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Mico Ramsamy: «Les Agaléens craignent d’être déportés comme les Chagossiens»

19 janvier 2019, 16:06

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Mico Ramsamy: «Les Agaléens craignent d’être déportés comme les Chagossiens»

Nicol Mico Ramsamy, bientôt 65 ans, est un natif d’Agalega. L’Assistant Terminal Superintendent au port constate avec déception que les autorités montrent peu de considération pour les Agaléens.

«C’est une très bonne chose que les autorités fassent entreprendre des travaux pour doter Agalega d’infrastructures. Cela permettra une amélioration de la qualité de la vie dans l’île. Mais pourquoi n’informe-t-on pas les Agaléens des développements prévus dans leur lieu de vie ?» déclare Mico Ramsamy quand il est interrogé sur les projets en cours de réalisation à Agalega.

L’ex-membre du conseil d’administration de l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) est sidéré par le manque de considération affiché par Port-Louis à l’égard des résidents de l’île éloignée. «Les Agaléens doivent être informés des développements dans leur île, c’est un droit», s’insurge notre interlocuteur.

Mico Ramsamy trouve inacceptable l’attitude des autorités envers les Agaléens. «Le gouvernement affiche envers les Agaléens le même mépris que les Britanniques montraient à l’égard des Chagossiens dans les années 60», regrette le natif d’Agalega.

Il explique que les résidents de l’île ont des raisons de s’inquiéter. «Des familles voyant arriver des ouvriers indiens qui balisent les terrains sont conscientes qu’elles seront peut-être invitées à s’installer ailleurs. Les Agaléens craignent d’être déportés comme les Chagossiens. » Et Mico Ramsamy de rappeler que depuis des années, les Agaléens attendent les baux pour les terrains où ils habitent.

Pourtant, dit l’ancien administrateur de l’OIDC, Agalega a un fort potentiel de développement touristique, agricole ou halieutique. Le cadre magnifique d’Agalega, bien aménagé, plaira aux touristes, tout comme les eaux très poissonneuses peuvent contribuer positivement au développement du secteur de la pêche.

Le natif d’Agalega regrette que les autorités n’aient jamais informé la population du plan de développement de leur île. «Si les projets sont dans l’intérêt des Agaléens, pourquoi on ne leur en parle pas ?» se demande Mico Ramsamy.

Il sillonne les îles

Mico Ramsamy a aujourd’hui une grande connaissance des îles éloignées. Après ses études secondaires à Maurice, le natif d’Agalega entend l’appel des lieux de son enfance. Il prend de l’emploi à Saint- Brandon et y reste trois ans. Par la suite, il passe un peu plus d’un an dans la marine et sillonne les îles.

Dans les années 70, l’Agaléen s’arrête dans le port. Inévitablement, il est pris dans le mouvement dominant de l’époque. Le jeune homme venu des îles s’engage dans le syndicalisme au sein de la Port-Louis Harbour and Docks Workers Union et intègre le Mouvement militant mauricien (MMM). Il milite sur le terrain durant les années de braise.

Une décennie plus tard, Mico Ramsamy est nommé au conseil d’administration de l’Outer Islands Development Corporation. Il y reste jusqu’en 1991 quand il en démissionne pour se porter candidat aux élections municipales.

Élu au conseil de la capitale, l’habitant de Bain-des-Dames à Cassis se met au service de son quartier et de sa ville. Cependant, découragé par la scission au MMM en 1993, le militant raccroche. Il fait une croix sur son engagement politique et se concentre sur son travail.

Dans le port, Ramsamy avait commencé à la base. Il s’est adapté à la modernisation portuaire et a gravi les échelons pour être aujourd’hui Assistant Terminal Superintendent. Et à la fin de l’année, ce sera la retraite.

L’Agaléen a-t-il un projet post-retraite ? «Je n’en ai aucun en particulier, mais je serai toujours partant pour contribuer au développement de mon île au profit de ses habitants», répond Mico Ramsamy.