Publicité

Résultats détaillés non-publiés: que cache le MES?

18 janvier 2019, 21:59

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Résultats détaillés non-publiés: que cache le MES?

Est-ce que le Mauritius Examinations Syndicate (MES) rendra publics les résultats détaillés du School Certificate (SC) pour la cuvée 2018 ? C’est la question qui se pose suivant la non-publication des résultats de ceux ayant pris part à ces examens l’an dernier. L’express a appelé l’organisme concerné pour savoir si les statistiques des derniers examens seront disponibles. Nous devions apprendre que le MES travaillait dessus. Ces chiffres seront-ils rendus publics ? On ne le saura pas. À 19 heures, hier, jeudi 17 janvier, ils ne l’étaient toujours pas.

Il nous revient, par ailleurs, que les données sont compilées par Cambridge, et non le MES. Et chaque collège reçoit un relevé par rapport au taux de réussite et d’échec, en général, et dans chacune des matières offertes. Une situation que l’ancien ministre de l’Éducation, Steve Obeegadoo, a déplorée lors d’une conférence de presse à Port-Louis, hier. «De 2005 à 2010, le taux de réussite tournait autour de 79 % alors que maintenant il est inférieur à 72 % (voir le tableau plus bas). La situation est grave et alarmante. On espère que le ministère aura le courage de publier ces résultats.»

En effet, Steve Obeegadoo est d’avis que c’est à la demande du ministère de tutelle que les résultats du SC pour la cuvée 2018 n’ont pas été rendus publics. Sollicité, un officier du ministère fera ressortir que le MES a toujours fonctionné en toute indépendance, et que la décision de publier ou pas les résultats revient à celui-ci. Dans les milieux concernés, on décrie aussi le fait que les résultats détaillés du SC pour la cuvée 2017 avaient été publiés brièvement sur le site web du MES, l’année dernière, avant d’être enlevés.

Mauvaise performance

Les différentes parties prenantes sont toutes unanimes à dire qu’une seule chose pourrait expliquer cette situation: les résultats sont mauvais. «Au cas contraire, les autorités auraient tap lestoma. Il doit forcément avoir un problème que le public ne doit pas savoir. Tout parent a le droit de savoir quelle est la performance du collège que fréquente son enfant», déclare Raffick Soobadar, président de la Managers of Private Secondary Schools Union.

Basheer Taleb, président de la Fédération des managers des collèges privés, est aussi d’avis que ce sont les mauvais résultats des élèves qui font que les résultats ne sont plus publiés. «Les autorités ne veulent pas alerter le public par rapport au nombre d’élèves qui n’auront pas d’admission en Grade 12. Pour la cuvée 2017, 50 % des candidats n’avaient pas décroché de ‘credits’ dans des matières telles que les mathématiques, l’anglais et le français. Même si les résultats ne sont pas satisfaisants, il faut le dire», maintient-il.

Soondress Sawmynaden, président de l’association des recteurs des collèges d’État, estime, pour sa part, que «c’est le devoir moral du MES et du ministère de publier les résultats détaillés car, cela nous donne aussi l’occasion de réfléchir à ce qu’on peut faire de mieux. Ce n’est pas impossible de faire un élève obtenir cinq ‘credits’ (critère qui devrait être appliqué à partir de 2020, pour monter en Grade 12, NdlR). Mais pour cela, il faut qu’on sache quelles sont les difficultés et quelles mesures correctives apporter.»

Grade 12 : un minimum de 4 «credits» requis

Le ministère de l’Éducation est catégorique : les élèves ayant réussi le SC doivent avoir 4 credits pour passer en Grade 12. Une lettre circulaire fait le tour des collèges depuis mardi. Suite à cette mesure, nombreux sont ceux qui risquent d’être recalés.

«L’UPSEE est contre cette décision car beaucoup d’élèves ne pourront plus poursuivre leurs études secondaires,étant à leur seconde tentative», déplore Munsoo Kurrimbaccus, secrétaire-général de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE). Il avance que cette décision pourra impacter la fermeture de plusieurs collèges privés. «D’ici la semaine prochaine, l’UPSEE protestera contre cette décision. Il faut trouver d’autres solutions pour que les élèves qui sont académiquement faibles puissent avoir droit au HSC comme les autres.»

Rafick Soobadar abonde dans le même sens. «Bientôt les universités seront désertes car sans le Higher School Certificate, des élèves ne pourront pas envisager d’études supérieures», martèle-t-il. Il lance un appel au ministère de laisser les élèves avec 3 credits continuer leurs études secondaires.

Au niveau de l’association des recteurs, Soondress Sawmynaden, le président, dit qu’il est d’accord avec cette décision. «Je suis sûr que les élèves peuvent avoir 5 credits avec le système éducatif et les facilités qui leur sont proposées, souligne-t-il. Cependant, il dit qu’il faut élargir les choix des matières pour le SC. «Des fois, les élèves n’aiment pas la combinaison de matières qui leur sont offertes.» Il fait aussi savoir que le marché du travail exige un minimum de 5 credits à ceux qui cherchent de l’emploi.

Preety Ramjutton, présidente de la Government Secondary School Teachers Union, est du même avis. «Je vois cela comme une motivation. Les élèves seront obligés de travailler plus dur.»