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«Gilets jaunes»: à La Réunion, la ministre des Outre-mer tente d’apaiser les tensions

29 novembre 2018, 08:49

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«Gilets jaunes»: à La Réunion, la ministre des Outre-mer tente d’apaiser les tensions

«Vous avez raison de crier votre colère, je suis là pour l’entendre», assure la ministre des Outre-mer Annick Girardin venue à la rencontre des «gilets jaunes» de La Réunion en plein appel des manifestants à un blocage total de l’île.

Huée à sa sortie de l’aéroport Roland-Garros de Saint-Denis par quelques centaines de manifestants, la ministre a immédiatement filé sur le proche barrage du rond-point de Gillot bloqué par quelque 2.000 «gilets jaunes».

En début de rencontre, une représentante des «gilets jaunes» a demandé et obtenu une minute de silence pour condamner les affrontements mardi sur la route du littoral, lorsque quatre gros barrages en place depuis 10 jours ont été démantelés, donnant lieu à des échanges de gaz lacrymogènes et de galets entre forces de l’ordre et manifestants.

Les affrontements ont duré jusqu’à 04H00 mercredi dans la ville de la Possession qui jouxte la route du littoral. Ces violences rappellent celles en marge du mouvement des «gilets jaunes» lancé le 17 novembre mais qui s’étaient calmées ces derniers jours.

Petites retraites, chômage: dans des échanges animés mais respectueux, ponctués par des «Préfet démission» ou des «Macron démission», les manifestants ont exposé leurs difficultés à boucler les fins de mois, mais aussi leur sentiment d'«humiliation»: «Mme la ministre, nous ne sommes pas des sauvages».

«La Réunion est fille de la République», a assuré la ministre, tout en reconnaissant qu’elle est «l’un des territoires les plus inégalitaires entre ceux qui touchent le plus et ceux qui touchent le moins». 42% de la population de l’île vit en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 26%.

Bordée d’injures

«Vous avez raison de crier votre colère, je suis là pour l’entendre», a-t-elle insisté en promettant «la transparence» sur le coût de la vie et «la construction des prix et des salaires», sans toutefois en dire plus.

Plus tard, lors d’un discours, Mme Girardin a défendu les mesures gouvernementales: suppression de la taxe d’habitation pour 80% des foyers, revalorisation de 365 euros net par an de la prime d’activité pour les 60.000 Réunionnais qui en bénéficient, minimum vieillesse porté à 900 euros par mois.

Elle a également égrené des mesures spécifiques pour l’île: création de 1.500 nouvelles places de crèches, de 15 nouveaux centres sociaux de proximité, de 5 «points conseil budget» pour accompagner les familles. Ainsi qu’un programme «pour permettre de baisser le prix des produits alimentaires pour les tout petits, comme le lait maternisé», et «des petits déjeuners offerts» dans les écoles «là où les enfants viennent le ventre vide le matin».

Face à ses interlocuteurs, Mme Girardin n’a pas directement répondu aux demandes d’excuses de la part de l’Etat pour les affrontements de la veille, mais elle a dit, sous des applaudissements, qu’elle allait «demander aux forces de l’ordre de respecter les manifestations pacifiques».

La ministre a aussi demandé aux manifestants de «bloquer le moins possible», critiquant «certains qui voudraient que La Réunion reste dans le chaos», alors qu’une vingtaine de barrages bloquants restaient en place mercredi matin.

Au moment de quitter le rond-point de Gillot pour la préfecture, où elle devait recevoir d’autres «gilets jaunes», Annick Girardin a traversé sans encombre une haie d’honneur des manifestants. Mais au passage du préfet Amaury de Saint-Quentin, pour beaucoup responsable du couvre-feu du week-end et des affrontements de la veille, c’est une bordée d’injures qui a fusé.

L’objectif de 300 barrages visés par les «gilets jaunes» à l’occasion de la venue de la ministre est donc loin d’être atteint. Mais les «gilets» ont cependant réussi le pari d’imposer un large black out. Une grande majorité de commerces ont gardé leurs rideaux baissés. La vingtaine de barrages dressés sur les points stratégiques du réseau routier ont entravé une circulation peu abondante, beaucoup d’automobilistes étant restés chez eux.

Les automobilistes devant se déplacer n’ont eu d’autre choix que de le faire dans la nuit, comme les voyageurs se rendant à l’aéroport.