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Lakwizinn: la fulgurante ascension du couple Rawoteea-Ragavoodoo

20 octobre 2018, 22:00

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Lakwizinn: la fulgurante ascension du couple Rawoteea-Ragavoodoo

Ammanah Saya Ragavoodoo et Sanjaiye Rawoteea ne sont pas sur les estrades politiques. Ce ne sont pas des propagandistes de bas-étage qui scandent des slogans à la gloire de Pravind Jugnauth sur les murs Facebook. Leur efficacité est ailleurs. Un des plus gros portefeuilles bancaires du pays a été confié à l’époux. La femme, elle, est au front des attaques légales pour refroidir les ardeurs des opposants. Le couple Ragavoodoo-Rawoteea, marié depuis 2002, jouit de la confiance tous azimuts du Premier ministre.

C’est en 2015 que le nom d’Ammanah Saya Ragavoodoo apparaît pour la première fois dans une affaire qui concerne Pravind Jugnauth. Elle rédige en janvier de cette année-là la plainte du leader du Mouvement socialiste militant (MSM), qui réclame Rs 100 millions de dommages à l’État pour son arrestation arbitraire en décembre 2012 dans l’affaire MITD.

Ammanah Saya Ragavoodoo gagne visiblement la confiance de Pravind Jugnauth. Quatre ans plus tard, elle compte une longue liste de membres et proches du Sun Trust comme clients dans les affaires de lakwizinn. C’est elle que le commissaire de police choisit comme avouée dans l’affaire Betamax. Elle est aussi l’avouée du ministère du Logement et des Terres dans l’affaire Sun Tan, une crise constitutionnelle qui oppose l’exécutif au Directeur des poursuites publiques. Elle devient au passage une spécialiste des plaintes et mises en demeure (parfois sans suite) contre l’express.

Ravi Yerrigadoo, sir Anerood Jugnauth, Medha Ramdanee (épouse du frère de Kobita Jugnauth), Showkutally Soodhun ont tous recours aux services d’Ammanah Saya Ragavoodoo dans des plaintes et mises en demeure contre La Sentinelle. Même Basoodeo Seetaram, fournisseur de poissons à la prison, retient ses services. Entre-temps, elle est nommée au conseil d’administration d’Air Mauritius en mai 2017. Sa dernière signature figure sur la plainte en réclamation de Rs 50 millions servie à Paul Bérenger pour diffamation, déposée lundi.

L’époux d’Ammanah Saya Ragavoodoo rejoint, en novembre 2015, la SBM comme Head of Sales and Marketing, avant de grimper au poste de Head of Private Wealth, le département qui traite avec les clients super-riches et avec leurs fortunes. À la SBM, certains de ses collègues le voient comme un ambassadeur de «lakwizinn», «un intouchable». «C’est totalement insensé», répond Sanjaiye Rawoteea. «J’ai commencé ma carrière en 1999 à la Delphis Bank. J’ai ensuite enchaîné à la Bank One. J’ai fait un crochet à la SBM en 2009 et j’ai ensuite pris de l’emploi à la Barclays, où j’étais le responsable du département Premier Banking. Ce retour à la SBM est une suite logique à ma carrière.»

Êtes-vous particulièrement proche de Pravind Jugnauth ? lui demande-t-on. «Non, n’exagérez pas. Dans l’exercice de mes fonctions, j’ai eu de nombreux politiciens comme clients. Même des travaillistes. De là à dire que j’ai des ambitions politiques, c’est faux. Mon épouse est une professionnelle. Elle a encore moins d’ambitions politiques que moi. Idem dans l’exercice de ses fonctions. Elle a été appelée à travailler avec des membres du MSM. Cela ne fait pas d’elle un membre de lakwizinn.» (NdlR, cependant, un homme très proche de Pravind Jugnauth nous a confié que Sanjaiye Rawoteea entretient la même proximité que lui avec le Premier ministre).

L’époux d’Ammanah Saya Ragavoodoo étant d’humeur loquace, on arrive même à aborder l’épineuse question de l’affaire Pabari avec lui. Ce groupe kenyan a eu droit à un prêt de Rs 900 millions de la SBM, faisant prendre à la banque d’énormes risques qui ont plombé les profits et la valeur boursière du groupe. Selon les mauvaises langues à la SBM, Sanjaiye Rawoteea serait aussi concerné par cette affaire, mais sa proximité avec Pravind Jugnauth lui a valu d’être exempté de toute sanction. Cela, alors que le Chief Executive Officer de la SBM, Raj Dussoye, a été limogé et que Vikram Dabee, un autre cadre, fait, lui, face à un comité disciplinaire.

«Encore une fois, c’est insensé. Je travaille avec des individus. Pabari est un client corporate du département International Banking. Je ne les connais pas. Je ne les ai jamais rencontrés », avance Sanjaiye Rawoteea