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Nuhnun Ramnawaj: les souvenirs d’un ancien combattant

30 août 2018, 22:03

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Nuhnun Ramnawaj: les souvenirs d’un ancien combattant

Dans quelques jours, plus précisément le 4 septembre, Nuhnun Ramnawaj soufflera ses 91 ans. Cet habitant de Rivière-du-Poste fait partie des nombreux Mauriciens qui ont participé à la guerre de 1939-1945. Des souvenirs qui ne le quitteront jamais.

À peine lui a-t-on annoncé que des membres de la presse viendraient à sa rencontre que Nuhnun Ramnawaj a littéralement bondi sur ses pieds. Il nous attendait avec impatience devant sa demeure, à Rivière-du-Poste. Renuka, sa belle-fille, confie qu’il était impatient de nous raconter son vécu. «Relater sa vie est devenu une passion. De plus, il aime bien raconter son expérience de la guerre à la jeune generation.»

Vêtu d’une chemise, d’un pantalon, d’un pullover et d’un polo, Nuhnun Ramnawaj arpentait la cour une canne à la main. Il nous a accueillis dans son salon et après, bien calé dans son sofa, il a commencé à faire défiler le film de sa vie. Natif de Rivière-du-Poste, il a vécu une bonne partie de son enfance chez ses grands-parents maternels, la famille Siyaji.

 

«Zot ti pé zet bom dépi dan avion, ti éna bann tink ofansiv, inn fer nou apran tir fizi. Training pa ti fasil ditou mé mo ti zen ek mo ti pé kapav fer li.»

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«J’ai également habité à Vacoas où j’ai été à l’école pendant seulement deux semaines avant de retourner à Rivière-du-Poste», dit-il. Son père, Hurryparsad, malade, ne pouvait travailler et la famille dépendait ainsi de Luchmeen, la mère, qui était laboureur. «Nous étions à quatre, trois frères et une sœur, et notre vie n’était pas facile. Lorsque j’ai eu 20 ans, j’ai décidé de m’engager comme soldat malgré le refus de mes parents.»

À cette époque, beaucoup de Mauriciens étaient recrutés pour aller à la guerre, raconte-t-il. «Bann Anglé ti pe pran Morisien pou fer solda.» Nuhnun Ramnawaj se souvient de tout comme si c’était hier : les moments inoubliables passés en Égypte, en Libye et dans d’autres pays du Moyen-Orient. Il se rappelle des dures formations qu’il a endurées, le ventre vide, car le repas était très minime. «Zot ti pé zet bom dépi dan avion, ti éna bann tink ofansiv, inn fer nou apran tir fizi. Training pa ti fasil ditou mé mo ti zen ek mo ti pé kapav fer li.»

 

«Les Juifs étaient aussi à Maurice pendant un bon bout de temps. Ils habitaient à Beau-Bassin et beaucoup de personnes allaient leur rendre visite.»

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Nuhnun Ramnawaj de raconter des petites histoires liées au colonel Kadhafi et même au roi Farouk d’Égypte. Ces évènements ont fait de lui un passionné d’histoire. «Anglé ti pe lager pou gagn ankor koloni parski sa lépok-la zot ti pé okip 52 koloni; Moris ti parmi.»

Le bonhomme révèle qu’il était en admiration devant les Juifs qui, à l’entendre, étaient des gens plus intelligents. «Les Juifs étaient aussi à Maurice pendant un bon bout de temps. Ils habitaient à Beau-Bassin et beaucoup de personnes allaient leur rendre visite.»

La guerre, Nuhnun Ramnawaj l’a vécue pendant trois années. Ces moments resteront gravés à jamais dans sa mémoire, dit-il. «C’est difficile de tout raconter en un jour.»

Après la guerre, il rentre au pays, se marie avec Gyantee, aujourd’hui âgée de 84 ans, et avec qui il a eu sept enfants. «Après mon mariage, j’ai vécu pendant plusieurs années chez mes beaux-parents. Mon beau-père m’a beaucoup soutenu afin que je puisse m’acheter une charrette. Puis je suis retourné à Rivière-du-Poste avec ma famille.»

Nuhnun Ramnawaj a été laboureur et avant sa retraite, il a travaillé au département des Travaux. «J’ai tout le temps été fasciné par les bus car auparavant il y en avait peu sur nos routes. J’ai travaillé très dur pour pouvoir en acheter deux et aujourd’hui ce sont mes fils qui s’en occupent. Je peux vous dire que je suis très fier de mon parcours.»