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En Chine, des pros du kung fu défient les taureaux dans l’arène

30 octobre 2018, 12:54

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En Chine, des pros du kung fu défient les taureaux dans l’arène

Ils mettent à terre des taureaux uniquement à l’aide de leurs mains: dans l’est de la Chine, des professionnels des arts martiaux promeuvent une forme originale de tauromachie sans mise à mort.

Lorsque Li Zhen, 21 ans, s’est retrouvé pour la première fois devant un puissant spécimen adulte, il ne faisait pas le fier. «J’avais vraiment peur. C’était un taureau, quand même», raconte-t-il.

Les risques sont réels. Les participants peuvent avoir leur jambe cassée par le poids de l’animal, se faire piétiner, voire encorner.

Mais Li Zhen a finalement surmonté ses craintes. Il fait partie d’un groupe d’athlètes pratiquant cette discipline taurine au Centre des arts martiaux Haihua, situé à Jiaxing à environ 100 km à l’est de Shanghai.

Ce sport traditionnel de l’ethnie musulmane Hui est dans le collimateur de défenseurs des animaux en Chine, pour qui ce spectacle constitue une forme de cruauté envers les taureaux.

Mais le responsable du centre, Han Haihua, rejette ces critiques. «Notre tauromachie ne fait pas couler le sang et n’est pas cruelle» en comparaison de la corrida espagnole où le taureau est mis à mort, déclare l’imposant athlète de 65 ans.

«Pas si méchants»

Les bêtes sont conduites dans un amphithéâtre romain factice où ces spectacles sont organisés pour les touristes. Les cornes et le nez sont tenues par des cordes, afin de garder l’animal sous contrôle.

La tête du taureau est alors balancée de droite à gauche afin qu’il soit dans un état d’énervement suffisant. Puis, le combattant entre en scène.

«Nous utilisons notre vaste connaissance des arts martiaux et de leurs techniques pour mettre le taureau à terre sans le blesser», explique M. Han.

Le combattant marque des points chaque fois qu’il réussit à faire tomber l’animal.

«La difficulté, c’est qu’un humain et un taureau n’ont pas le même poids», fait remarquer Li Bo, un jeune homme de 23 ans à la carrure imposante.

«Mais une fois que vous les connaissez bien, vous vous rendez compte qu’ils sont doux et pas si méchants», ajoute-t-il.

Aux JO ?

Leur maîtrise des arts martiaux est mise à profit quand ils empoignent le puissant cou du taureau. Muscles saillants, les athlètes évitent avec dextérité de se faire piétiner grâce à une série de petits pas.

Les animaux ont l’air tour à tour désintéressés, déconcertés, ou en colère, selon qu’ils ignorent leurs assaillants, tombent sur le sol ou essayent de fuir vers la sortie la plus proche.

Han Haihua, reconnu par les autorités comme le détenteur d’un patrimoine culturel immatériel, promeut cette forme de tauromachie en organisant des compétitions annuelles. Elles attirent selon lui une centaine d’athlètes de différentes disciplines: arts martiaux mixtes (MMA), judo ou taekwondo.

Il espère désormais que la discipline fera son apparition aux JO. «La tauromachie reflète l’intelligence et la technique d’un combattant. Elle permet aussi bien sûr de développer sa force et de tester son courage. Ce serait fantastique si elle pouvait devenir un sport olympique».