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Fanfan: un monument du séga qui laisse derrière lui de «zoli zoli» paroles…

19 août 2018, 08:00

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Fanfan: un monument du séga qui laisse derrière lui de «zoli zoli» paroles…

Ayo ! Dinozor fini zot o ! Non, ce n’est pas du «bonom» qu’il s’agit. Fanfan est parti rejoindre Dieu le Père. Louis Gabriel Joseph, connu comme Fanfan ségatier, est décédé à l’hospice Saint-Jean de Dieu à Pamplemousses, où il vivait depuis trois ans.

Dinozor la koté, dites-vous. Patience. Les bonnes choses se méritent. Comme à l’époque où, au bout de la route plein Sud, un groupe d’amis musiciens et chanteurs – toujours les mêmes – se retrouvaient, pour fêter l’anniversaire de ce «bonom lalang fité». Enn karakter for koz foutan qui avait réponse à tout.

Il nous faisait trap vant riyé, en critiquant une chanson qui disait : «Aster so trwaziem lizié finn ouver.» Pa get divan, pa get deryer, Fanfan lâchait : «Taler mo dir li kot sa lizié-la finn ouver.» Avant de s’amuser de notre réaction. Mais il avait réussi son coup : nous faire réfléchir.

Sef dan rakont zistwar

Pour lui, la chanson, c’était du son, mais surtout du sens. Son premier 45 tours, Ma bole ma, sort en 1949. Une chanson que Fanfan a en commun avec Ti Frer, qu’il a côtoyé. Il est connu pour 400 kanon, la chanson patriotique Ala la ki zoli zoli, ou encore Melina. Mais Fanfan ti sef dan rakont zistzar. Avec toute la verve du griot, il vous tenait en haleine avec zistwar kayman ek lours, zistwar tang ar lisien, etc. Comme chez La Fontaine, il y glissait la morale. La sagesse de l’homme simple, éprouvé par la vie.

Dans les années 1970, Fanfan est considéré comme, «le meilleur ravannier de Maurice», affirme Rama Poonoosamy, directeur de l’agence Immedia. Un ami depuis la «grande époque». Quand Fanfan, qui «a été un agent travailliste, rejoint la mouvance progressiste MMM». Il est membre du Grup Kiltirel Morisien, créé en 1977, par Rama Poonoosamy. À ses côtés, Sarojini Seeneevassen, Siven Chinien, Henry et Marie-France Favory, Odile Chevrau, Habib Mosaheb, entre autres.

Pa les lagorz sek

Si Fanfan savait faire rire, son histoire est à pleurer. C’est celle d’un zanfan lakot qui n’a pas eu de chance. Né le 27 juillet 1930 à Mahébourg, il perd sa mère alors qu’il n’a pas encore deux ans. Quelque temps après, son père meurt. Voilà pourquoi il n’est pas allé à l’école plus loin que «ti bilo». Recueilli par sa grand-mère, il se retrouve seul au monde, à 9 ans, quand elle décède à son tour. Marqué par la polio qui sévit à l’époque, Fanfan perd l’usage de l’une de ses jambes.

À 9 ans, Fanfan est SDF. Rezman éna lamer. Il attrape de quoi manger en allant à la pêche. Ce qui deviendra son métier. Il travaille un temps à l’ancienne usine sucrière de Réunion, à Vacoas. Avant de connaître les «4 jours à Paris», bat baté dans la fonction publique. Juste de quoi faire bouillir la marmite. Car Fanfan a eu trois madam. Leur a-t-il fait goûter à son dinozor ? Lui qui avait hérité de cette recette de grand-mère, de fruits macérés pendant un an dans une dame-jeanne de rhum. Il aimait le partager. Pour voir l’effet que cela vous faisait. Fanfan, pa les lagorz sek

Ses funérailles auront lieu vers 15 heures ce dimanche 19 août. Le convoi mortuaire sortira de sa maison au 3, rue Watsonia, cité Beau-Vallon, pour se rendre à l’église Notre-Dame des Anges. Et de là au cimetière de la paroisse, à Petit-Bel-Air.