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Patrimoine: le Caudan livre encore des secrets

6 octobre 2018, 18:09

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Patrimoine: le Caudan livre encore des secrets

La pelleteuse creuse au bord de la route menant au Caudan. C’est un vase noir qui remonte à la surface, de cinq à six mètres de profondeur.

La boue de ce chantier est riche d’artefacts, vestiges du passé historique de cette région de Port-Louis. Owen Griffiths, défenseur du patrimoine, indique que de la porcelaine, des coquillages, des bouteilles ont été retrouvés à cet endroit. «Un premier avis d’expert estime que les fragments de poterie datent de 1750 aux années 1900», dit-il.

Des ossements d’animaux (vache, mouton entre autres) ont aussi refait surface. Pour en savoir plus, il faudrait traiter l’énorme quantité de boue remuée par ce chantier. «C’est un site qu’il faut à tout prix valoriser», estime-t-il. Le National Heritage Fund a été sollicité. Interrogé, un responsable de Metro Express Ltd a indiqué ne pas avoir d’informations à ce sujet.

Le passé militaire

Philippe La Hausse de La Louvière de la Société de l’Histoire et ancien président du National Heritage Fund se base sur des plans de Port-Louis datant du XVIIIe et du XIXe siècle, pour rappeler le passé militaire de cette partie de la capitale, du Caudan aux rues Reine et Farquhar. D’abord au temps des Français, ensuite avec la présence de la Royal Artillery et des Royal Engineers, «ceux qui ont fait le port et les fortifications », explique Philippe La Hausse de La Louvière.

Le site où les objets ont été retrouvés.

Ces militaires étaient postés aux Casernes centrales et au Fort Adelaide (La Citadelle). Leur atelier se trouvait dans la région du Caudan qui est en chantier. «C’est là qu’étaient entreposés les canons, les boulets, l’artillerie pour la défense du port.» Il souligne que l’un des autres vestiges de cette époque, ce sont les pierres taillées d’un ancien quai, à fleur d’eau, sur la route menant au Caudan. «C’est sur ce quai qu’étaient débarqués les équipements. Comme c’est une région vaseuse, des chaloupes accostaient avec les équipements. Cela a servi pendant au moins un siècle et demi.» Une zone très active qu’il qualifie de «mine».

Onze canons récupérés lors de la construction du Waterfront

Cette terre est riche en artefacts.

René Leclézio, CEO de Property and Development, mis au courant de la présence d’artefacts dans le chantier voisin de celui du Caudan Arts Centre (également en construction), affirme avoir à son tour «demandé à General Construction de voir ce qu’il en est auprès de l’entrepreneur, Pad Co».

Il confirme qu’au moment de la construction du Caudan Waterfront, entre décembre 1994 et novembre 1996, «on a retrouvé 11 canons, ainsi que des ancres de bateaux». À l’époque, c’est Yan von Arnim, spécialiste d’archéologie sous-marine, qui a contribué à gérer ces vestiges. «Ces canons ont été traités chez Forges Tardieu. Certains ont été donnés au musée de Mahébourg et à ceux qui avaient de l’intérêt pour cela.» Il précise que si l’idée était venue d’installer ces canons sur le site du Caudan, «à l’époque, c’était difficile. On avait peur des canons qui étaient restés 300 ans sous terre».