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Mondiaux-2018: Adam Ondra, la pierre précieuse de l’escalade

6 septembre 2018, 18:56

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Mondiaux-2018: Adam Ondra, la pierre précieuse de l’escalade

«Sentir l’air, toucher la pierre, être libre. Je suis un grimpeur, c’est quelque chose qui m’a été donné»: à 25 ans, Adam Ondra est un personnage du domaine de l’exceptionnel qui explore et ouvre des voies naturelles dans le monde mais qui joue aussi les compétiteurs en salle avec un talent inouï.

A Innsbrück (Autriche), il entre en scène vendredi pour les Mondiaux-2018 d’escalade avec un 4e titre consécutif en vue sur l’épreuve de difficulté, tout juste un an après avoir signé un exploit retentissant. En Norvège, il a ouvert une voie inédite, de cotation 9c (il s’agit d’une échelle de graduation allant de 3 à 9, des chiffres majorés de lettres et de '+' pour une difficulté croissante). Personne n’avait encore jamais réussi à grimper une voie 9c.

«Quand j’ai réussi, ça a été très intense, beaucoup plus que ce que j’avais imaginé. Généralement quand j’arrive en haut d’une falaise, je suis rempli d’émotions et je veux juste hurler mais là, c’était tellement intense que je n’ai tout simplement pu rien dire. J’étais là, les larmes aux yeux et je ne pouvais que rester silencieux», raconte le Tchèque, qui s’est entretenu avec l’AFP à Trente (Italie) à l’occasion des 90 ans de son partenaire La Sportiva.

Comme une évidence, Ondra a appelé cette voie 'Silence'. Un projet né dans son esprit cinq ans auparavant, qu’il lui a pris 14 semaines avec six voyages. Et pour lequel il s’est entraîné très dur. Mais cela est aussi une évidence car le Tchèque de 25 ans se prépare sans relâche.

- Seul «là haut» -

«Je vis mon rêve mais ce n’est pas juste voyager dans le monde et grimper sur de magnifiques endroits. Je vais être aussi bon que possible et cela signifie que je vis comme un athlète en m’imposant un régime strict et un rythme de vie bien réglé», explique le jeune homme à la silhouette fine mais musclée.

Initié par ses parents eux-mêmes passionnés d’escalade, il évolue depuis qu’il a six ans sur la pierre. Il a neuf ans pour son premier 8a et treize quand il entre dans la cour des grands, celle du 9e degré.

Aucune des voies référencées 9b à travers le monde ne lui a résisté.

«Je suis un grimpeur, c’est tout ce que j’aimerais dire pour me définir. J’adore grimper avec mes chaussons et à mains nues. J’aime le challenge que c’est, le fait que ce soit un sport en plus d’un mode de vie», confie-t-il.

«Mais à coté, il y a tellement plus que ça, j’adore vraiment plus que tout rester dehors sur les pierres, toute la journée, être tout le temps sur les routes, conduire mon van, dormir dans mon van. Tout ça fait partie de l’escalade pour moi. Ce n’est pas juste arriver là haut».

'Là haut', c’est l’endroit où il se sent le mieux parce qu’il y est seul et que peu de gens peuvent y accéder. Une façon de se sentir libre.

- JO et Groenland -

Adam Ondra est en quête permanente de difficultés. «Plus grimper devient dur et plus c’est intéressant. Le mouvement est plus créatif et compliqué».

Ce qui est particulièrement étonnant chez lui, c’est sa capacité à vivre pleinement sa passion en extérieur tout en se faisant plaisir sur des structures artificielles en salle.

«Ce qui est bien avec l’escalade c’est qu’il n’y a pas qu’une façon de pratiquer. J’aime la compétition», dit-il alors qu’il se prépare pour un nouveau défi: devenir champion olympique.

La discipline sera pour la première fois de l’histoire au programme des jeux Olympiques à Tokyo en 2020 et le Tchèque ne veut pas manquer ce rendez-vous.

Ensuite, il repartira sur les routes à la recherche d’une voie 9e+ puis 10a, une aventure qui pourrait le mener au Groenland. «Aujourd’hui je suis à des années lumière de pouvoir réussir. Mon niveau d’escalade n’en est pas là. Mais avec énormément d’entraînement, c’est possible», projette ce performeur hors-normes, qui croit en une sorte de destin.