ai couru pour aider les gens», a témoigné Fernando Garcia, âgé de 47 ans. «J’ai dû passer au travers des restes de personnes qui avaient été complètement brûlées». Vers minuit vendredi, le ministre de la Sécurité du gouvernement fédéral Alfonso Durazo a annoncé que l’incendie était maîtrisé.

La compagnie pétrolière nationale Pemex, de son côté, a indiqué qu’un autre incendie s’était déclaré sur une prise illégale de pétrole pratiquée sur un oléoduc dans une zone désertique de l’Etat de Queretaro (centre) mais qu’il n’y avait pas de victime ni de risque pour la population.

Vols de carburant 

Ces accidents surviennent alors que le gouvernement met en oeuvre une stratégie nationale contre le vol de carburant, un délit qui a fait perdre quelque 3 milliards de dollars en 2017 à l’Etat mexicain. Plus de 10 000 siphonnages ont été enregistrés cette même année sur les canalisations de Pemex, selon des chiffres officiels.

Certains gangs ou de simples familles volent ainsi du pétrole qu’ils revendent ensuite au marché noir, notamment dans l’Etat de Puebla (centre), épicentre du phénomène connu sous le nom de «Huachicol». Autour de cette pratique illégale s’est même développée une culture locale avec chansons populaires et figures religieuses portant un bidon et un tuyau en plastique. Dans certains secteurs, des stations-service officielles distribuent même du carburant volé.

Pénurie

Depuis deux semaines, plusieurs oléoducs ont été fermés par le gouvernement qui cherche à stopper ces vols. Cette stratégie a provoqué une pénurie de carburant dans une dizaine d’Etats du pays, dont la capitale, où de longues files d’attentes étaient visibles devant les stations d’essence, même si la situation revenait peu à peu à la normale à Mexico, grâce à des livraisons par camion.

Sur les lieux du drame à Tlahuelilpan, plusieurs personnes ont incriminé ces pénuries: «Beaucoup de gens sont arrivés avec leurs jerrycans en raison de la pénurie d’essence que nous avons connue», a déclaré Martin Trejo, âgé de 55 ans, qui recherchait désespérément son fils venu récupérer du pétrole sur la fuite. Il a également vivement fustigé l’incapacité de l’armée à empêcher les pillages de carburant: «Ces vies auraient été épargnées si (l’armée) avait fait son travail en empêchant les gens d’approcher. Mais non, ils n’ont rien fait».

Selon les autorités, les criminels bénéficient de complicités au sein de l’entreprise nationale. Le président a indiqué la semaine dernière que l’ancien chef de la sécurité de la société faisait actuellement l’objet d’une enquête pour vol de carburant.