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Manish Lobin: «Plus de 300 incidents liés aux réseaux sociaux ont été rapportés depuis mars»

17 octobre 2018, 00:00

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Manish Lobin: «Plus de 300 incidents liés aux réseaux sociaux ont été rapportés depuis mars»

Le gouvernement a décidé d’apporter une nouvelle réglementation par rapport aux réseaux sociaux. Manish Lobin du NCB souligne que les jeunes et les femmes au foyer comptent parmi les victimes de délits, qui sont légion sur ces plateformes.

Quel constat faites-vous de la situation à Maurice ?
CERT-MU a constaté une augmentation du nombre de comptes Facebook qui sont falsifiés ou piratés. Ces cas ont été signalés principalement par des jeunes. Nous avons également constaté que les jeunes utilisent abusivement les réseaux sociaux pour leurs propres motivations ou pour harceler leurs camarades d’école. En outre, plusieurs cas d’escroquerie ont aussi été rapportés. Ceux-ci auraient été initiés à travers les réseaux sociaux.

Quels sont les délits les plus courants ?
Faux comptes, comptes piratés, sextorsion, harcèlement en ligne…

La sextorsion implique quoi exactement ?
C’est un phénomène qui prend de l’ampleur à Maurice. La sextorsion consiste à envoyer des photos ou vidéos «indécentes» à une personne sur Facebook et qui, à son tour, commence à faire du chantage. Nous avons référé plusieurscas à la Cybercrime Unit de la police. Nous recevons trois à quatre plaintes pour des cas sextorsion par semaine. Ce qui est très inquiétant, sachant que ce sont surtout des jeunes qui y sont impliqués. Nous constatons aussi que cela commence à concerner les femmes au foyer qui sont sur Messenger. Ces dernières n’ont pas forcément conscience des dangers. Je pense qu’à ce niveau, il faut une réelle sensibilisation.

Une plateforme a été créée au niveau du NCB pour rapporter des abus. Combien de plaintes a-t-elle enregistrées à ce jour ?
MAUCORS (NdlR, Mauritian Cybercrime Online Reporting System) est une plateforme en ligne mise en place par CERT-MU pour rapporter des incidents de cyber sécurité. Il a été lancé en mars 2018. Et à ce jour, plus de 300 incidents liés aux réseaux sociaux ont été rapportés sur MAUCORS.

Comment procédez-vous à partir de là ?
On a une working relation avec Facebook qui nous permet de faire enlever des faux profils, entre autres. Mais il faut dire qu’aucune autorité n’a de contrôle sur ce qui se passe sur le réseau social. Et Facebook n’autorise aucun autre organisme à enlever quoi que ce soit. Des fois, les requêtes peuvent prendre 24 heures ou dans certains cas, jusqu’à deux à trois semaines. Nous rapportons au moins quatre cas de faux profils par jour.

Donc, il reste difficile de réglementer les réseaux sociaux ?
Il existe des outils techniques disponibles qui pourraient être utilisés pour filtrer le contenu des réseaux sociaux. Pour réglementer les réseaux sociaux, des lois seront nécessaires. Je crois que des peines plus sévères, comme pour les infractions routières, peuvent aider les Mauriciens à prendre conscience des dangers liés aux réseaux sociaux car ils n’en ont très souvent aucune notion.

Mais encore une fois, il est difficile de contrôler tout sur ces plateformes. Facebook, par exemple, agit uniquement si le délit rapporté enfreint ses propres terms and policies. Le cas échéant, personne n’y peut rien.

Même chose pour les «fake news» ?
Exactement, c’est une tricky issue également car Maurice étant une démocratie, chacun a le droit d’exprimer son opinion. À ce stade, rien ne semble pouvoir combattre les fake news.

Dans quelle mesure le NCB va-t-il aider dans l’élaboration de cette nouvelle loi ?
Un document d’opinion sur les réseaux sociaux a été rédigé par la Law Reform Commission et le NCB n’a pas été consulté jusqu’à présent au sujet des amendements qui y ont été apportés. Toutefois, le NCB est prêt à contribuer à cet exercice.