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Brexit: Dominic Raab à Bruxelles, les négociations s’intensifient

14 octobre 2018, 21:31

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Brexit: Dominic Raab à Bruxelles, les négociations s’intensifient

Les négociations du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne se sont intensifiées dimanche, avec une série de réunions organisées à la dernière minute à Bruxelles, à trois jours d’un sommet européen crucial.

Le ministre britannique en charge du Brexit, Dominic Raab, a décidé de se rendre personnellement dimanche à Bruxelles pour rencontrer le négociateur en chef de l’UE, le Français Michel Barnier, au siège de la Commission européenne.

«Avec plusieurs problèmes importants qui restent à résoudre», dont la question du sort de la frontière irlandaise, «il a été convenu que des discussions en face-à-face étaient nécessaires en amont du sommet européen», a déclaré un porte-parole de son ministère.

Des sources diplomatiques ont indiqué à l’AFP que les ambassadeurs des pays européens auprès de l’UE avaient été convoqués de leur côté pour une réunion à 18h30 (heure de Bruxelles), qui n’était elle non plus pas programmée.

«Il vont faire le point», mais à ce stade les Britanniques «ne semblent pas encore prêts à toper» pour un accord, a indiqué une de ces sources.

Il y a encore quelques «grands problèmes» à résoudre, a indiqué de son côté une source gouvernementale britannique.

«C’est dans l’intérêt de l’UE de faire croire qu’il y a un accord », a ajouté cette source, estimant qu’il s’agissait de donner l’impression que ce sont les Britanniques qui sont «intransigeants».

- May sous pression -

Cette accélération des négociations a lieu à quelques jours du Conseil européen des 17 et 18 octobre, qui devait initialement marquer la fin des négociations, à moins de six mois du Brexit, prévu le 29 mars 2019.

Mais les deux parties semblent désormais plutôt miser sur un nouveau sommet à la mi-novembre pour conclure... si tout se passe bien.

La Première ministre britannique, Theresa May, réunira mardi, à la veille du sommet, ses principaux ministres pour évoquer notamment la question explosive de la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, devenue la principale difficulté des négociations.

Plusieurs ministres menacent de démissionner, rapporte la presse britannique, si Mme May ne revoit pas ses plans.

L’ancien ministre en charge du Brexit, David Davis, qui avait lui-même démissionné en juillet, a appelé les membres du gouvernement à «exercer leur autorité collective» face aux «défauts fondamentaux» de la stratégie de la Première ministre, dans une tribune publiée par le Sunday Times.

Londres s’est engagé à ne pas réinstaurer de frontière physique sur l’île d’Irlande, afin de préserver l’accord de paix du Vendredi saint signé en 1998. Mais cet engagement se heurte à sa volonté de quitter le marché unique et l’union douanière européenne, qui rend en théorie inévitables des contrôles des marchandises à la frontière irlandaise.

Mme May propose de maintenir un «arrangement douanier temporaire» entre le Royaume-Uni et l’UE, jusqu’à l’émergence d’une solution pérenne garantissant qu’il n’y aura pas de retour d’une frontière physique.

Mais au sein de son parti conservateur, cette option a été balayée par les eurosceptiques, qui craignent qu’elle ne devienne permanente et empêche la conclusion d’accords commerciaux avec des pays tiers. «Temporaire signifie éternel», a lancé samedi le député Jacob Rees Mogg.

- 'Annexion permanente' -

Et du côté de l’UE, les négociateurs veulent à tout prix éviter que le Royaume-Uni ne cherche à obtenir un accès «à la carte» au marché unique et à l’espace douanier européen, sans les obligations qui y sont liées.

Michel Barnier insiste ainsi pour obtenir l’engagement ferme que, faute de meilleure solution lors des négociations sur la relation future entre l’UE et Londres, l’Irlande du Nord seule restera dans l’union douanière et le marché unique.

Mais cette solution créera une nouvelle frontière de fait, cette fois-ci entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, proteste le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, indispensable à la majorité au parlement du gouvernement de Mme May.

Ce serait une «annexion permanente de l’Irlande du Nord, qui sortirait du Royaume-Uni, et nous laisserait pour toujours soumis à des règles écrites sans que nous ayons notre mot à dire», a déploré sa dirigeante, Arlene Foster, dans une tribune publiée samedi par le Belfast Telegraph.

Alliés du parti conservateur, les 10 députés du DUP apportent au gouvernement le complément indispensable pour qu’il dispose d’une majorité absolue au Parlement de Westminster. Le parti est désormais «prêt pour un scénario (de sortie) sans accord», rapporte dimanche The Observer.

Pour dissiper les inquiétudes, une prolongation de la période de transition post-Brexit, pendant laquelle le Royaume-Uni restera dans le marché unique et l’union douanière, aurait été discutée à la table des négociations, selon plusieurs médias britanniques.

Cette transition est normalement censée s’achever fin décembre 2020. La prolonger alourdirait la facture du divorce à régler par Londres, ont déjà mis en garde des élus eurosceptiques du parti conservateur britannique.