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Églises pentecôtistes: en quête de Dieu et de reconnaissance

21 octobre 2018, 22:30

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Églises pentecôtistes: en quête de Dieu et de reconnaissance

Récemment, le besoin de reconnaissance des mouvements pentecôtistes – au même titre que les religions traditionnelles – a été évoqué avec Pravind Jugnauth. Par la suite, un communiqué de l’Assemblée de Dieu est venu apporter de l’eau au moulin de ceux qui y croient. En quoi consistent ces instances ? Que revendiquent-elles au juste et pourquoi ?

Assemblée de Dieu (ADD), Église Chrétienne, Light Ministries International, La Voix de la Délivrance Full Gospel Church : autant de mouvements prêchant leur paroisse à Maurice. «À l’origine, le pentecôtisme est issu de la réforme de l’Église dans les années 1 900 aux États-Unis. En fait, un groupe de personnes était à la recherche de Dieu, après avoir vécu le baptême du Saint Esprit, d’où sa dénomination», explique Kevin Permal, président de Light Ministries International et de la Fédération des églises protestantes pentecôtistes.

Selon lui, 400 branches pentecôtistes sont opérationnelles à Maurice, avec à la clé 100 000 adeptes. Dans le monde, ce mouvement regroupe entre 700 à 800 millions de fidèles, précise Miki Hardy, pasteur de l’Église Chrétienne qui en fait également partie.

À Maurice, l’ADD, aussi connue comme la Mission Salut et Guérison, est la pionnière. D’ailleurs, le nom est à l’origine de l’expression «rant dan mission». Lancée en 1967 suivant la venue du missionnaire français Aimée Cizeron, également présente en France, Angleterre, Amérique, Espagne entre autres, elle comprend 144 branches locales, 8 950 membres enregistrés et plus de 50 000 croyants, affirme Georges Leste, pasteur et président de l’ADD.

Pour sa part, l’Église Chrétienne, fondée en 1978, compte 32 assemblées à Maurice et 4 à Rodrigues, représentant entre 3 000 et 4 000 fidèles. Quant à Light Ministries International, créée depuis 1997 à Maurice puis à Madagascar et aux États-Unis, 26 antennes accueillent 2 000 fidèles. D’autres formations pentecôtistes existent et se popularisent de plus en plus.

Financement volontaire

En quoi diffèrent-elles des religions traditionnelles ? À la base, les églises pentecôtistes préconisent la lecture de la Bible. «Toutefois, nous prions la trinité, soit le Père, le Fils et le Saint Esprit», confie Kevin Permal. En termes de rituels, les multiples réunions d’évangélisation, de culte d’adoration, entre autres, sont plus régulières. «Pour les offrandes, nous allons émietter du pain qui sera trempé dans du vin lors des rituels», ajoute Georges Leste.

De son côté, Miki Hardy affirme que l’enseignement des écritures et leur mise en œuvre au plan individuel et familial est privilégié. «Nous proposons une approche spirituelle à travers nos réunions de prière, d’évangélisation et de l’étude de la Bible.» Des activités destinées aux groupes d’enfants, d’adolescents, de jeunes, de couples, de familles sont aussi effectives.

Comparé au catholicisme, le pentecôtisme exclut les prières aux saints et autres divinités comme la Vierge, confie Georges Leste. De plus, le baptême des adultes est pratiqué en immersion en mer ou dans un cours d’eau. À l’inverse, l’aspersion est effective dès la naissance dans la religion catholique. Dans les églises pentecôtistes, certaines pratiques sont découragées telles que la consommation d’alcool, de drogue, le tabagisme, le laisser-aller vers une vie mondaine, les jeux de hasard, les sorties en boîte de nuit etc., précise-t-il.

Le pentecôtisme privilégie également un financement bénévole. Comme mentionné dans la Bible, certains membres y consacrent 10 % de leurs salaires ainsi que des offrandes additionnelles. Dans d’autres cas, des donations selon les moyens sont effectuées. «Nos fidèles contribuent ce qu’ils veulent et peuvent et ce, de manière absolument volontaire. La liberté chez nous demeure un principe fondamental absolu. Nous n’avons pas non plus de collecte annuelle ou d’appel au public pour financer nos églises», déclare Miki Hardy. Ces donations contribuent à l’œuvre et au soutien des pasteurs, entre autres.

Le financement est d’ailleurs souligné dans leur quête de reconnaissance. En effet, celle-ci permettrait à ces mouvements de bénéficier de généreuses subventions évaluées à Rs 85 millions selon le Budget 2018-19 sous l’appellation de «religious and community services».

Outre l’aspect financier, d’autres revendications sont évoquées. «On ne veut plus être qualifiés de sectes et clarifier tout doute. Puis, lorsqu’un fidèle est admis à l’hôpital, on ne peut même pas y aller à tout moment pour prier pour lui, contrairement à d’autres religions», affirme George Leste.

Miki Hardy va plus loin, déclarant que le statut «associatif» actuel de l’Église Chrétienne constitue une entrave pour l’accès aux établissements publics tels que les hôpitaux, centres de soins et prisons : «Ainsi, nous vivons cela comme une discrimination limitant injustement notre philosophie de vie et notre spiritualité basées sur l’Évangile. Malheureusement, celles-ci ne sont pas possibles car nous ne sommes pas reconnus comme une église.»

Pour sa part, Kevin Permal explique que la reconnaissance viendra également les alléger sur le registration duty sur les terrains. Certes, plusieurs églises sont bâties sur des terrains acquis par le mouvement. D’autres disposent d’emplacements à la location. «On ne cherche pas de faveur mais on veut juste être sur un pied d’égalité», conclut-il.

