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Shilpa Rumjeet: classée parmi les 25 jeunes scientifiques les plus remarquables

19 janvier 2019, 16:13

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Shilpa Rumjeet: classée parmi les 25 jeunes scientifiques les plus remarquables

La Mahébourgeoise d’origine concourait aux côtés de 735 participants issus de 100 pays. De passage à Maurice pour des vacances, l’habitante de Cape Town raconte comment elle a décroché le Green Talent Award décerné par un ministère allemand.

Consécration. La jeune scientifique mauricienne Shilpa Rumjeet, coordonnatrice d’un important projet de bioraffinage en Afrique du Sud, a été désignée parmi les 25 plus remarquables jeunes scientifiques en développement durable lors d’un concours organisé par le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la recherche.

«Un séjour de trois mois en Allemagne cette année auprès d’une institution disposée à les aider.»

Shilpa Rumjeet que nous avons rencontrée alors qu’elle était en vacances à Maurice en décembre dernier, a, en début d’année, regagné Cape Town où elle vit et travaille. Cette femme de 28 ans est affectée au Centre for Bioprocess Engineering Research (CeBER) tombant sous le département de génie chimique de l’université de cette ville sud-africaine. Elle y est heureuse car là, elle peut cumuler application et recherches.

Son prix, le GreenTalent Award, qui a fait d’elle une des 25 plus remarquables jeunes scientifiques au monde, ne lui est assurément pas monté à la tête. Elle n’a qu’une envie, c’est poursuivre ses recherches et mener à bien son projet de bio-raffinage à partir d’eaux usées provenant de la fabrication de pulpe de papier dont le financement prend fin en 2020.

Cette jeune femme est originaire de Mahébourg. Elle a toujours été passionnée par la chimie. Elle l’explique par le fait que ses parents viennent d’un milieu scientifique. Son père, diplômé en zoologie, est Acting Divisional Scientific Officer au ministère de la Pêche et sa mère, après des études secondaires en science, a choisi de poursuivre des études supérieures en ressources humaines et occupe à présent le poste d’assistante-manager au département des ressources humaines de l’aviation civile.

C’est au Lorette de Curepipe que Shilpa Rumjeet fait ses études secondaires, se découvrant une passion insatiable pour la chimie et les matières scientifiques en général. Ayant un cousin qui étudie le génie électrique en Afrique du Sud, plus précisément à Cape Town, elle décide de lui emboîter le pas. Sa demande d’admission auprès de l’université de Cape Town en vue d’étudier pour obtenir une licence en génie chimique est acceptée.

Le génie chimique, explique-t-elle, englobe tous les processus permettant de fabriquer un produit à partir de matières premières. Elle axe son mémoire après sa quatrième année d’études sur le bio-raffinage, qui consiste à formater la biomasse pour la production de bio-fuel et de biomatériel, tout en traitant la biomasse pour qu’au final, on en obtienne de l’eau et du dioxyde de carbone, produits qui peuvent être recyclés ou utilisés biologiquement.

C’est en préparant son mémoire qu’elle rencontre le professeur Sue Harrison, directrice du CeBER, qui l’encourage à pousser les études plus loin en vue de décrocher une maîtrise. Shilpa Rumjeet n’a pas besoin de se faire prier. Sue Harrison accepte d’être son superviseur. Son projet de maîtrise, qui relève d’une évaluation techno-économique, porte sur les traitements biologiques destinés à générer du bioplastique. Avec un kilo de biomasse, explique-t-elle, il est possible de générer entre 25 et 50 % de bioplastique. «J’ai cherché quels éléments influencent les coûts de production du bioplastique et j’ai trouvé que l’on peut utiliser une source de carbone usé, dérivée par exemple de l’agro-industrie ou de l’industrie alimentaire, pour décroître les coûts des matières premières dans la production du bioplastique.»

Elle décroche sa maîtrise haut la main et regagne alors Maurice. Pendant six à sept mois, elle travaille pour une start-up engagée dans la production de biogaz à Moka. Mais la recherche lui manque. Heureusement pour elle, le professeur Harrison la contacte et lui propose un emploi en tant que coordonnatrice sur un projet de bioraffinage à partir d’eaux usées dérivées de la fabrication de pulpe de papier. Plusieurs agences financent ce projet d’envergure dont la Water Research Commission d’Afrique du Sud.

Le professeur Harrison dirige cette recherche menée par six à sept étudiants de maîtrise et de doctorants alors que Shilpa Rumjeet effectue l’analyse de la littérature, tout en incorporant les travaux des étudiants concernés et rédige aussi les rapports intérimaires à soumettre par rapport au projet. En septembre dernier, Shilpa Rumjeet a même été déléguée pour présenter ce projet lors d’une conférence internationale organisée par l’European Society of Biochemical Engineering Science, qui s’est tenue à Lisbonne au Portugal.

Ayant eu vent que le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la recherche organise annuellement et depuis dix ans un concours international lié au développement durable et intitulé Green Talents : International Forum for High Potentials in Sustainable Development, elle décide de s’y inscrire en son nom personnel pour présenter le projet de bio-raffinage des eaux usées dérivées de la fabrication de pulpe de papier, tout en créditant le CeBER pour l’aboutissement de ce projet. Le but de ce concours est d’identifier des jeunes scientifiques au potentiel remarquable par rapport au développement durable. Les critères d’éligibilité étant qu’il faut être au moins détenteur d’une maîtrise et avoir complété ses études supérieures trois ans avant sa participation au concours.

Shilpa Rumjeet est recommandée par la directrice du CeBER. Elle et les 735 autres participants issus de 100 pays doivent écrire plusieurs essais et expliquer en quoi leur projet de recherche est lié au développement durable. Après avoir soumis son travail, elle n’est pas peu fière d’apprendre qu’elle fait partie des 25 jeunes scientifiques ayant obtenu le Green Talent Award. Elle et les autres gagnants ont été invités entre les 13 et 27 octobre 2018 à rencontrer des experts dans leurs domaines respectifs dans plusieurs villes d’Allemagne et ont finalement reçu leur trophée à Berlin. La deuxième partie du prix est un séjour de trois mois en Allemagne cette année auprès d’une institution disposée à les aider à poursuivre leurs recherches et les emmener à un niveau supérieur. Mais la scientifique mauricienne doit d’abord établir les contacts appropriés pour pouvoir prendre avantage de cette bourse entièrement financée par le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la recherche. Cela se fera au cours des prochains mois.

Pour Shilpa Rumjeet, le fait d’avoir obtenu le Green Talent Award est assurément un plus pour le CeBER.