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Alice de Comarmond: une journaliste qui carbure à l’adrénaline

3 novembre 2018, 17:22

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Alice de Comarmond: une journaliste qui carbure à l’adrénaline

La trentenaire, Mauricienne de père, a déjà une belle carrière dans l’audiovisuel français. Mariée et mère de famille, elle s’accroche à son métier, qu’elle aime pour les poussées d’adrénaline qu’il lui procure.

Bien qu’Alice de Comarmond, 34 ans, soit née en France, plus précisément à Nantes, elle est à moitié mauricienne de par son père Thierry. Cet architecte/urbaniste s’est marié à la Franco-belge Marie, qui a la fibre artistique. Marie de Comarmond a obtenu sa naturalisation mauricienne il y a une quinzaine d’années lorsque son mari et elle sont venus jouir de leur retraite à Maurice. Jusque-là, Alice qui est la benjamine de quatre enfants, n’a jamais vécu dans l’île. Juste après sa naissance, son père obtient un poste d’urbaniste à la coopération française. Thierry de Comarmond est envoyé dans plusieurs pays.

Alice et les siens font de longues escales aux Seychelles, à Madagascar, à Djibouti et posent aussi leurs bagages en Côte d’Ivoire. C’est dans ce dernier pays qu’elle passe ses années de lycée et son baccalauréat. Un séjour pas de tout repos car la Côte d’Ivoire est alors minée par une guerre civile qui s’enlise. «C’était dur. À 17 ans, on n’est pas forcément armé pour vivre dans un pays en guerre civile et en proie à de violents incidents. J’ai été très marquée par ce conflit», raconte Alice de Comarmond par mél.

Sa mère et elle manquent de faire les frais de cette guerre. Un jour, leur voiture est stoppée par des hommes armés de kalachnikov. «Ce fut rapide. Pas plus de deux minutes. C’est notre voiture qu’ils voulaient. Ils nous ont mises de côté pendant qu’ils la prenaient mais ces deux minutes font partie des expériences les plus traumatisantes de mon existence. Non pas parce que je craignais pour ma vie mais pour celle de ma mère, qui avait elle aussi un fusil braqué sur elle.»

Les déménagements successifs d’un pays à un autre, couplés à cet incident qui aurait pu mal tourner, loin de la rebuter, forgent en partie sa vocation de journaliste et renforcent la conviction qu’elle doit transmettre l’information. Ce qui la fera se jeter à l’eau, c’est le fait que sa sœur aînée, Cécile, qui est son inspiration, ait intégré le monde de l’information. Mais avant d’en arriver là, elle regagne Paris et opte pour des études d’histoire à La Sorbonne.

Sa carrière de journaliste démarre dans la presse écrite à 20 minutes, quotidien gratuit entièrement soutenu par la publicité. Alice de Comarmond est affectée aux pages Monde. La télévision l’intéressant, c’est à Canal+ qu’elle déniche un stage pour l’émission Dimanche+ qui vient d’être créée et qui est animée par Laurence Ferrari. De là, elle passe à iTélé, appartenant au groupe Canal+.

«Au début, j’avais très peur car les rédactions de chaînes d’informations ont un petit côté ‘salle de marchés’. On traite l’information non-stop. C’est donc très stressant, très intense. Il faut être réactif et précis, tout en n’ayant que peu de recul sur l’information. C’est un monde très particulier mais j’ai aimé et j’aime toujours l’adrénaline qu’il procure.»

Citoyens du monde

Il y a dix ans, lorsque la chaîne France 24 est lancée, elle veut absolument en faire partie car elle réalise que cette chaîne à moitié privée comprend de nombreuses personnes comme elle, «des enfants d’expatriés, des bilingues et trilingues ayant une double ou triple nationalité. Tous les journalistes qui y travaillent sont des citoyens du monde. Ils voyagent beaucoup et sont très curieux du monde qui les entoure».

Elle doit s’armer de patience car comme elle n’a pas fait d’école de journalisme, on n’accorde pas la priorité à son curriculum vitae. Mais comme ses parents lui ont transmis «la détermination et le besoin d’aller jusqu’au bout» de tout ce qu’elle entreprend, Alice de Comarmond insiste en se disant qu’elle finira par les avoir à l’usure. «Je les rappelais sans cesse et la persévérance a fini par payer. Je crois que c’est surtout mon parcours de vie qui les a convaincus.»