Avec foi et… loi

<p style="text-align: justify;"><em>&laquo;Nous, les églises pentecôtistes, avons déjà préparé une proposition de loi sur la reconnaissance. Cette initiative avait d&rsquo;ailleurs été agréée et soutenue par les dirigeants de l&rsquo;alliance Lepep avant les élections de 2014. Elle devrait être présentée à l&rsquo;Assemblée nationale très prochainement&raquo;,</em> déclare Miki Hardy. Et vu l&rsquo;intérêt du Premier ministre récemment, il se dit confiant que cette proposition sera soutenue par une majorité de parlementaires.</p>

<p style="text-align: justify;">Xavier-Luc Duval, leader de l&rsquo;opposition, confirme, de son côté, qu&rsquo;une rencontre a eu lieu avec des dirigeants du gouvernement d&rsquo;alors. <em>&laquo;L&rsquo;engagement avait été pris pour que ces mouvements pentecôtistes soient reconnus comme églises. Un &lsquo;self-regulatory body&rsquo;, un peu comme le &lsquo;Medical Council&rsquo;, devait être institué pour éviter des charlatans.&raquo; </em></p>

<p style="text-align: justify;">En fait, depuis quelques années, plusieurs mouvements évangéliques ont été associés à des dénonciations d&rsquo;abus financier et de tentatives d&rsquo;endoctrinement. Des pasteurs ont également été sujets à des arrestations et des enquêtes.</p>

 

Distinguer le vrai du faux

<p style="text-align: justify;">Quels mouvements appartiennent au pentecôtisme ? Lesquels en sont exclus ? D&rsquo;après Kevin Permal, président de la Fédération des églises protestantes pentecôtistes, une demande d&rsquo;affiliation est recommandée. <em>&laquo;Il faut réaliser un &lsquo;statement of faith&rsquo; pour préciser la croyance et les intentions et présenter deux références. Le responsable et les membres de son comité doivent aussi y figurer&raquo;, </em>confie-t-il.</p>

<p style="text-align: justify;">La fédération étudie la demande pendant six mois, en se basant sur le réseau, l&rsquo;historique etc. Si les conditions sont satisfaisantes, l&rsquo;organisme rejoint alors la grande famille pentecôtiste. Au cas contraire, rien n&rsquo;empêche l&rsquo;établissement d&rsquo;opérer. Il suffit alors de s&rsquo;enregistrer auprès du <em>Registrar of Associations</em>.</p>

<p style="text-align: justify;">Selon la liste des religions issues du recensement de la population de 2011, l&rsquo;ADD, l&rsquo;Eglise Chrétienne, La Voix de la Délivrance Full Gospel Church, le Peniel Tabernacle et l&rsquo;Eglise pentecôtiste sont pentecôtistes, confirme Georges Leste. En revanche, les religions adventiste, apostolique, méthodiste, de Mormon, presbytérienne, protestante, catholique, l&rsquo;Eglise baptiste et les Témoins de Jéhovah sont exclus du mouvement.</p>

 

Témoignages

<p style="text-align: justify;"><strong>Premraj, 63 ans&nbsp;</strong></p>

<p style="text-align: justify;"><em>&laquo;Avant, j&rsquo;appartenais à une autre religion. Au fond de moi, j&rsquo;étais à la recherche de Dieu. Lorsque le missionnaire Cizeron est venu à Maurice, j&rsquo;ai été touché. C&rsquo;était ce dont j&rsquo;avais besoin&raquo;,</em> confie Premraj, fidèle de l&rsquo;Assemblée de Dieu. Issu d&rsquo;une famille nombreuse et pauvre où son père faisait du &laquo;quatre jours à Paris&raquo; (travaillant quatre jours par semaine), il ne pouvait être scolarisé. Mais il a conservé sa foi et aujourd&rsquo;hui, il est pasteur à temps plein et touche une allocation pour ce service.</p>

<p style="text-align: justify;"><strong>Priscilla, 34 ans </strong></p>

<p style="text-align: justify;">Employée des ressources humaines, Priscilla est une adepte de Light Ministries International. En quête d&rsquo;identité à l&rsquo;adolescence, elle était exposée à moult problèmes familiaux et fléaux comme l&rsquo;alcool et la violence de son papa. &laquo;<em>Je croyais en Dieu et je cherchais une sortie. Je voulais même me suicider &raquo;,</em> confie-t-elle. C&rsquo;est alors qu&rsquo;une cousine l&rsquo;invite à une réunion. Elle y participe et ressort <em>&laquo;émerveillée&raquo;</em>. <em>&laquo;Je ressentais une joie et une paix immenses. Cela fait 15 ans que j&rsquo;y suis. Ma vie est très stable depuis&raquo;</em>, indique la jeune femme, maintenant mariée et maman de trois enfants.</p>

<p style="text-align: justify;"><strong>Jennifer, 39 ans </strong></p>

<p style="text-align: justify;">Elle aussi appartenait à une autre religion. Jennifer, mariée et maman de deux enfants, est aujourd&rsquo;hui une fidèle de l&rsquo;Eglise Chrétienne. Lorsqu&rsquo;elle emménage dans une nouvelle maison, elle ne parvenait pas à dormir, ayant des cauchemars et expériences étranges. Sa mère a alors dû venir dormir chez elle pendant 3 ans. Face à cela, la jeune femme cherchait de l&rsquo;aide : sorciers, pandits, médecins mais en vain. Jusqu&rsquo;au jour où le voisin de sa maman lui parle du mouvement. Après s&rsquo;y être rendue, elle réalise que le Christ était la solution pour sa vie. Depuis Jennifer et toute sa famille sont à l&rsquo;Eglise Chrétienne.</p>