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Dr Patrick Chui Wan Cheong: «La médecine, mon choix de vie»

4 janvier 2019, 10:30

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Dr Patrick Chui Wan Cheong: «La médecine, mon choix de vie»

 

Cinquante ans dans la vie d’un homme c’est long. Et 50 ans dans la vie d’une clinique privée c’est comment ?

Cinquante ans peuvent paraître longs en effet, mais pour moi, ces années se sont écoulées si vite que 50 ans finalement ne me paraissent pas un si long parcours. Je me rappelle encore mes débuts et c’est le Dr François Darné qui m’avait alors inspiré pour épouser le métier de médecin. À l’époque je lui avais dit que moi aussi je voulais devenir médecin et avec son aide et celle de l’ancien évêque Mgr Daniel Liston, qui était un Irlandais, j’ai pu me rendre en Irlande pour mes études de médecine.

 Par la suite, rentré à Maurice, j’ai travaillé dans le service public, étant spécialisé dans la pédiatrie et la médecine tropicale. J’étais en charge des hôpitaux de Moka et de Montagne-Longue. J’y suis resté trois ans avant de reprendre mes études et c’est là qu’a germé l’idée d’une clinique privée...

Comment démarre-t-on une clinique privée en 1968 ?

 1968 n’était pas vraiment une période propice à lancer une clinique privée, surtout à Plaine-Verte. J’habitais Port-Louis et je ne connaissais que trop bien la pression qui pesait sur l’hôpital public qui, à cette époque, était toujours bondé. Il y avait la nécessité d’avoir une clinique.

 

Avec l’argent que j’ai pu économiser en travaillant dans le public, j’ai acheté un petit bâtiment en bois à Plaine-Verte, qui a ensuite été démoli pour la construction de la clinique. À l’époque une autorisation des autorités était suffisante.

 

Avec le soutien de mon épouse, j’ai fini par me lancer. Elle gérait mes finances car je n’avais pas d’argent, mes économies mises à part. Mes parents avaient 14 enfants.

Vous avez commencé à Plaine-Verte. Comment s’est passée cette cohabitation, surtout lors des émeutes des années 60 ?

Pendant cette période, il n’y avait pas vraiment de travail contre rémunération, il y avait des blessés et moi j’étais là pour les aider. La clinique n’était pas encore officiellement ouverte en 1968 mais nous avions l’espace et les équipements. Je n’avais pas d’employés, d’infirmiers ou encore d’autres médecins car les gens avaient peur de s’aventurer dans les rues de Plaine-Verte (...) C’était une période sombre que j’espère ne se reproduira plus jamais...

Vous avez aussi délocalisé votre City Clinic Group, quelle aura été votre stratégie de développement ?

J’ai construit la clinique comme ma réputation, petit à petit. En 1969 j’avais 15 malades et c’est là que j’ai installé le bloc administratif et le bloc opératoire. Les gens commençaient à me connaître et même les marins du port faisaient appel à moi en cas de problème de santé.

Déjà à l’époque, pour moi c’était clair que l’utilisation des nouvelles technologies dans la médecine représentait l’avenir. L’innovation pour les diagnostics et les traitements est importante et donc je suivais les développements en ce sens et j’assistais aux conférences.

 

 Maintenant la clinique est en pleine expansion avec de nouveaux projets à venir et la délocalisation de la clinique à Grand-Baie, Flic-en-Flac, Port-Louis et Curepipe. L’idée est d’être le plus proche possible des habitants.

 

Parlant de nouvelles technologies, comment garder les prix abordables ?

L’utilisation de la technologie dans la médecine est chère, mais il me fallait trouver un moyen de ne pas trop augmenter les tarifs surtout que les habitants de la région de Plaine-Verte étaient des gens à revenus modestes. J’ai prolongé la durée de mon paiement à la banque de sorte à payer moins par mois et je pouvais donc laisser les prix abordables. Le plus important c’est d’apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin.

Maintenant il y a aussi l’entretien des machines qui coûte cher et nous devons employer des techniciens pour assurer le bon entretien des équipements. Nous avons plusieurs départements dont la dialyse et l’urologie. Nous avons ouvert une Nursing School aussi à la clinique où nous proposons, entre autres, une formation continue de caring, afin d’assurer un contact humain autant que possible pour rassurer les patients. Les étudiants peuvent aussi allier la théorie à la pratique.

La famille a été centrale à votre développement de groupe. Quelle est la place que vous lui accordez ?

 Je suis né en Chine et j’adhère à la philosophie de Confucius qui préconise le respect de la famille. J’ai fait de mon mieux pour éduquer mes quatre enfants. Trois de mes enfants sont eux aussi médecins et travaillent avec moi et j’ai un fils dans l’hôtellerie.

 

 

Parlons de médecine traditionnelle chinoise (TCM). On en est où avec votre projet ?

 La TCM existe depuis des milliers d’années avec ses nombreuses techniques et je trouve important d’introduire ces techniques à Maurice, avoir une complémentarité entre la médecine traditionnelle chinoise et la médecine occidentale. Cette année notre clinique de TCM sera prête.

 La Chine souhaite étendre les connaissances de la TCM en Afrique et Maurice peut être un tremplin à ce projet. Nous commencerons par sensibiliser les gens aux bienfaits de la TCM et la Chine enverra ses experts à Maurice. Deux médecins chinois viendront travailler dans cette clinique et formeront nos médecins. Il y a la possibilité qu’ils soient formés à Shanghai aussi, il y a déjà une Mauricienne qui étudie la TCM à la Shanghai University of Traditional Chinese Medicine.

De nouveaux projets en 2019 ?

Nous souhaitons ouvrir un Cancer Centre et introduire le e-health dans nos services. Pour cela nous ferons appel à l’expertise étrangère. Nous souhaitons mettre en place le tourisme médical aussi. Il s’agit de donner la possibilité d’avoir des soins de qualité dans un environnement relaxant proposant également des attractions touristiques dans la mesure du possible.

Sur le plan personnel, vous qui êtes un décoré de la République, quelle image aimeriez-vous que Maurice retienne de vous ?

 Ma décoration était pour ma contribution à la médecine à Maurice et j’étais là pour les habitants dans les moments difficiles. Ma carrière est une carrière de service et ça, c’est un engagement à vie. Quand mon patient vient me voir pour me dire qu’il se sent mieux, c’est de là que je puise ma satisfaction…