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Braille : Zoé malvoyante, réussit brillamment aux examens…

6 janvier 2019, 16:03

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Braille : Zoé malvoyante, réussit brillamment aux examens…

Le braille représente un espoir pour les jeunes malvoyants et non-voyants. Zoé, 13 ans; et Jade, 7 ans, ont ainsi pu reprendre leur apprentissage scolaire. Comment cette méthode s’intègre à leur vie ? Quelles facilités et difficultés existent au niveau de la pédagogie et des examens ? Le point à l’occasion de la Journée mondiale du braille, célébrée le 4 janvier.

«Je suis contente. J’ai travaillé dûr. J’apprenais à la maison. Le braille m’a aidé à avancer», lâche Zoé, 13 ans, malvoyante. L’adolescente vient tout juste de passer les examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC). Résultats : 17 unités. Ce qui fait la fierté de Micaëlla, sa maman : «Après une opération, Zoé a perdu la vue au niveau de l’oeil gauche. Le médecin nous disait qu’elle serait aveugle à 8 ans. Mais ma fille s’est battue. Il n’y avait que deux enfants malvoyants prenant part au PSAC et elle a réussi».

Durant les mois écoulés, mère et fille ont redoublé d’efforts à l’école comme à la maison. Zoé a ainsi beaucoup travaillé sur ses cours et son ardoise en braille, sous le regard et le soutien de sa maman : «Le braille l’a largement aidé. Elle s’est vite adaptée à cette technique au centre Loïs Lagesse, où il a fallu refaire trois années de scolarité après une école régulière», raconte Micaëlla. Au fil de son apprentissage, elle a développé un engouement pour les mathématiques à l’aide de machines spécialisées.

 

Comme elle, Jade, 7 ans, connaît également ces défis. La petite a perdu la vue vers 2 ans et demi, après une lourde maladie. «J’ai dû abandonner mon travail. Nous avons eu pas mal de complications. Mais Jade est une battante. Elle a commencé le braille à la maternelle, notamment avec l’alphabet. Elle a continué ses efforts et est très brillante, éveillée et retient énormément les connaissances », confie Joanie, sa maman. Étudiant à l’école Loïs Lagesse, elle démarre bientôt son programme de Grade I. Outre sa pratique sur une machine dotée de sept touches en braille, Jade s’adonne parallèlement à la lecture audio, notamment les contes de Marie K Luna et de Marlène Jobert.

 

Ce quotidien n’est pas uniquement celui des parents et enfants malvoyants ou aveugles. En effet, il est également au coeur de l’enseignement. Sheila Seetaram est professeur de braille au sein de l’association Lizie dan lamain depuis plus de 25 ans. Elle initie les enfants à partir de l’âge de 4 ans à cette technique. «Le braille est un passeport pour leur scolarité. Grâce à cette méthode, les enfants peuvent apprendre l’alphabet, acquérir les connaissances, prendre part aux examens. Cela aide ainsi les personnes aveugles à s’intégrer dans la société », indique-t-elle. Formée en France, elle a inculqué le braille à bon nombre de jeunes et d’adultes.

 

En sus de l’enseignement régulier, Sheila Seetaram aide aussi à la transcription pour les examens internes. Pour le PSAC et autres examens comme ceux du School Certificate et de la Higher School Certificate, la responsabilité incombe au Mauritius Examinations Syndicate (MES), soutient notre interlocutrice. Elle explique que les questionnaires sont retranscrits en braille pour les élèves aveugles et imprimés en grand format (large sheet) pour ceux qui sont malvoyants.

 

Dans certains cas, ils peuvent bénéficier de l’assistance d’un «reader», une personne qui lit les questions lors de l’examen. Selon Sheila Seetaram, trois enfants malvoyants ou aveugles viennent de prendre part à ces épreuves et ont réussi. Ces examens se tiennent généralement dans les écoles spécialisées comme Lizie dan lamain ou Loïs Lagesse, alors convertis en centres d’examen. Au cycle secondaire, les enfants sont alors intégrés dans les collèges. Ces établissements se chargent alors de la tenue des examens avec l’aide du MES, ajoute notre interlocutrice.

En dépit de ces avancées, Sheila Seetaram souligne qu’il manque des facilités pour mieux intégrer l’apprentissage à travers le braille : «Il n’y a pas de bibliothèques en braille. De plus, tout est informatisé aujourd’hui. Il y a des ordinateurs dotés de synthèses vocales et de claviers en braille. Il faut travailler dessus». Un travail qui a déjà commencé, déclare Armoogum Parsuramen, président de la Global Rainbow Foundation. Sur le plan technologique, 25 ordinateurs équipés de logiciels gratuits ont été offerts à des enfants dans cette situation. De plus, un accord a été conclu pour la provision de Bookshare, une bibliothèque où les aveugles auront accès à 700 000 ouvrages qui pourront aussi être imprimés en braille. Celui-ci sera renouvelé cette année.

«Le braille a considérablement aidé les enfants sur le plan éducatif. D’autres dispositifs technologiques sont à introduire pour les soutenir davantage», déclare- t-il. Il évoque notamment Show Down, du tennis de table pour les aveugles. Dans ce cas, les balles contiennent des billes pour l’adaptation au jeu. Une bibliothèque mobile en braille sera également bientôt lancée par la Global Rainbow Foundation, conclut notre interlocuteur. Certes, une mesure sur laquelle les regards seront braqués pour plus d’avancée éducative pour les enfants.