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Escroqué par un «longaniss»: «Li’nn fer mo fami krwar ki mo posédé par le mal»

12 août 2018, 09:53

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Escroqué par un «longaniss»: «Li’nn fer mo fami krwar ki mo posédé par le mal»

Il croyait résoudre ses difficultés financières. Sauf que cet entrepreneur âgé de 55 ans se retrouve un peu plus sur la paille après avoir été escroqué de Rs 90 000 par un «longaniss». Ce dernier, Nasheed Mutty un habitant de Plaine-Verte âgé de 33ans, a été arrêté par la Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord.

La victime, qui habite également la localité, raconte que ses déboires ont commencé il y a cinq ans, lorsqu’il perd son contrat d’importation de poisson. Fin juin, l’épouse de l’entrepreneur lui parle du «longaniss». «Une de ses cousines lui avait dit qu’il y a un messager de Dieu qui pourrait m’aider à mettre fin à mes difficultés financières.»

«Il est arrivé chez nous en habit traditionnel. Li dir nou li gardien bondié é li posed bann bon kalité pou konbat le mal. Il disait être l’ami de Dieu.»

Rendez-vous est pris pour début juillet. «Il est arrivé chez nous en habit traditionnel. Li dir nou li gardien bondié é li posed bann bon kalité pou konbat le mal. Il disait être l’ami de Dieu.»

Le «longaniss» aurait fait croire au quinquagénaire qu’il serait possédé par le mal. «Il a fini par me convaincre que ma famille et moi devions nous rentre au cimetière le soir.» Crédules, l’entrepreneur et sa famille n’y voient que du feu.

C’est ainsi que la première semaine de juillet, l’entrepreneur, accompagné de huit proches, se rend au cimetière de Pailles. Le «longaniss» s’attarde sur trois tombes spécifiques, d’où il sort un verre, un couteau et un os, respectivement, après avoir fait des invocations.

«Il nous a fait croire que le mal me poursuit car c’est moi qui suis à la tête de la famille et que je suis entrepreneur. Le couteau retrouvé signifie mon business d’importation de poisson. Et c’est sur mes couteaux que le mal aurait été fait.» L’entrepreneur remet au «longaniss» la somme de Rs 18 000.

La deuxième semaine de juillet, l’entrepreneur, en compagnie des membres de sa famille, se rend au cimetière de Bain-des-Dames. Le «longaniss» leur demande de le suivre vers la grande croix pour y poser un petit bouquet de fleurs. «Nous devions rester dans le cimetière jusqu’à trois heures du matin.» La troisième semaine, direction le cimetière des Salines. Les mêmes rituels sont faits, en anglais. «Li koz barok, fer krwar ki li pa kapav koz kreol.»

La dernière semaine, c’est dans un lieu boisé, à proximité de l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, qu’ils se rendent. «Li tir enn poupet en toile kouler blé kot ti éna mo nom ek nom mo garson. Ce jour-là, je lui ai remis la somme de Rs 35 000.» En sus, en deux autres occasions, l’entrepreneur lui donne Rs 20 000.

Nasheed Mutty demande aussi à la famille d’acheter quatre draps, où il leur fallait écrire le nom de dieu avec des paillettes ainsi que des prières. Le tout pour Rs 18 000.  

C’est en août que le pot aux roses est découvert. «Il avait semé la zizanie entre moi et ma sœur. J’ai aussi appris qu’il avait dit à ma famille de ne pas me laisser gérer mon argent.» Ce n’est pas tout. «Il voulait lancer une compagnie en son nom, en me demandant de contracter un emprunt auprès de la banque.»

«Toute la famille a cru que c’était moi le fautif. Il les a bernés en leur déclarant que c’est le mal qui me faisait douter.»

L’entrepreneur doute de plus en plus et finit par se confier à son épouse. «Toute la famille a cru que c’était moi le fautif. Il les a bernés en leur déclarant que c’est le mal qui me faisait douter.» Mardi le mardi 7 août, confronté par l’entrepreneur, Nasheed Mutty finit par avouer l’avoir effectivement mené en bateau…

Le lendemain, l’entrepreneur porte plainte au poste de police d’Abercrombie pour escroquerie. Tandis que le faux guérisseur fait une déposition contre la victime pour menace verbale. Nasheed Mutty a été conduit en cellule policière après avoir comparu devant le tribunal de Port-Louis.