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Hôpitaux: oh punaise !

25 novembre 2018, 20:00

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Hôpitaux: oh punaise !

Mordu de jour comme de nuit, il cherchait la petite bête. Mais voilà que Vella, ancien policier âgé de 68 ans, admis à l’hôpital Sir Seewoosugur Ramgoolam North (SSRN) le 11 novembre, est tombé sur de drôles d’oiseaux. «Je souffrais de vomissements. J’ai alors été placé sous perfusion à l’hôpital quand j’ai ressenti une piqûre. C’est alors que j’ai trouvé une punaise dans mon lit», raconte-t-il. L’infirmier de service lui alloue un nouveau lit. Croyant pouvoir se reposer, Vella s’endort mais les punaises récidivent aux petite heures. Éclairant les lieux avec son portable, Vella fait une surprenante découverte.

En effet, matelas, draps, taie d’oreiller sont tous infestés de punaises de lit. «C’était vraiment dégueulasse. À l’hôpital, on est sensé vous soigner. Mais ici, les punaises sont en train de détruire la vie des patients. Pensez aux ceux immobilisés au lit. Ils sont condamnés à subir ces morsures. Hyzienn la sa ‘zero plombaz’», précise-t-il. Par conséquent, le sexagénaire a préféré passer la nuit sur un banc. Face à cette situation, ses enfants l’ont emmené à une clinique pour des examens avancés.

Certes, cette infestation par les punaises de lit n’est pas un cas isolé. En juillet, des infestations ont été relevé à l’hôpital Victoria à Candos, l’hôpital Dr A.G Jeetoo à Port-Louis et à celui de Flacq. «Nous avons entendu plusieurs cas de patients qui en ont été victimes dans les hôpitaux», confirme Ramesh Purrunsingh, membre et porte-parole du Comité amélioration de la santé (CAS). De plus, en décembre 2017, même le personnel hospitalier de l’hôpital SSRN, victime de démangeaisons liés à ces piqûres d’insectes, avait porté officiellement plainte au ministère de la Santé. D’autant qu’un médecin s’insurgeait du fait que l’infiltration des punaises s’étendait aux soins intensifs.

«(…) Les officiers sanitaires effectuent-ils des contrôles ? Pourtant, cela les concerne.»

En quoi consistent ces insectes au juste ? «Les punaises de lit figurent parmi les plus anciens parasites de l’homme. Elles se nourrissent uniquement de sang et sont notamment de la taille d’un pépin de pomme. Ces insectes sont de couleur brune et de forme ovale et aplatie», explique Laurent Maurel, Speciality Business Manager d’Hardy Henry Services Ltée. En termes de taille, une punaise de lit adulte mesure entre 5 et 7 mm.

Plus actives la nuit

Pourquoi ces insectes sont-ils nuisibles ? «Leurs morsures causent des d’inconvénients tels que des démangeaisons», confie le Dr Ishaq Jowahir, vice-président de l’Association des Médecins Privés. À titre d’exemple, Laurent Maurel évoque une apparition de boutons semblables à ceux de moustiques susceptible de perdurer pendant 14 jours. «Et pour les personnes allergiques, les conséquences sont plus graves. Cela va des chocs allergiques à la chute de tension ou encore au coma», précise le médecin.

Qu’est-ce qui provoque la prolifération de ces insectes, surtout en milieu hospitalier ? Le manque d’hygiène, souligne le Dr Ishaq Jowahir : «Il y aura des infestations dans les lieux mal nettoyés, dépourvus d’une bonne aération et de désinfection.» Parallèlement, les draps ne sont pas changés régulièrement et des matelas mal entretenus deviennent des foyers de punaises.

Ramesh Purrunsingh abonde dans le même sens. «Il n’y a guère de maintenance dans les hôpitaux. Les officiers sanitaires effectuent-ils des contrôles ? Pourtant, cela les concerne», s’insurge-t-il. D’ailleurs, il soutient qu’en sus des blocs d’admissions, d’autres départements doivent être passés à la loupe, soit les salles de repos des médecins, de préparation des repas ainsi que celles destinées à l’attente. Il ajoute que les draps devraient être changés chaque jour tout comme les taies d’oreiller.

Coins obscurs

Le risque de prolifération des punaises de lit s’accroît lors de tout déplacement de l’objet dans lequel elles se dissimulent, déclare Laurent Maurel : «Par exemple, les sacs, les valises, les vêtements, les matelas, la literie, les meubles, les ordinateurs portables et même les fauteuils roulants, peuvent leur servir de cachette et de moyen de transport.» Et comme ces insectes sont dénués d’ailes, ils ne se déplacent qu’en marchant et se confinent donc près des lits ou migrent vers des pièces adjacentes. De plus, explique notre interlocuteur, les punaises de lit sont plus actives la nuit, se nichant dans les coins obscurs comme entre les coutures des draps et matelas ou entre le papier peint, etc.

Et dans des lieux publics comme les hôpitaux mais aussi des établissements hôteliers, le nombre grandissant des visiteurs augmentera parallèlement le risque de punaises de lit. «Il est crucial que les responsables d’hôpitaux aient un protocole pour prévenir les nuisances causées par les punaises de lit et travaillent avec des professionnels spécialisés en la matière», affirme notre interlocuteur. Comment éliminer les punaises de lit ? D’après Laurent Maurel, les méthodes les plus efficaces demeurent les traitements thermiques, ce qui permet de détruire à la fois les oeufs, les nymphes (les jeunes punaises de lit) et les punaises adultes. Une première technique est d’augmenter la température jusqu’à un minimum de 56 degrés pendant une période de 3 heures et demie. Et une deuxième consiste à procéder à une congélation à moins 20 degrés pendant cinq jours. «Le traitement chimique à l’aide d’insecticide ne tue malheureusement pas les oeufs qui sont la plus grande source de réinfection», prévient Laurent Maurel.
 
Combien coûte l’élimination ? Les tarifs sont à partir de Rs 7 500 selon le degré d’infestation, les dimensions du lieu à traiter et les moyens mis en oeuvre, conclut notre interlocuteur. Nous avons essayé plusieurs fois d’avoir des déclarations du ministère de la Santé mais en vain.

 

Puces et punaises : comment s’y retrouver ?

<p style="text-align: justify;">Elles font tiquer et sont toutes aussi nocives à l&rsquo;homme. Mais les puces et punaises de lit ne sont absolument pas à amalgamer. En effet, les punaises de lit, qui appartiennent à la famille des cimicidés, ne savent ni voler ni sauter contrairement aux puces qui sont issues de la famille des siphonaptères. Les punaises n&rsquo;aiment pas parasiter les animaux de compagnie et se nourrissent exclusivement de sang humain, explique Laurent Maurel. Quant aux puces, elles changent facilement de source de nourriture, passant par exemple, de l&rsquo;homme aux animaux de compagnie, carnivores ou ruminants. Certaines espèces prolifèrent notamment chez les chiens et les chats mais peuvent s&rsquo;en prendre aux humains en l&rsquo;absence d&rsquo;animal domestique.</p>