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Commission Caunhye: «Des membres d’ONG n’ont normalement pas accès aux facilités VIP»

5 octobre 2018, 08:06

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Commission Caunhye: «Des membres d’ONG n’ont normalement pas accès aux facilités VIP»

Oui, le bureau de la présidence, par le biais du bureau du Premier ministre, a fait en sorte qu’Álvaro Sobrinho ainsi que ses proches et les autres représentants de l’organisation non gouvernementale (ONG) Planet Earth Institute (PEI) bénéficient de facilités à l’aéroport. Des facilités comme l’accès VIP et le stationnement de véhicules, à leur arrivée tout comme à leur départ du pays. Auditionné par le juge Asraf Caunhye, hier, jeudi 4 octobre, Tamanah Appadu, secrétaire permanent au ministère de l’Intérieur, placé sous la tutelle du Premier ministre, a détaillé en long et en large les arrivées et départs par l’accès VIP de l’homme d’affaires portugais, de l’épouse de ce dernier ainsi que d’autres «invités» d’Ameenah Gurib-Fakim.

D’ailleurs, après une absence remarquée ces dernières semaines, l’ex-présidente de la République a repris le chemin de la cour no 4. Ce, pour la suite des auditions, sur la commission d’enquête mort née qu’elle a instituée en plein scandale Platinum Card, en outrepassant le conseil des ministres.

Dans la foulée, le haut fonctionnaire a révélé que des membres d’ONG n’ont normalement pas accès aux facilités VIP et que le Secretary for Home Affairs d’alors, en avait informé le bureau de la présidence. Lui demandant donc de confirmer s’il s’agit des «special guests de la présidente».

Toutefois, dans une réponse officielle à cela le 29 avril 2016, le secrétaire à la présidence d’alors, Dass Appadu, finira par convaincre le Secretary for Home Affairs d’alors que le «philanthrope de renom» qu’est Álvaro Sobrinho «a investi à Maurice dans des fonds d’investissement et de gestion déjà validés par la Financial Services Commission». Que le PEI où Ameenah Gurib-Fakim siège comme vice-présidente est une «highly reputable institution» et que sa mission à Maurice est «en ligne avec la vision du Premier ministre». Sans compter qu’il octroiera des bourses de doctorat aux Mauriciens. Le bureau du Premier ministre a ainsi continué à agréer aux requêtes de la présidence.

 (1er rang) Lord Boateng, trustee du PEI, Ameenah GuribFakim et Álvaro Sobrinho. (2nd rang) Mauricio Fernandes, CEO du PEI, sir Magdi Yacoub, chirurgien et trustee du PEI, et sir Christopher Edwards, trustee du PEI et universitaire.

Des trois dossiers concernant les «special guests» de l’ex-présidente déposés par Tamanah Appadu à la commission, un seul a été parcouru, hier. Il concerne les arrivées au pays, du 1er octobre 2015 au 10 février 2017, d’Álvaro Sobrinho. Durant cette période, 15 requêtes pour des facilités à l’aéroport, le concernant, ont été faites. De cette liste, qui dévoile aussi les noms des autres «special guests» d’Ameenah Gurib-Fakim, il ressort surtout que l’Angolais controversé était un visiteur plus que régulier.

Avant de lever la séance, Asraf Caunhye a dit à Tamanah Appadu qu’il devra revenir pour parcourir les deux autres documents. Les travaux ont été ajournés au 11 octobre à 14 h 30.

La vérité embellie de Gurib-Fakim

«We have now placed the first 10 researchers in leading universities supervised by some of the best scientists in the world.» Propos d’Ameenah Gurib-Fakim dans une lettre envoyée au président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, en septembre 2016. Elle y a fait une demande pour que la République du Portugal soit un partenaire du Planet Earth Institute (PEI). Pourtant, en septembre 2016, ces 10 chercheurs n’avaient pas été placés dans des universités ; aujourd’hui encore, pour beaucoup, cette bourse est restée une promesse.

Dans la lettre, Ameenah Gurib-Fakim affirme que la Banque mondiale est un partenaire du PEI. Or, dans les correspondances entre Ameenah Gurib-Fakim et Mauricio Fernandes, lues par Motichand Seebah lors de son audition la semaine dernière, l’on comprend que le partenariat entre la Banque mondiale et le PEI a pris fin en février 2016.

L’ex-présidente demande des sponsors

<p>Il n&rsquo;y a pas que vers le Portugal que s&rsquo;est tournée <a href="https://www.lexpress.mu/article/340453/commission-caunhye-gurib-fakim-utilise-presidence-pour-lobby-pei" target="_blank">Ameenah Gurib-Fakim pour trouver des sponsors au PEI</a>. L&rsquo;ancienne présidente de la République a aussi envoyé des correspondances aux chefs d&rsquo;entreprise d&rsquo;une quinzaine de firmes mauriciennes réputées. Soit Daniel Giraud, ex-CEO de Médine, Salim Ismael, CEO de Socota, Jacques d&rsquo;Unienville, CEO d&rsquo;Omnicane, Michel de Spéville, président exécutif d&rsquo;Eclosia, Donald Payen, Executive Vice-President d&rsquo;Air Mauritius, Ravin Dajee, directeur général de la Barclays, Pierre-Guy Noël, numéro 1 de la MCB, Eric Charoux, directeur du Charles Telfair Institute, Arnaud Lagesse, CEO d&rsquo;IBL ainsi qu&rsquo;à des représentants de KPMG, la MauBank ou encore la HSBC.</p>

