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La bataille du Brexit va reprendre au Parlement britannique

7 janvier 2019, 18:07

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La bataille du Brexit va reprendre au Parlement britannique

Les vacances parlementaires terminées, la Première ministre Theresa May replonge cette semaine dans les affres du Brexit et tentera une nouvelle fois de convaincre les députés britanniques de ne pas enterrer l’accord de sortie de l’UE conclu avec Bruxelles.

Les députés reprendront mercredi l’examen de ce texte âprement négocié, mais dont l’adoption semble très compromise.

Le texte est vilipendé tant par les «Brexiters», qui craignent une forme d’arrimage permanent à l’UE, que par les europhiles espérant encore pouvoir faire machine arrière. Il fera l’objet dans l’après-midi d’une question urgente à la chambre des Communes, posée par l’opposition travailliste.

Initialement prévu le 11 décembre, le vote sur l’accord avait été reporté à la dernière minute par Theresa May pour éviter une défaite annoncée.

Sans accord au jour du Brexit, le 29 mars, le Royaume-Uni mettra fin de manière désordonnée à plus de quatre décennies d’appartenance à l’UE, un scénario redouté par les milieux économiques.

Selon la BBC, les députés se prononceront le 15 janvier, mais Downing Street n’a pas confirmé.

Alors que la presse a évoqué ces derniers jours un possible nouveau report du vote, Theresa May a assuré qu’il aurait bien lieu la semaine prochaine, mettant en garde dimanche sur la BBC contre les conséquences imprévisibles que pourrait susciter un rejet de l’accord.

«Si l’accord n’est pas voté (...), nous nous retrouverons alors en terrain inconnu (...) Je ne pense pas que quiconque puisse dire exactement ce qui pourrait alors se passer», a-t-elle dit.

«Pas de négociations» 

Pour tenter d’amadouer les députés, Theresa May a indiqué que le Parlement pourrait jouir d’un rôle plus important dans les négociations à venir sur la future relation commerciale entre Londres et les 27.

Elle a également évoqué des mesures, sans en préciser la nature, concernant l’Irlande du Nord, une manière de tendre la main au parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP, dont le soutien lui est indispensable pour obtenir la majorité absolue au Parlement.

«Jusqu’à présent, les problèmes fondamentaux qui font de cet accord un mauvais accord ne semblent pas avoir été réglés», a souligné dimanche le député du DUP Nigel Dodds, qualifiant de «poison» une disposition du texte destinée à empêcher le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord.

Ce «filet de sécurité» prévoit la création d’un «territoire douanier unique» englobant l’UE et le Royaume-Uni, avec un alignement plus poussé pour l’Irlande du Nord.

La dirigeante a indiqué qu’elle continuait à travailler avec Bruxelles pour obtenir des assurances susceptibles de convaincre les députés, après s’être déjà entretenue avec des dirigeants européens durant la période de Noël, notamment ceux de la France, de l’Allemagne et de l’UE.

«Comme toujours, cela a été constructif», a déclaré un porte-parole de Mme May lundi.

Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a toutefois répété qu’il n’y avait «pas de négociations, parce que tout ce qu’on a sur la table c’est ce que nous considérons comme donné, acquis, et approuvé».

L’opération de persuasion s’annonce particulièrement ardue pour Theresa May, dont l’autorité a été sérieusement entamée en décembre après un vote de défiance organisé au sein de son propre parti, auquel elle n’a survécu que péniblement.

Signe des divisions, 209 députés de tous bords ont écrit à Theresa May pour lui demander d’exclure l’option d’un «no deal».

A l’opposé, l’ex-chef de la diplomatie britannique Boris Johnson, héraut du Brexit, a affirmé dans le Telegraph qu’un Brexit sans accord correspondait «au plus près» au vote des Britanniques pour la sortie de l’UE lors du référendum de 2016.

Alors que la date du Brexit se rapproche à grands pas, le gouvernement accélère les préparatifs en prévision d’une éventuelle sortie sans accord.

Lundi, un test logistique grandeur nature impliquant 89 camions a été organisé à partir d’un aéroport désaffecté du Kent (sud-est de l’Angleterre) pour évaluer comment éviter les embouteillages qui accompagneront la restauration de contrôles douaniers.

Et même si l’accord recevait le sceau des députés, le casse-tête ne serait pas fini pour autant. Selon la presse, les parlementaires pourraient avoir à siéger durant les week-ends et les vacances de février pour adopter dans les temps la législation nécessaire à la mise en oeuvre du Brexit, ce que Downing Street n’a pas démenti.