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Turbines à gaz: l’IRP annule le contrat alloué à la société grecque Metka

28 décembre 2018, 08:39

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Turbines à gaz: l’IRP annule le contrat alloué à la société grecque Metka

«Nous ne prenons pas à la légère le fait que des soumissionnaires induisent des instances en erreur ou qu’ils ne soumettent pas des informations exactes dans leurs documents. Nous sommes d’avis que c’est une conduite qui n’est pas excusable.» Dans un jugement hier, jeudi 27 décembre, l’Independent Review Panel (IRP) a recommandé au Central Procurement Board (CPB) de ne pas accorder à la société grecque Metka le contrat pour la construction d’une Combined Cycle Gas Turbine, à Fort-George, pour le compte du CEB.

L’IRP a proposé d’effectuer une nouvelle évaluation des différentes offres. Ce projet est très controversé. D’abord, l’opposition, tout comme le député du MSM Bashir Jahangeer, estime qu’il n’y a aucune raison pour que le CEB se précipite à réaliser ce projet, d’autant qu’il va coûter une somme faramineuse. La société grecque, du groupe Mytilineos S. A., choisie fin novembre par le CPB, a estimé ce projet à Rs 8 milliards. 

Ce développement survient après qu’un des soumissionnaires malheureux, TSK Electronika y Electricida, d’Espagne, a sollicité l’IRP au début du mois, estimant que son concurrent ne méritait pas ce contrat. L’avocat de ce groupe espagnol, Me Gavin Glover, a soulevé plusieurs points devant l’IRP, pour soutenir la revendication de son client.

«Je suis satisfait que l’IRP a tranché. Cela confirme mes suspicions et mes doutes concernant des maldonnes. J’ai toujours dénoncé la précipitation pour aménager une centrale à gaz et pour accorder le contrat à Metka.»

Les membres de l’IRP – qui est présidé par Hervé Lassemillante, avec comme assesseurs Virjinan Mulloo et Abdool Karrim Namdarkhan – se sont plutôt penchés sur le fait que la société Metka n’a pas fait part au Construction Industry Development Board qu’elle fait l’objet de quelques litiges, ainsi que d’enquêtes à l’étranger, notamment des allégations de corruption. Toute firme étrangère doit avoir un certificat de ce board avant de pouvoir bénéficier d’un contrat à Maurice et elle devra préciser si elle a été impliquée dans des controverses.

L’IRP est revenu sur la déclaration du député orange Bashir Jahangeer, faite au Parlement en juillet dernier. Il avait alors dit au Premier ministre adjoint et ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, que la société grecque devait être disqualifiée car elle fait l’objet de diverses allégations.

Lors de l’audience, un représentant du CPB a expliqué qu’un «due diligence» a été fait après la publication des différents articles de presse suivant la déclaration du député. En examinant les dossiers que Metka a déposés au CPB, les membres de l’IRP ont constaté que le groupe grec n’a pas déclaré qu’il est impliqué dans divers litiges, parmi quelques-uns étalés publiquement en Grèce et d’autres en possession du CPB.

Bien que l’IRP ait recommandé que le CPB effectue une nouvelle evaluation, dans les milieux concernés, il se chuchote que le CEB pourrait évoquer l’«emergency procurement», qui figure dans la Public Procurement Act, pour contourner cette décision.

L’express a sollicité le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui a déposé une motion de blâme contre Ivan Collendavelloo dans le sillage de ce projet. «Je suis satisfait que l’IRP a tranché. Cela confirme mes suspicions et mes doutes concernant des maldonnes. J’ai toujours dénoncé la précipitation pour aménager une centrale à gaz et pour accorder le contrat à Metka.»

Le député Bashir Jahangeer va dans le même sens. «C’est une bonne nouvelle que l’IRP a demandé une nouvelle évaluation. J’avais d’ailleurs exprimé ma position au Parlement. L’IRP m’a donné raison.»

Contacté hier soir, Shamshir Mukoon, l’Acting General Manager du CEB, a déclaré que «le CEB est au courant qu’une décision de l’IRP est tombée en soirée. Demain matin (NdlR, aujourd’hui), nous allons éplucher le rapport pour en prendre connaissance et voir comment réagir dans le cadre juridique».