<p><strong>Les arrivées de l&rsquo;angolais en date</strong></p>

<p>Le 4 octobre 2015</p>

<p>&nbsp;L&rsquo;homme d&rsquo;affaires est accompagné de José Pinto et de Mauricio Fernandes. Ce dernier est accompagné de son épouse et de sa fille.</p>

<p>Le 20 novembre 2015</p>

<p>Sobrinho voyage avec son épouse Ana Madaleno ainsi que José et Marcia Pinto.</p>

<p>Le 15 janvier et le 21 février 2016</p>

<p>&nbsp;Il arrive avec José Pinto.</p>

<p>&nbsp;Le 4 avril 2016</p>

<p>&nbsp;C&rsquo;est au tour de Mauricio Fernandes de débarquer.</p>

<p>&nbsp;Le 13 avril 2016</p>

<p>Il débarque avec Ana Madaleno et Joana Madaleno. Ils sont rejoints au VIP Lounge par James Knight, le directeur de communication du PEI, et José Pinto.</p>

<p>5 avril 2016</p>

<p>Álvaro Sobrinho 1er mai 2016 Álvaro Sobrinho</p>

<p>2 mai 2016</p>

<p>Ana Madaleno arrive.</p>

<p>16 juin 2016</p>

<p>Dans le cadre du Women&rsquo;s Forum tenu à l&rsquo;hôtel Sugar Beach, Álvaro Sobrinho est accompagné de David Madaleno, d&rsquo;Ana Madaleno et de Joana Madaleno.</p>

<p>19 juin 2016</p>

<p>&nbsp;Lord Paul Boateng et Lady Janet Boateng. Débarque aussi un certain Joao Martin.</p>

<p>&nbsp;13 juillet 2016</p>

<p>&nbsp;Joana Madaleno</p>

<p>15 juillet 2016</p>

<p>&nbsp;Álvaro Sobrinho</p>

<p>17 juillet 2016</p>

<p>&nbsp;Ana Madaleno</p>

<p>&nbsp;11 août 2016</p>

<p>&nbsp;Ana Madaleno</p>

<p>14 août 2016</p>

<p>Álvaro Sobrinho et José Pinto</p>

<p>5 octobre 2016</p>

<p>Álvaro Sobrinho</p>

<p>1er novembre 2016</p>

<p>&nbsp;Álvaro Sobrinho et José Pinto, présenté comme le Financial Controller d&rsquo;ASA Group. Il est précisé qu&rsquo;ASA investit plus de 700 millions dans le secteur du Global Business à Maurice et que le groupe, à travers son organisation philanthropique PEI, offre dix bourses d&rsquo;un montant de 1 million de dollars américains aux Mauriciens pour un doctorat dans des universités sud-africaines.</p>

<p>Le 14 novembre 2016</p>

<p>Il arrive de Dubaï. Il repart le 18 novembre avant de revenir le 20 novembre.</p>

<p>&nbsp;30 décembre 2016</p>

<p>&nbsp;Il est accompagné de son épouse. Le 14 février 2017 Il arrive avec le Dr Rodriguez</p>

<p><strong>Me Duval à Seebah : &laquo;Did you drop in to say Madam this is not correct?&raquo;</strong></p>

<p>Me Hervé Duval qui représente les intérêts d&rsquo;Ameenah Gurib-Fakim a contre-interrogé Motichand Seebah hier. Il a voulu savoir si ce n&rsquo;était pas son rôle en tant que chef de l&rsquo;administration de la State House de conseiller l&rsquo;ex-présidente ou de tirer la sonnette d&rsquo;alarme lorsque celle-ci fait quelque chose de mal. Que ce soit sur la <em>special team</em> de l&rsquo;ex-présidente, du site Web, du compte Facebook de la présidence, des communiqués émis en plein scandale Platinum Card ou sur la lettre rédigée par Mauricio Fernandes, CEO de PEI, sous l&rsquo;en-tête de la présidence. &laquo;<em>Did you drop in to say Madam this is not correct?&raquo;</em> lui a demandé le <em>Senior Counsel.</em></p>

<p>Le secrétaire à la présidence devait notamment répliquer que durant cette période spécifique, Ameenah Gurib-Fakim n&rsquo;opérait qu&rsquo;avec sa <em>special team</em>, et qu&rsquo;à chaque fois qu&rsquo;il demandait à la voir, les gardes du corps lui disaient que celle-ci était occupée. Par contre, auparavant, il pouvait accéder au bureau de celle-ci à n&rsquo;importe quel moment. Il a aussi déclaré qu&rsquo;il ne peut répondre en ce qui concerne des faits survenus lorsqu&rsquo;il n&rsquo;était pas encore affecté à la State House.</p>