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Trump redevient menaçant avec la Chine après une brève lune de miel

5 décembre 2018, 10:18

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Trump redevient menaçant avec la Chine après une brève lune de miel

Donald Trump est passé de l’enthousiasme à la menace en 24 heures. La lune de miel commerciale avec la Chine a été vite ternie par les doutes de Wall Street, qui a lourdement chuté mardi.

M. Trump évoquait lundi encore le «grand bond en avant» dans les relations avec Pékin, après le sommet avec son homologue chinois Xi Jinping samedi à Buenos Aires, et les Bourses du monde entier fêtaient la trêve.

Mardi soir, le ton du président était résolument menaçant même s’il dit toujours croire à un accord commercial avec Pékin.

«Nous aurons soit un VRAI ACCORD avec la Chine ou pas d’accord du tout», a tweeté le président en début de soirée, ajoutant que sans accord il imposerait ses tarifs douaniers.

«Je crois toujours que nous aurons un accord soit maintenant, soit à l’avenir, la Chine n’aime pas les tarifs», a ajouté M. Trump.

Mardi matin, il avait pour la première fois évoqué la possibilité de prolonger la trêve de 90 jours --jusqu’au 1er mars-- qu’il a accordée aux Chinois samedi, avant de faire passer de 10 à 25% les taxes douanières sur 200 milliards de dollars de produits chinois importés.

«Les négociations avec la Chine ont déjà commencé. A moins d’être étendues, elles s’arrêteront 90 jours après la date (le 1er décembre, NDLR) de notre merveilleux et très chaleureux dîner avec le président Xi en Argentine», avait alors écrit le président américain.

Mardi soir, la chute brutale de Wall Street était passée par là. Les deux principaux indices de la place américaine, le Dow Jones et le Nasdaq avaient respectivement lâché 3,08 et 3,8% essentiellement parce que les investisseurs doutent de l’éventualité d’un accord et craignent pour la croissance.

Et depuis le sommet samedi, analystes et éditorialistes ont critiqué M. Trump pour avoir donné en obtenant très peu en échange. Un scénario en de nombreux points semblables à l’après sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

«Les gens commencent à disséquer les détails du cessez-le-feu commercial et s’aperçoivent qu’il va être difficile de trouver un accord définitif dans les 90 jours», a estimé Nate Thooft, de Manulife AM.

Le matin déjà, le locataire de la Maison Blanche avait tenu à réaffirmer: «Je suis l’Homme des tarifs douaniers» pour faire payer ceux qui «pillent la grande richesse de notre Nation».

Il a une nouvelle fois insisté sur le fait que les tarifs douaniers qui frappent déjà 250 milliards de dollars de biens importés de Chine, avec ceux sur l’acier et l’aluminium, rapportaient des milliards de dollars à l’état fédéral.

Nombre d’économistes soulignent que in fine c’est le consommateur américain qui paye.

Promesse d’achats

En échange de la trêve accordée par le président américain, les Chinois ont notamment accepté d’acheter davantage de produits américains et de réduire le déficit commercial énorme (autour de 335 milliards de dollars) qui hérisse tant l’occupant de la Maison Blanche.

Mais Pékin est resté vague sur le calendrier et sur les montants.

Selon M. Trump, qui avait estimé que l’engagement de la Chine allait avoir «un impact incroyablement positif» pour les fermiers américains, ces achats doivent commencer «tout de suite».

Les mesures de rétorsion chinoises, ciblées pour avoir un impact politique maximal sur l’électorat de M. Trump, frappe durement les agriculteurs et en particulier les producteurs de soja. Mais en attendant plus de détails, les représentants du monde agricole restent circonspects.

«On n’a ni chiffre, ni calendrier» sur les promesses annoncées, remarquait lundi David Salmonsen, spécialiste du commerce pour le premier syndicat agricole aux Etats-Unis, l’American Farm Bureau.

Les analystes s’accordent à dire que M. Xi a pour sa part réussi à gagner du temps et à éviter une pression accrue sur l’économie chinoise, au moment où elle montre de sérieux signes de ralentissement.

Négociations difficiles

Depuis son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump s’est lancé dans une offensive contre les pratiques commerciales de la Chine, qu’il juge déloyales, comme par exemple le transfert forcé de technologies imposé aux entreprises étrangères ou encore le non respect de la propriété intellectuelle.

Mais il s’agit là de dossiers complexes et sur lesquels les Chinois ne se sont pas engagés à l’issue du dîner de Buenos Aires.

Le président a souligné que les négociations seraient menées par Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce, rompu aux négociations difficiles, et surtout un faucon en matière de relations commerciales avec la Chine.

Il «travaillera étroitement» avec le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, M. Kudlow et le ministre du Commerce Wilbur Ross.

Pour l’heure, aucun détail n’a filtré sur le calendrier des négociations, l’endroit où elles se dérouleront et leur teneur précise.

Un flou qui a aussi inquiété les marchés.