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Jusqu’à 7 ans ferme requis au procès de la mutinerie de la prison de Vivonne en 2016

14 septembre 2018, 04:30

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Jusqu’à 7 ans ferme requis au procès de la mutinerie de la prison de Vivonne en 2016

 

Des peines de trois à sept ans ferme ont été requises jeudi à Poitiers, au procès de la mutinerie de la prison de Vivonne (Vienne) en septembre 2016, qui avait concerné quelque 50 détenus, fait 23 blessés, saccagé une aile de l’établissement, avant d’être maîtrisée au bout de six heures.

Quatre détenus de 25 à 36 ans, identifiés par l’enquête comme meneurs présumés, étaient jugés pour dégradation d’un bien public en réunion, par un moyen dangereux, mise en danger de la vie d’autrui, vol des clés d’un surveillant. L’un des quatre, qui a refusé son extraction, était jugé en absence.

A l’audience au tribunal correctionnel de Poitiers, les prévenus, des détenus pour stupéfiants, vols, ou violences, ont nié toute préméditation à la mutinerie, et aucun n’a reconnu avoir mis le feu. Mais un Rochefortais de 32 ans, accusé d’être l’instigateur, a reconnu qu’il voulait «se faire entendre» et être transféré, après avoir été ulcéré par une permission refusée.

«Ça faisait six mois que j’attendais de pouvoir être transféré», a raconté Mehdi. «Le matin je devais sortir en permission, ma femme venait avec les enfants, et j’apprends que c’est refusé». Selon l’accusation, faute de garantie d’hébergement à l’extérieur.

«Quand j’ai vu le surveillant, j’y suis allé. Nicolas a plaqué le surveillant on lui a pris les clés, a-t-il poursuivi. Après, je suis rentré dans ma cellule préparer mes affaires. Quand je suis sorti ça brûlait déjà, après, j’ai suivi le mouvement. Il n’y a pas eu d’organisation», a-t-il assuré.

Même son de cloche chez son co-prévenu, un Poitevin de 36 ans. «Rien n’était prémédité, on était tous désespéré par la situation, il n’y avait pas de dialogue avec l’administration à Vivonne..».

Les clefs volées avaient permis d’ouvrir les cellules d’un étage d’une aile, et des détenus avaient mis le feu en trois points, à des poubelles notamment, saccagé mobilier, vitres, éclairage. «Les gars c’est la guerre, on va mettre le feu !» aurait alors crié Mehdi -qui dément-, selon le témoignage d’un surveillant. Le feu avait mobilisé 105 pompier, plus de 175 gendarmes ou agents de sécurité de la pénitentiaire.

Vingt détenus, un agent de l’administration pénitentiaire et deux gendarmes avaient été blessés ce soir-là, la plupart en lien avec des inhalations de fumée. Quatre détenus réclament d’ailleurs des réparations après avoir «vu la mort de près», selon un des avocats.

Le centre de détention de Vivonne, prison moderne (2009) de 634 places, avait dû transférer plus de 150 détenus sous 48 heures, fermer une aile pendant 18 mois après la mutinerie. Elle a rouvert début 2018, après 2 millions d’euros de travaux.

Sept ans ferme ont été requis contre les deux principaux prévenus, 3 ans et 5 ans contre les autres. Les plaidoiries se poursuivaient en soirée.