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Journée mondiale des autochtones, Zilwa : «Nou napa bliyé nou rasinn»

10 août 2018, 01:00

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Journée mondiale des autochtones, Zilwa : «Nou napa bliyé nou rasinn»

Chagos, Agalega, Rodrigues… Tous font partie de la République de Maurice. Pourtant, chacun a sa culture. À l’occasion de la journée mondiale des autochtones observée aujourd’hui, voyons comment ces communautés vivant à Maurice font pour préserver leur culture.

Chagos 

«Napa pou bliyé, napa pou bliyé kouma anglé ras nou bousé manzé», chante Maudea Saminaden. Elle fait partie de la communauté chagossienne qui a quitté son île natale de Peros pour atterrir à Maurice en 1973. Maudea Saminaden est aussi l’une des ferventes protectrices de la culture chagossienne. «Chagos so kiltir, so manzé, so lavi mem enn lot. Nou napa bliyé nou rasinn», dit-elle.  

Danse traditionnelle à l’occasion de l’exposition sur la culture chagosienne au centre du Groupe réfugiés Chagos, à Pointe-aux-Sables, le 14 avril. 

Parmi les mets les plus appréciés des Chagossiens, on retrouve le fameux séraz (NdlR, plat à base de lait de coco). «Éna fer séraz pwason, séraz ourit, aster éna fer séraz poul. Mé pli inportan ladan sé dilé koko», explique Maudea Saminaden. Afin de retrouver un peu le goût de leurs îles, le Groupe réfugiés Chagos organise mensuellement des rencontres autour de la cuisine traditionnelle chagossienne, à Pointe-aux-Sables. 

«Nous faisons tout pour promouvoir la culture chagossienne. L’année dernière, nous avons organisé un séminaire intitulé Heritage across Generations, pour mettre l’accent sur la culture chagossienne, à travers la cuisine, la musique, les vêtements traditionnels», explique Olivier Bancoult, leader du Groupe réfugiés Chagos. Cette année encore, le groupe a organisé des ateliers afin d’initier les jeunes à la culture chagossienne. «De jour en jour, les gens s’intéressent à notre culture. C’est une transmission qui se fait de génération en génération, soutient Olivier Bancoult. Nous représentons aussi notre culture lors des festivals créoles. Nous nous rendons souvent à La Réunion et nous avons même été en Australie pour expliquer aux gens la culture chagossienne.»

Rodrigues 

Rien ne peut remplacer le goût des mets de son pays. Et ce n’est pas les Rodriguais qui diront le contraire. «Enn diri maïs, enn zariko rouz Rodrigues, manz enn patat bwi ek so bouyon pwason, so gou lot mem sa !» dit Jean Margeot Ravina, président du Mouvement solidarité Rodrigues, une pointe de fierté dans la voix. Le mois dernier, le mouvement a organisé sa grande journée annuelle autour de la culture rodriguaise. «Quand les Rodriguais viennent à Maurice, ils ont tendance à perdre leur identité, car ici c’est la vie moderne. Mais nous nous efforçons de garder notre culture vivante», souligne Jean Margeot Ravina.  

Rien ne peut remplacer le goût des mets de son pays. Et ce n’est pas les Rodriguais qui diront le contraire. «Enn diri maïs, enn zariko rouz Rodrigues, manz enn patat bwi ek so bouyon pwason, so gou lot mem sa !» dit Jean Margeot Ravina, président du Mouvement solidarité Rodrigues, une pointe de fierté dans la voix. Le mois dernier, le mouvement a organisé sa grande journée annuelle autour de la culture rodriguaise. «Quand les Rodriguais viennent à Maurice, ils ont tendance à perdre leur identité, car ici c’est la vie moderne. Mais nous nous efforçons de garder notre culture vivante», souligne Jean Margeot Ravina.

Il y a également l’école de danse traditionnelle rodriguaise qui se tient deux samedis par mois, à Port-Louis. «Ceux qui sont intéressés viennent à l’école, où nous leur montrons comment jouer à l’accordéon, au triangle. Nous leur apprenons aussi la danse rodriguaise et le séga tambour», explique Jean Margeot Ravina. Le séga tambour, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en décembre 2017, est d’ailleurs l’une des grandes fiertés des Rodriguais. Pour pouvoir bouger au rythme du séga tambour, il faut également le costume traditionnel. «Pour cela, il faut commander de Rodrigues, car rien ne peut remplacer l’expertise d’une Rodriguaise pour la confection des costumes traditionnels de notre île», lance-t-il.

Agalega 

La noix de coco est indispensable dans la cuisine agaléenne. 

Les Agaléens ne sont pas moins fiers de leur culture, qui ressemble beaucoup à celle des Chagos. «La cuisine agaléenne comporte, elle aussi, beaucoup de coco. Il y a bien sûr le traditionnel séraz. On n’utilise ni huile, ni épice, le lait de coco donne tout le goût. Il y a aussi le toufé pwason ou encore le bouillon de poisson blanc, fait avec du poisson cru», indique Laval Soopramanien, président du groupe Les amis d’Agalega. Mais il y a aussi des douceurs qui sont typiques de l’île, comme le boli (NdlR, fait avec du sucre, de la farine et de coco), ou encore le namsima (NdlR, à base de poudre de riz, de germe de coco, de lait et du sucre). Il y a également le baka, une boisson alcoolisée comme seuls les Agaléens sont capables d’en faire.

Laval Soopramanien explique que le groupe travaille avec des anthropologues afin de mettre sur pied toute la documentation, ainsi qu’un film, sur la culture agaléenne. «C’est un projet à long terme qui devrait aboutir en 2020. Cela aidera à la conservation de la culture agaléenne pour les générations à venir», affirme Laval Soopramanien.

En attendant, il y a des journées portes ouvertes au siège du groupe, à Roche-Bois. Celles-ci se tiennent juste après l’arrivée du bateau en provenance d’Agalega afin que tous les produits et les mets préparés ce jour-là soient faits à base d’ingrédients venant de l’île.