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A Marseille, deux corps retrouvés sous les décombres des immeubles effondrés

6 novembre 2018, 18:01

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A Marseille, deux corps retrouvés sous les décombres des immeubles effondrés

 

Plus de 24 heures après l’effondrement de plusieurs immeubles vétustes du centre de Marseille, deux corps ont été retrouvés mardi dans les décombres, où les secours gardaient un «faible espoir» de retrouver des survivants.

En milieu de journée, c’est le corps d’une femme qui a été retrouvé dans les ruines des immeubles effondrés, a annoncé à l’AFP le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, après la découverte tôt dans la matinée d’un premier corps, celui d’un homme.

Dans le périmètre de la catastrophe, casque orange sur la tête, masque sur la bouche pour certains et combinaison marine maculée de poussière, une dizaine de sauveteurs effectuaient mardi une chaîne humaine pour retirer les débris, pierre après pierre. Au total, plus de 120 marins-pompiers et sapeurs-pompiers sont à pied d’œuvre pour fouiller l’amas de gravats d’une profondeur de 15 mètres. Dessous, selon les autorités, 5 à 8 personnes pourraient avoir été ensevelies.

«On a encore de l’espoir même si l’espoir est faible. Des poches de vie peuvent encore être présentes», a expliqué le capitaine de frégate Samuel, commandant des opérations de secours du Bataillon des marins-pompiers de Marseille: il reste «une semaine de travail jour et nuit».

La pluie qui s’est abattue sur Marseille lundi soir et mardi matin, parfois torrentielle, «ralentit la progression» des secours «et augmente les risques», a poursuivi le marin-pompier, alors que des membres des secours guettent aux fenêtres des immeubles qui surplombent le chantier pour donner l’alerte si jamais l’un d’eux venait à montrer des signes d’affaissement.

«C’est un travail stratégique avec des outils mécaniques et à la main», notamment une pelleteuse pour extraire les gros débris et du matériel endoscopique pour sonder le monticule de débris parsemé d’objets du quotidien: tissus, papiers, pommeau de douche ou un cadre de vélo plié.

«L’urgence c’est de sauver des vies», a martelé mardi matin sur place le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner

Après l’effondrement des deux bâtiments vétustes lundi matin, suivi de l’écroulement partiel d’un troisième bâtiment mitoyen en fin de journée, les secours tentent de retrouver 5 habitants du numéro 65 rue d’Aubagne manquant à l’appel, ainsi que 3 personnes qui auraient pu être invitées dans l’immeuble. Les deux autres immeubles étaient murés et --théoriquement en tout cas-- inhabités.

En revanche, deux passantes aperçues sur des images de vidéosurveillance juste avant la catastrophe pourraient avoir réussi à s’échapper: la rue a été déblayée sans qu’aucun corps n’y soit retrouvé.

- Logement indigne -

A proximité des opérations le jeune serveur d’un bar observait à l’aube les recherches, en larmes. Lui connaissait bien une jeune Italienne vivant dans un des immeubles écroulé, et dont personne n’a de nouvelles depuis lundi: «C’était une jeune fille géniale, elle révisait chez nous».

Sophie, une étudiante de 25 ans, avait, elle, quitté son appartement dimanche soir, pour aller chez ses parents car «depuis plusieurs jours, les portes de plusieurs appartements ne fermaient plus, ou à peine», a-t-elle raconté à l’AFP, précisant avoir porté plainte dès lundi auprès de la police judiciaire, saisie de l’enquête.

L’un des deux bâtiments qui s’est effondré, au 63 de la rue, était «fermé et muré», selon la mairie, qui l’avait racheté après avoir pris un arrêté de péril en 2008.

Au numéro 65, 9 appartements sur 10 étaient en revanche habités, au-dessus d’un commerce vacant au rez-de-chaussée. En copropriété, il avait fait l’objet le 18 octobre «d’une expertise des services compétents qui avait donné lieu à la réalisation de travaux de confortement permettant la réintégration des occupants», selon la mairie.

Le troisième immeuble, au numéro 67, était abandonné et muré depuis l’été 2012.

Si la mairie a avancé l’hypothèse des fortes pluies des derniers jours pour expliquer la catastrophe, plusieurs représentants de l’opposition ont fait le lien avec l’ampleur du problème du logement indigne à Marseille.

«Ce sont les maisons des pauvres qui tombent et ce n’est pas un hasard», a tonné le chef de file des Insoumis et député du secteur Jean-Luc Mélenchon.

La mairie a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. Selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de 100 000 habitants de Marseille.