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Éducation tertiaire gratuite: un cadeau à Rs 1 milliard par an

3 janvier 2019, 08:15

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Éducation tertiaire gratuite: un cadeau à Rs 1 milliard par an

La nouvelle a déchaîné les passions depuis qu’elle est tombée. Dès la rentrée 2019, les études supérieures pour les Mauriciens en quête d’un certificat, d’un diplôme ou d’un degré (NdlR, degree ou diplôme universitaire) dans les institutions publiques seront gratuites, a annoncé le Premier ministre lors de son allocution du Nouvel An mardi. Cette mesure, qui touche ceux en fin de cycle secondaire comme les jeunes professionnels qui ont déjà un degré, devrait, selon une source proche du bureau du Premier ministre, coûter environ Rs 1 milliard à l’État par an. En sus des subsides offerts aux institutions d’enseignement supérieur publiques.

Rs 40 000 par an. C’est, en moyenne, ce que paie un étudiant mauricien qui fréquente une institution d’enseignement supérieur publique. Ce montant inclut l’administrative fee que paient les étudiants à l’université de Maurice (UoM). Il a été calculé par l’express à partir des coûts des études (en vue de l’obtention d’un certificat, diplôme ou degré) dans les dix institutions publiques enregistrées auprès de la Tertiary Education Commission (TEC). Selon les statistiques de la TEC, seuls 17 788 étudiants étaient inscrits dans ces institutions. Toutefois, l’on explique dans les milieux qu’environ 25 000 sièges sont disponibles.

Manque à gagner

Si l’on multiplie les frais d’études d’une année pour un étudiant inscrit à un programme (certificat, diplôme ou degré) par le nombre de sièges disponibles, on se retrouve avec un manque à gagner de Rs 1 milliard pour les institutions d’enseignement supérieur publiques. À noter que les dépenses associées à l’UoM, à l’université de Technologie, à l’université des Mascareignes, au Mahatma Gandhi Institute, au Rabindranath Tagore Institute et à l’Open University ont coûté Rs 911,9 millions à l’État en 2017-2018.

Comment l’État compte-t-il financer cette mesure ? «C’est le ministère des Finances qui définit le budget. Toutes les modalités vont faire l’objet de plusieurs sessions de travail en interne», soutient une source du bureau du Premier ministre. Cependant, l’on avance que ce n’est «qu’à la rentrée» que le gouvernement fournira de plus amples détails sur cette mesure. «Nous allons tout définir pour que cela soit plus clair», souligne-t-on.

D’ores et déjà, il nous revient, toutefois, que l’éducation supérieure gratuite ne s’appliquera pas qu’aux étudiants en fin de cycle secondaire ou aux professionnels n’ayant pas encore complété de degré. Combien de consultations le Premier ministre a-t-il eues avec les parties prenantes pour que ce projet aboutisse ? a demandé l’express. Cette question est restée sans réponse.

Sollicité, Surendra Bissoondoyal, Chairman de la TEC, dit accueillir favorablement cette annonce. «Le secteur de l’enseignement supérieur n’était pas uniforme. Les études à l’UoM étaient gratuites, mais les autres payantes. Le Premier ministre a rectifié une inégalité», fait-il valoir. D’ajouter qu’il faudrait mettre plus d’accent sur les écoles polytechniques. «L’université, c’est bien. Mais il faut arrêter avec la notion que l’université est supérieure aux écoles polytechniques. Et, dans la foulée, encourager nos jeunes vers les métiers.»

L’ex-directeur d’une université publique salue, lui, la nouvelle. Mais il se questionne sur la mise sur pied de cette mesure. «Je me demande si l’on ne met pas la charrue avant les bœufs. Y a-t-il eu consultation et discussions au préalable ?» s’interroge-t-il.

L’économiste Azad Jeetun se veut, lui, rassurant malgré le manque à gagner qu’occasionnera cette mesure. «L’éducation est toujours un bon investissement. Pas seulement pour la personne, mais aussi pour le pays sur le long terme.»

D’indiquer que l’impact qu’aura cette mesure est non-négligeable. «Surtout que les enfants défavorisés pourront en bénéficier…»