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Toilettes publiques: au pays des «merde-veilles»

19 août 2018, 19:45

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Toilettes publiques: au pays des «merde-veilles»
 
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Il y a eu celles situées à côté du marché de Quatre-Bornes. Puis, en mai, la cabane au fond du Jardin de la Compagnie. Il faut désormais lâcher Rs 10 pour aller faire une grosse commission dans ces petits coins. Une mesure qui devrait s’étendre à toutes les toilettes publiques urbaines, si l’on en croit les mairies. Cependant, vu l’état actuel de certains de ces cabinets d’aisance, il faut vraiment être au bord de la rupture de vessie pour s’y rendre. Taratata…

Rose-Hill : To twalet souper v/s tourne vanessa

À la gare de Rose-Hill, dans la raie du milieu des feuilles de tôle. D’un côté, il y a les toilettes quatre étoiles. Pour Rs 10 qu’on glisse dans la fente d’une boîte, on obtient même cinq carrés de PQ. Pas de parfum assassin de narines dans les parages, hormis une légère odeur d’ammoniaque. Les plantes sont vertes, les vases d’un blanc «cacassé», les robinets pas encore couleur rouille et pas de déchets caca d’oie ou d’humain sur les murs.

L’air est cependant irrespirable près des WC (What a cauchemar) – pas encore payantes celles-ci – qui se trouvent juste à côté. Bienvenue au paradis du gaz naturel liquéfié ou solide. La tête tourne comme Vanessa, le nez est pris d’assaut par la senteur des missiles de 50 nuances de jaune, lancées par des fessiers enragés. Cela saute aux yeux et au mur, presque au plafond. Une nouvelle gamme de boisson y est commercialisée chez les Messieurs : du «siropisse», disponible dans une bouteille en plastique de 0.5 litre.

Chez les dames, on a mis la camisole de force aux réservoirs d’eau, en métal, style Hannibal Lecter, pour qu’ils ne se fassent pas voler. «Parfwa pipi-la vinn ziska andeor, ou kapav krwar inondasion», déplore Paméla, la dame qui nettoie, pour un salaire de Rs 8 500. «Gagn maloker, mé ki pou fer, bizin travay pou gagn nou bout dipin.»

Quatre-Bornes : Shit man… et woman aussi

Pas d’inégalité du genre à la ville des fleurs, non Môssieur, non Madame. Que ce soit du côté des «gents» ou des «dames», la photo finish n’est pas parvenue à départager les deux sexes dans cette course aux piteuses latrines. Des chaises défoncées à l’entrée, des vases qui contiennent tout sauf des fleurs, ça ne sent pas la rose. Des robinets qui ont disparu dans la nature ou dans la poche des malfrats, des portes sans poignet qui ressemblent à des «latet biskwi» qui ont perdu leurs cheveux, l’hygiène est tout sauf au poil. Du PQ roulé en boule, des lunettes qu’on ne voit plus, une chasse d’eau que des visiteurs débordant d’incivisme ont chassée, des mares d’urine qui font «flak flak» sous les pieds. «Bel sangat isi», s’exclame Chantale Botte, la gardienne des lieux d’aisance. Cela fait deux ans qu’elle fait ce qu’elle peut – contre un salaire d’environ Rs 7 500 – pour essayer de garder l’endroit propre. Elle en remet une couche sale. «Éna dimounn vrémem san konpran. Zot fann sa partou, pipi anba, kan éna lafwar pli pi(pi)r… Zot vinn zet zot légim tou isi… Kan ou dir zot, zot dir zot pey Rs 10 pou sa ek ki pey nou pou netwayé.» Elle ajoute : «Bel sangat.»

La cabane au fond du jardin de la compagnie

Popo le pigeon coule un bronze sur la tête d’Adrien d’Épinay. Sur les bancs, des gens apprécient leur déjeuner en ce jeudi, midi. Ceux qui ont avalé trois dholl-puris et deux verres d’alouda vont se soulager dans la cabane verte au fond du Jardin, moyennant Rs 10. Le lieu d’aisance est plutôt cosy, un palmier a pris racine à l’entrée, tout comme un Monsieur derrière un comptoir en bois. Les cuvettes n’ont pas encore bu la tasse, même les poubelles font de la résistance. Le miroir tient bon, les robinets aussi. Pour l’instant.

Gare Victoria : «Toima» pann dir twa pa tata partou ?

Gare à vous si vous passez près de la gare Victoria et que vous avez une envie pressante. Chez les hommes comme chez les femmes, les toilettes, pas encore payantes, ressemblent à celles que l’on voit dans les films d’horreur. On s’attend à tout moment à voir surgir Emily Rose (version marron-malade) ou Annabelle ou quelque autre psychopathe qui aurait succombé d’une grave infection après avoir utilisé ces trônes, et qui hanterait depuis les lieux. Ici, l’expression «fann dhal» prend tout son sens. Il y a aussi les lentilles noires, rouges, les haricots blancs et les gros pois mal digérés, le tout contenant sûrement de l’herbicide Roundup.

Gare du nord : La cerise sur le gulab jamun

Dégoût. Haut le cœur. Nausées. Traumatisme visuel et stomacal. Fukakashima. Vite, un masque à oxygène. Beurk. Smiley vert très malade ou qui vomit ses tripes. On en a vu des «malang» et des très «malang», mais là, ce sont les very, très, très, très «malang». N’y allez pas. On le répète : N’Y ALLEZ PAS. Visionnez plutôt la vidéo. Merci et bon appétit si vous passez à «tatable».