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Brésil: 13 morts, dont deux soldats, dans des opérations des forces de sécurité à Rio

21 août 2018, 07:55

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Brésil: 13 morts, dont deux soldats, dans des opérations des forces de sécurité à Rio

Au moins 11 membres présumés de gangs de trafiquants de drogue et deux militaires ont été tués lundi dans des favelas et une banlieue de Rio au cours d’opérations d’envergure des forces de sécurité brésiliennes dans lesquelles l’armée a joué un rôle majeur.

Le commandement militaire chargé de la sécurité a fait état d’un bilan de cinq morts - après avoir dans un premier temps donné le chiffre de huit - pendant une intervention des soldats dans un complexe de favelas. L’agence de presse officielle Agencia Brasil a de son côté signalé que six autres membres de gangs présumés avaient perdu la vie dans des affrontements avec des policiers à Niteroi, une ville située en face de Rio.

Un soldat est décédé «de blessures infligées par des armes à feu», a ajouté le commandement, le premier mort dans les rangs de l’armée depuis qu’elle a été chargée des opérations de sécurité à Rio, en février.

A la tombée de la nuit, le commandement a rendu compte de la «mort d’un autre soldat de l’armée à la suite d’une autre confrontation au complexe de Penha», évoquant l’opération réalisée dans les favelas d’Alemao et de Penha, dans la violente Zone Nord de Rio.

Quelque 4.200 soldats, soutenus par des véhicules blindés et des avions, ont pénétré dans le complexe de favelas, des zones d’habitat très défavorisées contrôlées par des trafiquants de drogue lourdement armés.

Seuls 70 policiers ont été impliqués, une nouveauté dans les opérations coup de poing de ces derniers mois à Rio, où la police avait été à la manoeuvre.

Selon la police, quelque 430 kilos de drogue ont été saisis dans le complexe de Mare, également visé, un montant nettement plus élevé que la moyenne dans ces opérations. Au total, 36 personnes ont été arrêtées, 24 armes saisies ainsi que 828 munitions.

Les soldats ont levé les barrages dressés par les gangs et contrôlaient les véhicules et les habitants. En outre, ils «ont distribué des tracts demandant à la population de coopérer», a fait savoir le commandement militaire dans son communiqué.

- Des victimes exécutées ? -

Un bus a été incendié à Alemao après une brève manifestation, a constaté un photographe de l’AFP.

Des militants des droits de l’Homme se sont inquiétés du nombre élevé des morts et du rôle prééminent joué cette fois-ci par l’armée, appelée à Rio en raison de la flambée des violences et de l’inefficacité de la police dans la lutte contre les gangs de trafiquants de drogue.

«Si le fait que des membres des forces armées ont exécuté les victimes se confirme, cela constituera un changement dérangeant», a déclaré Silvia Ramos, de l’Observatoire de l’intervention, qui suit les activités des forces de sécurité dans Rio.

«Les forces armées ne peuvent pas entrer dans cette logique de confrontations inutiles et dans ces exécutions inacceptables qui sont le fait de la police de Rio», a-t-elle ajouté.

La police de Rio est connue pour enregistrer dans ses rangs de nombreux morts chaque année dans cette guerre contre la criminalité, mais également pour ses méthodes expéditives à l’origine de très nombreux décès.

Dans l’opération de Niteroi, les six membres présumés d’un gang, qui circulaient à bord de deux véhicules, ont été tués par la police, ont annoncé l’agencia Brasil et le site internet G1.

Une course-poursuite et des échanges de tirs nourris, en pleine heure de pointe près d’un des plus grands ponts menant à Rio, ont provoqué le chaos et une brève panique.

Selon un communiqué de la police, «quatre (hommes) sont morts sur le coup et deux à l’hôpital» tandis que «trois autres ont été faits prisonniers».

Un bus de banlieue transportant une quarantaine de passagers a reçu 14 balles, et, miraculeusement, un seul passager a été blessé.

Après des Jeux olympiques très réussis en 2016, Rio de Janeiro a été confronté à une spirale incontrôlable de violences alimentées par de grandes difficultés budgétaires et la corruption.

L’appel à l’armée en février n’a rien réglé, bien au contraire : les tirs dans «la ville merveilleuse» ont augmenté de près de 40% depuis, disent des ONG.