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Alain Cérène: le médecin au grand cœur

20 octobre 2018, 17:54

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Alain Cérène: le médecin au grand cœur

À l’âge de 47 ans, Tarkeswar Buldawo était entre la vie et la mort. «J’avais des douleurs atroces au bras gauche et à la poitrine et j’étais souvent essoufflé. Je me suis rendu à l’hôpital du Nord. On n’avait même pas de centre cardiaque alors. Le Dr Balgobin m’a examiné et son verdict est tombé.» Cet habitant de Crève-Coeur, âgé aujourd’hui de 71 ans, avait à l’époque trois artères bouchées. Une intervention chirurgicale était urgente. Selon le médecin, l’opération pouvait être effectuée à Maurice. Hélas, énormément de patients étaient en attente. Son ultime espoir : la venue d’une équipe de chirurgiens étrangers.

Exerçant alors comme enseignant, Tarkeswar Buldawo a toutes les peines du monde à travailler. Son attente dure quatre mois. Entre-temps, la direction de l’établissement scolaire lui apporte son soutien pour alléger son emploi du temps. En septembre 1996, le professeur Alain Cérène et son équipe arrivent à la rescousse. «Je ne savais pas qui c’était. J’apercevais juste un grand bonhomme passer de temps à autre dans la salle. Le 23 septembre, j’ai été opéré», raconte l’ancien patient.

Tarkeswar Buldawo a été opéré en septembre 1996 par le professeur français

Quelques heures plus tard, il reprend connaissance pendant quelques instants aux soins intensifs avec son médecin traitant à ses côtés. Il se rendort. Et le lendemain, c’est Alain Cérène qui l’assiste à son réveil. «Il m’a parlé et expliqué qu’on m’avait débouché trois artères. Il m’a alors dit de prendre des précautions et que tout irait bien désormais », se souvient-il.

Ce jour est resté gravé dans sa mémoire. «Je lui dois la vie. Depuis cette intervention, je n’ai jamais eu de problème de santé et je me porte très bien», confie Tarkeswar Buldawo, qui savoure maintenant les joies de sa retraite. Comme lui, environ 298 Mauriciens, enfants et adultes, ont été opérés par le professeur Cérène, indique le Dr Sunil Guness, directeur du Centre cardiaque. Ce dernier l’a rencontré lors de sa formation en chirurgie cardiaque à Nantes.

«De 1987 à 1996, une équipe qu’il menait venait à Maurice. Au total, le professeur Cérène a effectué 11 visites. Il a été un des pionniers de la chirurgie cardiaque à Maurice», indique-til. Les interventions portaient sur des malformations et des rhumatismes cardiaques, ainsi que sur les pontages coronariens. Sans ces missions des médecins français, il fallait se rendre en Afrique du Sud. Et seulement les personnes aisées pouvaient se le permettre, fait ressortir le Dr Sunil Guness.

Plusieurs spécialistes mauriciens assistaient l’équipe française à l’époque, ce qui contribuait à leur formation. Selon notre interlocuteur, le professeur a également été la cheville ouvrière de l’institution du Centre cardiaque vers 1996. En effet, une équipe locale de chirurgiens a pu être constituée.

Même au-delà de son service, le professeur Cérène restait disponible, ajoute le Dr Sunil Guness. «Je le rencontrais lors des congrès et il faisait toujours des éloges de Maurice. Il aimait beaucoup les enfants et avait fait venir des petits mauriciens à Toulouse pour des interventions à la suite d’une collaboration de l’association Enfance et Partage.»

De son côté, Marie-Josée Sinapoulay, alors instrumentiste (NdlR, personne qui prépare et présente au chirurgien les instruments nécessaires au cours de l’intervention), se souvient des premières interventions. «C’était un grand moment. Le professeur Cérène a beaucoup fait pour les enfants mauriciens », affirme-t-elle.

Employée à l’administration au Centre cardiaque désormais, elle soutient qu’en 1986, 24 enfants avaient été opérés. L’année suivante, ce nombre était de 26, puis de 30 en 1988, avec des augmentations progressives. «Nous avons eu la chance qu’il introduise ces chirurgies à Maurice. Il a sauvé beaucoup de vies», conclut-elle.