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Économie: la vérité sur le taux de croissance

7 janvier 2019, 16:31

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Économie: la vérité sur le taux de croissance

Pour Ramesh Basant Roi, les perspectives de croissance du gouvernement ne sont pas plausibles. Dans une analyse de la croissance, l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice lance un appel aux politiciens leur demandant ne pas écouter ce qui leur plaît, mais de se rendre compte que nous ne sommes pas loin de la crise économique. Nous avons profité de notre bonne étoile sans avoir su créer et promouvoir des activités porteuses de croissance durable.

Le taux de croissance de 4 % du produit intérieur brut (PIB) est impossible. La «nouvelle norme» serait plutôt 3,6 %. Les prévisions de MCB Focus et Statistics Mauritius restent bien plus plausibles que les ambitions proclamées du gouvernement. Ramesh Basant Roi explique :

Les chiffres de croissance, qui sont une agrégation de revenus dans une économie sur une période spécifique, normalement 12 mois, sont des estimations et le restent. L’exactitude est impossible. Ces chiffres peuvent être contestés, tant que les arguments apportés font sens.

Énormes déficits

Le Metro Express peut influer sur le calcul du PIB. Notamment, si l’on prend en compte tout ce qu’il coûte en matière d’importations. Il faut ajouter à cela les exportations qui diminuent. D’un côté de l’économie, nous avons une dette externe pour le métro, à rembourser et de l’autre, un bien, le métro, qui est en construction. Mais aucun Mauricien n’a obtenu de revenu dans la production et l’acquisition de ce bien. C’est donc une aberration de dire que le PIB mauricien a augmenté. L’argument du métro comme moteur de croissance ne résiste pas à l’analyse de Ramesh Basant Roi et au modèle qu’il applique.

Notre économie est totalement liée au commerce extérieur. Des économistes locaux, aujourd’hui à des postes de décisions politiques, veulent faire gonfler la demande. Hélas, la stimulation de la demande, en boostant la consommation, n’entraîne pas un gonflement de la production et de l’emploi à Maurice. La taille du marché ne le permet pas. Notre économie est sujette à d’énormes déficits et au manque de monnaies étrangères. Pour consommer, on importe. On fait d’ailleurs tout pour maintenir un taux de change pour favoriser ces dépenses et donc ce déséquilibre. Donc, dire que de plus hauts niveaux de dépenses de consommation entraîneront une hausse de la croissance du PIB ne tient pas.

À cela s’ajoute la prise en compte des revenus liés à l’offshore dans le calcul de la croissance. Il semble que Statistics Mauritius ne les inclut pas. Si le gouvernement voulait revoir le système de compilation des données offshore, on risque de se retrouver avec un taux de croissance bien inférieur à celui de 3,8 %, si ce n’est pas inférieur à 3 %. Ces revenus liés à l’offshore ont baissé. Si les revenus générés par l’offshore n’étaient pas pris en compte alors qu’ils étaient élevés, avant 2018, les considérer aujourd’hui, alors qu’ils sont bien moindres, ferait que le taux de croissance serait inférieur. Une petite hausse de la contribution venant du secteur offshore comparativement à une plus grande contribution l’année précédente donnerait un taux de croissance plus faible.

En parallèle, les statistiques monétaires révèlent une contraction de la valeur des échanges interbanques en devises sur les six derniers mois s’achevant à novembre 2018. De plus, les réserves de devises étrangères ont cessé de croître au niveau de la Banque centrale.

En résumé, l’obsession d’un taux de croissance illusoire de 4 % et les acrobaties de calcul pour s’y accrocher sont un danger pour l’économie du pays.


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