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Youssouf Oomar: «Nous devons responsabiliser les jeunes»

24 novembre 2018, 20:45

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Youssouf Oomar: «Nous devons responsabiliser les jeunes»

Débordant d’énergie à six semaines de ses 69 ans, Youssouf Oomar meuble son temps libre en s’adonnant à des activités culturelles et sportives. Tout en demeurant un observateur attentif de la société mauricienne.

Les Mauriciens d’un certain âge se rappellent de cet excellent ghazali. Ses interprétations de chansons d’amour, lors de l’émission télévisée Geet gaata char dans les années 70, étaient très appréciées. Cependant, Youssouf Oomar n’était pas un chanteur professionnel. Cet économiste de formation a exercé au ministère du Plan et du développement économique avant de faire carrière à l’agence onusienne, Unicef.

Aujourd’hui, le fonctionnaire international à la retraite demeure très attentif à l’évolution de la situation socioéconomique à Maurice. Quel est son sentiment ? «Je suis inquiet parce que nous n’offrons pas à nos jeunes des opportunités pour une vraie capacity building», déclare-t-il.

Rappelant les conventions internationales qui stipulent qu’un jeune est catégorisé enfant jusqu’à l’âge de 18 ans, l’ex-représentant de l’Unicef estime que les autorités doivent revoir la formation des jeunes. «Comment apprenons-nous à nos enfants à grandir comme de vrais citoyens mauriciens ?» se demande Youssouf Oomar. Et il ajoute :«Assurons à nos enfants une éducation qui leur permet de prendre le contrôle de leur vie. Nous devons responsabiliser les jeunes», lance-t-il.

La prolifération des drogues parmi les jeunes interpelle l’expert en politique sociale. «L’action préventive dans la lutte contre la toxicomanie me semble peu prononcée. Agir pour réduire l’offre des drogues, c’est bien, mais il faut aussi réduire la demande.»

Maurice à toujours manqué à Youssouf Oomar, quand ce dernier était affecté à l’étranger. C’est ainsi qu’aussitôt l’heure de la retraite arrivée, il a choisi de rentrer au pays, quitte à faire des séjours réguliers en Angleterre pour être auprès de ses petits enfants. Ici, l’ex-diplomate a retrouvé ses proches parents, ses amis, mais surtout sa ville natale : Rose-Hill. Cependant, grande est sa déception. «Ma ville est complètement défigurée par les travaux en cours et j’en suis bouleversé», confie notre interlocuteur.

L’avis des citoyens

 Celui qui a une riche expérience de gestionnaire de projets, dans plusieurs pays, estime que les citoyens ne sont pas assez consultés dans le cadre de la mise en œuvre de projets publics. «Il me semble qu’il n’y a pas de plan d’ensemble pour le développement, ni de dialogue communautaire autour des projets d’intérêt public.»

Durant sa carrière, le retraité à beaucoup pratiqué le dialogue communautaire. Il se souvient encore d’une de ses premières missions à Rodrigues quand il était économiste au ministère du Plan. Le professionnel d’expérience insiste. «Il faut une concertation communautaire pour tout projet de développement.»

Youssouf Oomar avait rejoint la fonction publique mauricienne, une année après son retour de ses études. Il y est resté jusqu’en 1980 quand il est recruté par le système des Nations unies. Puis il succède à Rodney Philips, le chef du bureau de l’Unicef à Maurice, quand celui-ci est muté à l’étranger.

Par la suite, Youssouf Oomar sera affecté dans plusieurs pays dont la Côte d’Ivoire, l’Algérie, la Mauritanie, la Gambie et la Malaisie, entre autres. Pendant quelques années, il est en poste à New York comme secrétaire adjoint de l’Executive Board de l’Unicef. L’action de notre compatriote dans des territoires, parfois en guerre où il a été en poste, est très appréciée. De nombreux articles de presse à l’international saluent son engagement pour l’amélioration des conditions de vie des enfants.

En 2012, le diplomate onusien Youssouf Oomar tire sa révérence. Désormais, pour lui, c’est famille, sport et musique. Il apprend en ce moment la musique classique indienne au Indira Gandhi Centre for Indian Culture. Et chaque dimanche, ce fervent supporter de Manchester United est sur le terrain de foot à Trianon pour la pratique de son sport favori.

 

Son parcours

<p style="text-align: justify;"><strong>1975</strong> : Retour au pays. Il enseigne dans le secondaire<br />
	<strong>1976-87</strong> : Sociologue au ministère du Plan<br />
	<strong>1988</strong> : Rejoint le bureau de l&rsquo;Unicef Maurice<br />
	<strong>2000-2005 </strong>: Secrétaire adjoint de l&rsquo;&laquo;Executive Board&raquo; de l&rsquo;Unicef<br />
	<strong>2005 -2012</strong> : Représentant de l&rsquo;Unicef dans des pays d&rsquo;Afrique et d&rsquo;Asie</p>