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Dubaï Papers: Géraldine Whittaker est une «cliente» de la SBM

18 octobre 2018, 22:12

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Dubaï Papers: Géraldine Whittaker est une «cliente» de la SBM

Elle est soupçonnée par les autorités belges, entre autres, d’être la bénéficiaire d’un détournement de fonds de Rs 4 milliards et d’avoir opéré une structure de blanchiment d’argent à Dubaï. «L’express» apprend que Geraldine Whittaker est bénéficiaire d’un «trust» qui opère un compte à la State Bank of Mauritius (SBM)…

Maurice n’est pas au bout de ses peines dans les secteurs financier, offshore et bancaire. Les juridictions suisses, belges, françaises et dubaïotes ont lancé une vaste investigation internationale après les révélations du journal français l’Obs, que ce dernier appelle les Dubaï Papers. Au-delà du blanchiment selon le schéma classique (argent liquide déposé en banque, transféré plusieurs fois d’un trust opaque à un autre pour déconnecter les fonds du titulaire), cette volumineuse documentation démontre aussi que le groupe Helin, basé aux Émirats arabes unis, a détourné au moins €102 millions vers Maurice.

Cet argent appartiendrait aux rares clients «propres» de Helin qui cherchaient simplement à fructifier leur fortune. Après avoir consulté une série de ces documents, l’express est en mesure de révéler que celle que l’Obs présente comme étant à la tête de ce réseau, la Britannique Geraldine Whittaker, est par extension l’ultime bénéficiaire d’un trust, PS&S, qui opère un compte à la SBM. Une source non officielle à la SBM a corroboré l’existence de compte.

Le bénéficiaire direct de PS&S est une compagnie dubaïote du nom de Boganyi, qui opère des comptes omnibus qui mènent tous à Géraldine Whittaker. Le montant du compte de PS&S à la SBM n’est pour l’heure pas encore connu. Mais il intéresse déjà les autorités internationales qui enquêtent sur les révélations des Dubaï Papers. Un recours à la justice mauricienne pour faire bloquer le compte n’est pas à écarter.

Quelle incidence ?

Si ce scénario ne devrait pas inquiéter outre mesure la stabilité financière de la SBM, qui malgré tous les récents scandales et une chute de sa valeur boursière reste plus ou moins solide tant financièrement qu’en termes d’actifs, la question de due diligence et de proper source of funds risque bien de provoquer des remous.

«Un trust est perçu comme une structure opaque. Mais il n’échappe pas à la règle de due diligence d’une banque s’il veut y ouvrir un compte. La banque doit exiger que les trustees communiquent les noms des bénificiaires», explique une source bancaire. PS&S avait-il passé le test de due diligence et proper source of funds ? Nous avons posé la question dans un émail au responsable de communication de la SBM hier. Nous attendons la réponse officielle de la banque. En tout cas, depuis les années 2000, Geraldine Whittaker accumule les red flags. Elle est par exemple, dans plusieurs structures, associée au prince belge Henri de Croÿ. Celui-ci a été au cœur du plus grand scandale financier belge avec un préjudice de € 75 millions causé à l’État. Le «prince noir» a finalement été acquit- té, mais selon l’Obs, une source judiciaire a qualifié l’affaire de «vraie mafia financière internationale».

Le compte du trust de Whittaker à la SBM n’est hélas qu’une des nombreuses liaisons de Maurice avec Helin et les Dubaï Papers. Deux autres banques mauriciennes, détentrices de licences bancaires émises par la Banque de Maurice, ont aussi traité avec la structure dubaïote. Statistiquement, seul un client de Helin sur dix, serait «clean». Les risques de tomber sur des formules de blanchiment via Maurice, ou même littéralement de fortunes mauriciennes, sont donc élevés.

Parallèlement, les Dubaï Papers sont en train de complètement relancer l’enquête des autorités françaises sur une affaire d’État : la très médiatisée Areva.