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Après une tentative avortée, Lactalis va retirer Parmalat de la Bourse

4 décembre 2018, 16:52

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Après une tentative avortée, Lactalis va retirer Parmalat de la Bourse

 

Après une tentative avortée en 2017, le numéro un mondial du lait Lactalis a réussi à monter à plus de 90% du capital de sa filiale Parmalat, ce qui va lui permettre de la retirer de la Bourse de Milan, afin de lui donner «une nouvelle dynamique».

Lactalis, qui détenait déjà 89,63% de Parmalat via sa filiale Sofil, a racheté lundi près de 115 millions d’actions à un prix unitaire de 2,85 euros «portant ainsi sa participation à 95,81% du capital» de Parmalat, a indiqué mardi l’industriel du lait dans un communiqué.

Le groupe a également «communiqué auprès des autorités boursières italiennes sa volonté de procéder» au retrait de Parmalat de la Bourse de Milan en lançant une procédure de rachat obligatoire des actions détenues par les minoritaires, a précisé le document.

«Après plus de 7 ans aux commandes de Parmalat, le groupe Lactalis souhaite lui donner une nouvelle dynamique», a justifié l’industriel aux milles marques lactées (Président, Lactel, Bridel, Lanquetot...)

Contacté par l’AFP, le fonds Amber Capital, l’un des actionnaires minoritaires, s’est refusé à tout commentaire sur cette annonce.

Mais selon une source proche du fonds, Amber est «satisfait parce que son investissement s’est conclu sur un gain»: le fonds, qui détenait un peu plus de 3% du capital de Parmalat, pourra ainsi «utiliser le capital libéré pour saisir des opportunités d’investissement intéressantes en Italie et à l’étranger».

Ce n’est pas la première fois que géant des produits laitiers tente de retirer de la Bourse de Milan la société Parmalat, qui commercialise notamment les marques italiennes Galbani, Vallelata ou Santal.

L’année passée, Lactalis avait lancé une OPA sur sa filiale mais n’avait pas obtenu le nombre d’actions nécessaires pour passer au-dessus du seuil de 90% autorisant le retrait de la cotation.

- OPA hostile -

Plusieurs actionnaires minoritaires, dont le fonds Amber Capital, avaient notamment dénoncé le prix proposé par Lactalis (2,80 euros puis 3 euros), inférieur au cours du titre à la Bourse de Milan. Le fonds estimait que le titre pourrait valoir entre 3,8 et 4,5 euros.

Parmalat avait terminé à 2,81 euros lundi à la Bourse de Milan et s’alignait mardi à midi sur le prix de l’offre de Lactalis.

Le contexte semble moins porteur que fin 2016-début 2017, ce qui a vraisemblablement conduit une partie des actionnaires à accepter un rachat d’actions.

D’une part, dans le dossier dans le procès Citigroup, la banque américaine dont le groupe italien espérait obtenir 1,8 milliard d’euros, un tribunal italien a rejeté la demande de Parmalat, en soulignant que le dossier avait déjà été étudié et rejeté aux Etats-Unis et ne pouvait donc de nouveau être soumis en Italie. Parmalat accuse Citigroup de complicité dans les événements ayant mené à sa banqueroute en 2003.

Enfin, la situation du marché au Canada et en Australie, deux pays historiquement importants pour Parmalat, s’est dégradée significativement, tandis que les acquisitions faites en Amérique du Sud se sont révélées décevantes..

Lactalis avait pris le contrôle du groupe agroalimentaire italien en 2011 via une OPA hostile, qui avait suscité un vif émoi en Italie et que Rome avait tout fait pour bloquer.

Depuis, il a connu régulièrement de fortes tensions avec certains actionnaires minoritaires, qui lui reprochent son «opacité» et une partie de la politique engagée.

Amber Capital a ainsi accusé des membres du conseil d’administration de Parmalat d’avoir agi en privilégiant les intérêts de Lactalis au détriment de ceux du groupe italien. En cause notamment: le rachat par Parmalat en 2012 d’une filiale de Lactalis, LAG (Lactalis American Group), à un prix jugé trop élevé.

Lactalis, fondée par André Besnier en 1933 à Laval, toujours dirigée par ses descendants, affiche sur son site internet un chiffre d’affaires de 18,4 milliards d’euros et 240 sites industriels dans 47 pays.

L’entreprise s’est retrouvée sous les feux des projecteurs dans l’affaire du lait pour bébé contaminés. Au cœur de la tourmente: l’usine de Craon (Mayenne) dont les produits pour enfants avaient rendu 53 enfants malades de la salmonellose, fin 2017.