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Commission d’enquête - Gurib-Fakim: «J’ai été lâchée par le gouvernement»

15 août 2018, 22:30

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Commission d’enquête - Gurib-Fakim: «J’ai été lâchée par le gouvernement»

 

Ce sont Mes Yousuf Mohamed et Gilbert Noël qui sont à l’origine de l’institution de la commission d’enquête sur Álvaro Sobrinho, affirme l’ex-présidente. Privée du soutien du gouvernement, elle dit lui avoir fait confiance aveuglément…

Allait-elle se prévaloir de son droit au silence, voire citer l’Official Secrets Act ? C’est ce que l’on se demandait avant l’audition d’Ameenah Gurib-Fakim devant  la commission d’enquête présidée par le Puisne Judge Asraf Caunhye, hier. L’ex-présidente de la République a toutefois pris tout le monde de court, n’épargnant personne. Ni ses anciens hommes de loi, ni les membres du gouvernement…

«J’ai été lâchée par le gouvernement», a soutenu l’ex-cheffe de l’État. Elle a ciblé en particulier l’Attorney General, Maneesh Gobin.

Le 28 février, les relevés de la carte bancaire que lui avait offerte le Planet Earth Institute (PEI) font la une de l’express. Le même jour, Ameenah Gurib-Fakim dit avoir sollicité Maneesh Gobin. «Can I remind you that you are my sole source of advice ?» L’Attorney General se serait toutefois dit «very busy».

Ce n’est qu’après que l’ex-cheffe de l’État contacte le Premier ministre, Pravind Jugnauth, que l’Attorney General aurait trouvé le temps de lui rendre visite. «He said there was nothing much to do», avance Ameenah Gurib-Fakim. Sollicité, Maneesh Gobin n’a pas donné suite à nos appels.

Entre-temps, l’ex-cheffe de l’État est au pied du mur. «Throughout my time in the State House, I was not allowed to speak to the press without permission», soutient-elle. Ameenah Gurib-Fakim raconte s’être retrouvée sans soutien et sans moyen de se défendre.

«You better start defending me as I have done nothing wrong», avait-elle d’ailleurs lancé à Ivan Collendavelloo dans un texto le 6 mars. Mais il n’en est rien. Les articles de presse n’en finissent pas et «there was no will whatsoever from the executive to help the office of the President», déplore Ameenah Gurib-Fakim.

Elle se tourne donc vers Me Gilbert Noël et accepte aussi l’aide de Me Yousuf Mohamed, qui prend contact avec elle. Au dire de l’excheffe de l’État, c’est Me Gilbert Noël qui mentionne l’idée d’une commission d’enquête sur l’homme d’affaires Álvaro Sobrinho.

Sollicité par l’express, l’avoué n’a pas voulu faire de commentaire. Dans un communiqué émis par son bureau, le 20 mars, il expliquait néanmoins que ses services avaient été retenus en tant que professionnel du droit bancaire et financier et qu’il n’était pas le Leading Counsel dans cette affaire. À la première mention d’une commission d’enquête, Me Yousuf Mohamed n’aurait pas réagi.

Au matin du 16 mars, Me Gilbert Noël rend visite à Ameenah Gurib-Fakim et Me Yousouf Mohamed lui aurait envoyé son junior, Me Nadeem Hyderkhan. C’est ce dernier qui a rédigé les Terms of Reference de la commission d’enquête. Me Yousuf Mohamed se serait assuré de la légalité de ce «move» auprès de sir Ha- mid Moollan.

«Madam, you can’t. But tactically, you can.» C’est ce qui serait ressorti de cette rencontre. Une réponse qu’Ameenah Gurib-Fakim prend pour un oui.

Si beaucoup avaient vu en l’institution d’une commission d’enquête une façon d’entraîner le gouvernement dans sa chute, Ameenah Gurib-Fakim affirme qu’il s’agissait plutôt de s’innocenter. «Je l’ai fait dans l’intérêt public», ajoute-t-elle.

L’ex-présidente de la République explique aussi qu’étant toute seule, elle a fait aveuglément confiance à ses anciens hommes de loi. «The lawyers at the time did not give me notion that it was wrong», affirme-t-elle. Sans réserve, elle conçoit que son «manque de formation légale» aurait pu l’avoir poussée à prendre une mauvaise décision.

Ce n’est que lorsqu’elle voit les titres des journaux «‘coup d’État constitutionnel’ or ‘usurpation de pouvoirs’» qu’elle aurait commencé à comprendre. «I was completely shattered and dejected»