Au départ, elle est recrutée comme chef d’édition. «Quand je fais les matinales, je dois être au travail à 3 heures du matin pour commencer à préparer les conducteurs de 6 heures. En accord avec le rédacteur en chef, je décide de ce que nous mettons dans les conducteurs, ce dont nous allons parler. Je mets le conducteur en forme : sujets, duplex, chroniques et une fois que tout est construit, je vérifie que tous les éléments sont présents, je corrige les textes des présentateurs et je vais en régie. Et là, pendant toute la durée de la tranche, je vais guider mon présentateur et m’assurer du bon déroulement de la tranche. C’est un métier qui demande beaucoup de précision et où il faut savoir rester zen car on doit souvent parer à des imprévus.»

C’est justement un imprévu qui a fait qu’Alice de Comarmond doive enfiler la casquette de présentatrice. Un matin, sur demande de sa directrice de rédaction Vanessa Burggraf, elle remplace au pied levé un présentateur qui était absent. «Elle m’a dit : ‘Je pense que tu peux relever ce défi’. Il était de taille. Je savais que je ne pouvais pas refuser mais que si je me plantais, on ne me ferait pas de cadeaux. C’est aussi un monde impitoyable. Il y a un grand nombre de personnes sur liste d’attente et personne n’est irremplaçable.»

Ce qui a joué en sa faveur, c’est que sa responsabilité de chef d’édition lui a permis de maîtriser tous les rouages de la machinerie. «Je me suis finalement amusée à présenter et j’aime justement le fait d’alterner les métiers. En présentation également, il faut parer aux imprévus. Et surtout improviser, c’est ce qui est le plus dur.» Il faut croire qu’elle s’en sort très bien puisqu’elle est toujours en selle. Ce qu’elle aime particulièrement à France 24, c’est le trilinguisme – anglais, français, arabe – au sein d’une même rédaction. «Cela rajoute une ouverture et une tolérance entre collègues, c’est incroyable.»

Alice de Comarmond est mariée à Benjamin, un journaliste reporteur d’images. Ils se sont rencontrés par hasard le jour de la Fête de la musique dans une rue à Paris. «Le lendemain, je devais me rendre à Tel Aviv en Israël pour y lancer une chaîne de télévision. Nous ne nous sommes plus ou presque plus quittés depuis.» Elle est tout de même partie le lendemain de ce coup de foudre et Benjamin a multiplié les allers-retours entre Tel Aviv et Paris pour les beaux yeux de sa belle. «Finalement, il est venu vivre avec moi là-bas. Il a été recruté par la chaîne dans laquelle je travaillais. Il filmait mais n’était pas encore journaliste. Il l’est devenu plus tard.»

Sa grossesse va les ramener à Paris. Leur fils âgé de deux ans se nomme Abel. Même si aujourd’hui Benjamin fait le même métier qu’elle, ils s’arrangent pour se retrouver et pour qu’Abel ne pâtisse pas de leurs métiers. «Benjamin travaille pour plusieurs chaînes d’informations comme CNews et BFM, entre autres. Même si c’est dur de concilier vie professionnelle et vie de famille, on s’arrange. Quand je commence le matin, lui s’arrange pour faire le soir et vice-versa. On se voit moins mais on est toujours disponible à tour de rôle pour notre fils. Et on ne travaille pas tous les jours.» Ce qui leur permet de faire des activités de couple comme déjeuner ou prendre un café ensemble ou se faire une séance de cinéma.

Depuis que ses parents sont à Maurice, Alice de Comarmond y vient plus régulièrement en vacances. Ces derniers temps, c’est avec sa petite famille. «Je m’y sens très attachée et je considère l’île comme mon pays d’origine. Moi qui ne me suis jamais vraiment sentie Française car nous avons beaucoup bougé, lorsque je suis retournée à Maurice il y a 15 ans, je me suis sentie comme chez moi. Et cela fait du bien de se sentir appartenir à un endroit. Mon mari a complètement adopté Maurice aussi. On a même pensé revenir y vivre un petit temps et c’est une idée que l’on garde en tête.»

Qui sait, le hasard fait toujours si bien les choses…