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Blanchiment d’argent :le pays se défend

4 septembre 2018, 01:43

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Blanchiment d’argent :le pays se défend

Maurice ne part pas en guerre contre ses détracteurs mais c’est tout comme. Le pays participe à la 18e réunion du conseil des ministres de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group (ESAAMLG), qui aura lieu du 4 au 8 septembre aux Seychelles. Le but de la délégation, qui quitte le pays demain : démontrer que la juridiction mauricienne n’est pas un havre de paix pour ceux qui pratiquent le blanchiment d’argent.

À l’origine de cette réaction : l’ébauche préliminaire d’un rapport de Mutual Evaluation Report (MER) sur la volonté et la capacité du pays à souscrire aux règles de lutte contre le blanchiment d’argent préconisées par l’ESAAMLG. Maurice en est d’ailleurs un membre fondateur.

L’ESAAMLG veille principalement à ce que les pays de l’Afrique de l’Est et australe mettent en pratique un programme de lutte contre le blanchiment d’argent sale, inspiré des normes recommandées par le Groupe d’action financière (Financial Action Task Force). Fondée en 1989, cette organisation intergouvernementale s’appuie sur les re- commandations faites par le G7, soit le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Le document préliminaire, qui émane du secrétariat de l’ESAAMLG, a été circulé en juin. La principale observation est, qu’en termes de combat contre le blanchiment d’argent, Maurice n’a pas démontré qu’elle adhère totalement aux exigences pour lesquelles l’ESAAMLG a été institué. L’argument fourni par Maurice est que les rédacteurs de ce document préliminaire se sont cantonnés à l’évaluation du système mauricien de contrôle pour combattre le délit de blanchi- ment d’argent.

Maurice n’a pas tardé à réagir. Sudhir Sesungkur, mi- nistre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, a expédié une correspondance aux autres ministres et aux membres de l’ESAAMLG. Il les a invités à ne pas donner leur accord pour que ce document soit publié dans sa forme initiale.

Expliquant sa démarche, le ministre des Services financiers a fait ressortir que Maurice n’a pas l’intention de critiquer l’évaluation de l’ESAAMLG. «Nous voulons de la cohérence au niveau des résultats. Il y a, selon nous, des procédures qui n’ont pas été respectées. Le rapport a été rédigé d’une manière unilatérale sans passer par les étapes établies», a souligné Sudhir Sesungkur.

La démarche de Maurice, a-t-il précisé, repose sur le principe qu’un pays visé par un exercice d’évaluation de l’ESAAMLG a le droit de donner sa version des faits. «Cette version doit être prise en considération. Or, nous avons constaté que tel n’a pas été le cas. Il est clair que, dans le fond, ce rapport ne reflète pas la réalité.» D’ajouter: «Jamais le rejet de ce document n’a été évoqué.»

L’ébauche publiée bientôt

La protestation de Maurice a eu un effet sur la di- rection de l’ESAAMLG. Le Dr Philip Isdor Mpango, président du conseil des ministres de l’ESAAMLG, a écrit au ministre mauricien pour l’informer que le document préliminaire n’allait pas être publié mais sera mis en veilleuse. Ce, jusqu’à la rencontre avec le président et le secrétaire exécutif de la Task Force qui est responsable de la rédaction du MER, qui s’est fait à Maurice, à la miaoût. Ainsi, l’ébauche du rapport sera finalement rendue publique cette semaine aux Seychelles.

Sudhir Sesungkur s’est même exprimé à l’Assemblée nationale à ce sujet. Il avait tenu à faire comprendre qu’il n’a jamais été dans l’intention de Maurice de rejeter l’ébauche préliminaire du rapport d’évaluation du MER. «Nous avons seulement exprimé le vœu que cette ébauche préliminaire, dans sa forme actuelle, ne soit pas adoptée

Sudhir Sesungkur a précisé que depuis 2012, aucune initiative n’a été prise pour revoir le méca- nisme de traque dont dispose Maurice par rapport à la lutte contre le blanchi- ment d’argent. Ce, «en dépit des recommandations qui avaient été faites à l’époque ! Nous revoyons actuellement toute la question.»