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Hippisme: l’enfant de Tranquebar Jeanot Bardottier vit un «conte de fées» à Munich

21 septembre 2018, 21:19

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Hippisme: l’enfant de Tranquebar Jeanot Bardottier vit un «conte de fées» à Munich

Voué aux gémonies par le Mauritius Turf Club (MTC) en raison d’un «riding record» qui allait de mal en pis, Jeanot Bardottier, interdit chez les «pros» au Champ-de-Mars l’année dernière, s’éclate sur la scène européenne. L’enfant de Tranquebar se fait une place au soleil de Munich depuis son départ de Maurice.
Embauché par l’entraîneur allemand Micheal Figge, Jeanot Bardottier dit vivre «un conte de fées». Qui l’a conduit, la semaine dernière, à Paris Longchamp, où il est devenu le premier jockey mauricien à monter en courses. Zoom sur le quotidien de «Mr Pédalé».


La fraîcheur dans la voix. Tout fier mais pas hautain. Jeanot Bardottier est catégorique : «Je suis très bien ici.» Ayant élu domicile à quelques mètres seulement de l’hippodrome de Reims à Munich, il n’a qu’une clôture à franchir pour se rendre sur son lieu de travail.

Fini les extravagances au volant de sa voiture, arrivant en quatrième vitesse aux entraînements matinaux à Port-Louis. Devenu «star» du jour au lendemain au Champ-de-Mars, il découvre désormais la simplicité et les bienfaits de celle-ci. Et se rend compte où la discipline peut le conduire. De Munich, il est parti monter en France et en Italie en l’espace d’une semaine.

«Mo ti avoy mo CV partou partou»

Mais comment a-t-il atterri à Munich ? «Mo ti avoy mo CV partou partou.» Et un beau jour, une offre est venue d’Allemagne. «J’aurais dû partir plus tôt, mais j’ai eu des soucis avec le permis de travail.»
Mai 2018. L’enfant de Tranquebar fait une croix sur le Champ-de-Mars. Quitte à y revenir plus tard. Direction : Allemagne. Il signe pour l’entraîneur Micheal Figge, pour lequel il est le «leading jockey» d’une écurie «moyenne». «Il n’a pas une grosse écurie, avec une vingtaine de chevaux, mais le challenge était intéressant.»


Reste que le statut de Petit Poucet de cet entraîneur ne l’a pas empêché de faire courir deux chevaux à Paris Longchamp le mercredi 12 septembre : Jacksun et Miss England. Et Bardottier se voit réaliser un autre rêve, celui de monter sur cette prestigieuse piste. Si les résultats n’ont pas suivi, le Mauricien estime que ce n’est que partie remise. Il prend goût au haut niveau et espère y revenir un jour.

De Paris, il revient à Munich avant de s’envoler pour l’Italie où une 4e place l’attend sur la pouliche Lovelett. Sa carrière prenant, du coup, l’allure d’un globe-trotter !

Au Champ-de-Mars, outre les fautes d’interférence qui le contraignent à purger de longues suspensions, Jeanot Bardottier peinait souvent à monter sous la barre de 58 kg. Et c’est à ce niveau que les exigences du haut niveau ont eu raison des errements qui freinaient la progression du Mauricien au Champ de-Mars. «Vous n’êtes pas sans savoir que je peinais à monter à 57 kg à Maurice. Ici, j’ai mené un combat sans relâche contre ce handicap et aujourd’hui je monte à 54,5 kg.»

 «Aster difé!»

Il attribue ce progrès au fait qu’il monte régulièrement en compétition, contrairement à Maurice. «Aster difé», prévient-il non sans reconnaître l’apport d’une alimentation plus équilibrée. Donc, un mode de vie plus discipliné. Fini les dholl puri du matin à Port-Louis et le tour des restos dans la soirée !

La cerise sur le gâteau ? L’aventure allemande va se prolonger d’une année pour «Mr Pedalé», vu que son employeur vient de renouveler son contrat. Épaulé par trois apprentis ainsi que par «quelques amateurs», Bardottier dit être «a happy man». Entre l’oreille attentive de son entraîneur et l’épanouissement de sa petite famille en terre étrangère, il ne peut rêver mieux.
Qui plus est, ses prestations en courses ne sont pas passées inaperçues parmi la communauté des entraîneurs allemands. Il a, depuis peu, commencé à prendre des montes chez différents entraînements : «J’ai eu deux montes hors de l’écurie tout dernièrement. Je commence à me faire connaître.»
Un retour aux sources n’est, donc, «pas pour bientôt». Il a surtout la chance inouïe de pouvoir voyager à travers l’Europe et ainsi découvrir des dizaines d’hippodromes, «où la corde est tantôt à gauche et tantôt à droite». Mieux ! Pas une seule faute d’interférence en une trentaine de montes. «J’ai pris de bonnes habitudes ici», fait-il part. Pour lui, il n'y a aucun doute qu’il est devenu «un bien meilleur jockey».
Pas question non plus de venir passer les fêtes de fin d’année à Maurice car son entraîneur prévoit d’envoyer tous ses chevaux en France, à Cailles, dans les Alpes Maritimes, en hiver. «Je dois continuer la préparation de nos chevaux, bien que la saison ait pris fin, entre décembre et févier. Il n’y a pas de temps mort.»
Bien loin de son île, Jeanot Bardottier dit suivre les événements hippiques à Maurice. «Je comprends le désarroi de Joorawon et d’Emamdee. Ce n’est pas facile d’être mis sur la touche après avoir évolué tant d’années au plus haut niveau au Champ-de-Mars.»