Publicité

Présidentielle au Cameroun: deux opposants se coalisent contre le président Biya

6 octobre 2018, 11:26

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Présidentielle au Cameroun: deux opposants se coalisent contre le président Biya

Deux candidats de l’opposition se sont coalisés, pour la première fois depuis 1992, contre le président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 1982 et qui brigue lors de l’élection de dimanche un 7e mandat consécutif.

L’un des candidats de l’opposition à l’élection présidentielle, Akere Muna, a décidé de se retirer et d’apporter son soutien à un autre opposant, Maurice Kamto.

«Akere Muna accepte de retirer sa candidature à la Présidence de la République (...) et de soutenir Maurice Kamto», déclare un communiqué publié vendredi soir, à moins de 48 heures du scrutin, et signé par le porte-parole d’Akere Muna, Paul Mahel.

M. Muna faisait partie des huit candidats qui affronteront dimanche le président sortant Paul Biya, 85 ans.

C’est la première fois depuis l’élection présidentielle de 1992 que deux opposants se liguent contre M. Biya.

«Ce ralliement, intéressant pour la vitalité de la vie politique camerounaise, pourrait arriver trop tardivement pour créer une dynamique de fond», a déclaré à l’AFP Hans de Marie Heungoup, chercheur au centre d’analyses International Crisis Group (ICG).

Maurice Kamto, ancien ministre délégué à la Justice entre 2004 et 2011, a fondé son parti politique en 2012. Il fait figure d’opposant de poids, selon les analystes.

Avocat au barreau de Paris, il a notamment négocié avec succès pour le Cameroun le contentieux territorial avec le Nigeria sur la presqu’île de Bakassi.

Ses partisans estiment que son expérience au sein de l’appareil d’Etat est un atout. Ses détracteurs n’hésitent pas à critiquer son soutien passé à Paul Biya.

Akere Muna est l’ancien bâtonnier du Cameroun et fondateur de la branche camerounaise de l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International.

Il était lui aussi considéré comme un opposant de poids, malgré une campagne plus timorée.

Milliers d’affiches

Le président Biya, invisible physiquement durant la campagne hormis un meeting dans la région de l’Extrême-Nord samedi, est néanmoins omniprésent: des milliers d’affiches à son effigie ont été collées partout dans le pays depuis le début de la campagne.

Cela faisait plusieurs jours que des rumeurs couraient sur la formation d’une coalition de plusieurs candidats de l’opposition.

D’autres candidats à l’élection présidentielle ont évoqué l’idée d’une coalition, notamment le candidat du principal parti d’opposition Joshua Osih, sans que cela ne se concrétise pour l’heure.

Vendredi matin, le camp de M. Kamto a accusé le pouvoir en place de préparer une fraude en vue du scrutin de dimanche.

Une «fraude massive est en train d’être organisée avec la caution d’Elecam», l’organe chargé d’organiser le scrutin, a affirmé Paul-Eric Kingue, directeur de campagne de M. Kamto, lors d’une conférence de presse à Yaoundé.

«Nous n’accepterons aucun résultat si ce type de fraude continue», a ajouté ce porte-parole.

Selon le parti de M. Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), il y a des cas de falsification de cartes d’électeurs et des enregistrements sur les listes électorales toujours en cours alors que le processus officiel est terminé.

«Partout où il y aura de la fraude», il y aura des «réactions fermes», a déclaré M. Kingue.

Le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a répondu que «toutes les mesures ont été prises (...) pour prévenir tout acte de violence de nature à perpétrer des violences et à créer un climat de désordre».

Sans citer nommément M. Kamto ou un autre, le ministre a accusé «des acteurs politiques associés à des intérêts étrangers» de préparer «des troubles violents».

«En tentant d’organiser le chaos, ils risquent d’être désagréablement surpris», a-t-il prévenu dans un communiqué obtenu par l’AFP, indiquant que Yaoundé «ne tolérera aucun désordre avant, pendant et après l’élection présidentielle».

Le scrutin se tiendra dans un contexte sécuritaire tendu, avec un conflit armé dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et les assauts répétés des jihadistes de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord.