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Voile: vingt ans après, la Sydney-Hobart toujours hantée par une tempête meurtrière

20 décembre 2018, 15:13

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Voile: vingt ans après, la Sydney-Hobart toujours hantée par une tempête meurtrière

 

L’éprouvante Sydney-Hobart, traversée à la voile de la mer de Tasmanie, commémore cette année l’une des pires tragédies de l’histoire de ce sport, la mort de six marins il y a 20 ans dans la mère de toutes les tempêtes.

Une météo tempétueuse est la marque de fabrique de cette classique. Les concurrents quittent le port de Sydney au lendemain de Noël pour une épopée de 628 milles (1.163 kilomètres) qui les mène le long de la côte orientale de l’Australie, dans le détroit de Bass pour finir à Hobart, sur l’île australienne de Tasmanie.

L’édition 1998 de cette course organisée chaque année depuis 1945, fut particulièrement terrible, avec une dépression impressionnante en mer de Tasmanie.

Sous l’effet de vagues monstrueuses et de vents terrifiants qui soufflaient dans un détroit de Bass réputé pour ses conditions hostiles, les voiliers ballotaient sur l’eau comme des fétus de paille.

Six hommes périrent, cinq bateaux coulèrent tandis que 55 marins avaient dû être secourus. Si 115 voiliers avaient pris le départ de la course, seuls 44 franchirent la ligne d’arrivée...

Pour commémorer la tragédie, les concurrents observeront cette année une minute de silence au deuxième jour de la course.

«Ce n’est pas juste ce moment de silence, nous y pensons chaque année», souligne cependant Mark Richards, skippeur de Wild Oats XI, vainqueur de la course à huit reprises.

«Nous avons énormément de respect pour les familles et les gens qui ont perdu la vie dans cette course. Nous allons certainement penser à tous ces gens».

- «Souvenirs douloureux» -

Il n’y a pas de mémorial pour les victimes, ce qui traduit le traumatisme vécu par le monde de la voile.

«Les familles (des victimes) ont continué à faire leur vie, c’est douloureux de rappeler ces souvenirs, dit Steve Walker, l’un des participants de 1998. On n’a pas besoin de quelque chose d’officiel».

Le milliardaire américain Larry Ellison, vainqueur de cette dramatique édition avec son monocoque de 24 mètres Sayonara, avait été tellement marqué par la tragédie qu’il avait promis de ne jamais retenter l’aventure.

Ed Psaltis, skipper de l’AFR Midnight Rambler, vainqueur de la course en temps compensé, se souvient très bien du hurlement du vent et du bruit de mitraillette que faisait l’eau de mer sur la coque.

Depuis, les conditions de la course ont considérablement changé, ce que les marins sont prompts à saluer.

A l’époque, ils ne pouvaient pas compter sur le GPS. Les bateaux signalaient leur position deux fois par jour par radio. Les communications étaient entravées par les tempêtes, ce qui rendait plus problématique la localisation des marins en détresse.

Le traçage des voiliers a été mis en place en 1999 et désormais tout un chacun peut suivre l’évolution des bateaux sur internet.

De nouvelles règles de sécurité se sont imposées, avec des conditions d’expérience, de formation et d’équipements.

- «Sécurisation» -

«Dans la mesure où il serait possible de sécuriser cette course, nous avons vraiment adopté toutes les mesures, règlements et régulations possibles pour tenter de le faire», explique à l’AFP Paul Billingham, commodore du Cruising Yacht Club of Australia qui organise la course.

Grâce aux informations plus précises sur les conditions météorologiques et les courants, les marins se sentent mieux préparés.

«En 2010, on a eu deux énormes fronts et la même chose en 2015», souligne auprès de l’AFP Jim Cooney, le skipper-propriétaire de Comanche, vainqueur de l’édition 2017.

«Mais on était au courant, on s’était préparés, les bateaux ont subi des dégâts minimaux, aucun bateau n’a été perdu durant ces courses», rappelle-t-il.

Même si le combat pour être le plus rapide se durcit d’année en année, les supermaxis comme son voilier de 100 pieds (30 mètres) sont construits pour prendre des raclées, ajoute-t-il.

«Si on ne soigne pas la conception, alors oui ça peut être dangereux. Mais Comanche a été construit pour faire le tour du monde, pas pour naviguer par mer d’huile dans des conditions confortables», dit le marin vétéran.

Reste que la météo sera toujours facteur de risque, juge Paul Billingham. «Au bout du compte, c’est imprévisible, c’est, je suppose, le risque du sport. C’est pour cela qu’ils sont là chaque année, pour le défi de la course entre Sydney et Hobart».