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Au Brésil, candidats cherchent futurs vice-présidents désespérement

28 juillet 2018, 10:40

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Au Brésil, candidats cherchent futurs vice-présidents désespérement

 

L’arrivée de Michel Temer à la tête du pays a mis en lumière la fonction de vice-président au Brésil, un poste stratégique pour les candidats à la présidentielle d’octobre qui doivent choisir avec soin leur colistier.

Depuis août 2016, Michel Temer, l’ex-vice président de Dilma Rousseff, assume pleinement la présidence après la destitution de la chef de l’Etat, une première au Brésil.

A quelques jours du 5 août, date limite pour l’investiture des candidats à l’élection la plus incertaine de l’histoire du pays, les discussions entre partis politiques battent leur plein pour tenter de sceller la meilleure alliance possible, y compris avec des formations radicalement opposées.

Car au Brésil, première puissance économique d’Amérique latine, l’attribution des fonds et du temps d’antenne pour les spots de campagne est proportionnelle au poids des partis au Parlement.

Ainsi, en l’absence d’alliance avec une grande formation, le sulfureux candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro, un des favoris, ne devrait disposer que de huit secondes d’antenne.

Le choix d’un vice-président «est la conséquence d’une stratégie (qui prend en compte) l’équilibre du binôme et la recherche de votes (...), c’est une équation complexe», déclare à l’AFP Ricardo Caldas, politologue de l’université de Brasilia.

Parmi les poids-lourds de la présidentielle, Jair Bolsonaro et Ciro Gomes (centre-gauche), investis ces derniers jours par leurs partis respectifs, n’ont pas encore trouvé de colistier. Il en va de même pour l’écologiste Marina Silva et Geraldo Alckmin (centre-droit) qui doivent être investis jeudi prochain.

Les prises de positions controversées et le style provocateur de Bolsonaro lui jouent des tours: il a déjà essuyé deux refus coup sur coup de la part d’un sénateur évangélique et d’un général de réserve.

Il s’est alors rabattu sur Janaina Paschoal, juriste à la personnalité explosive, sans expérience politique, mais célèbre pour le rôle-clé qu’elle a joué dans la destitution de Dilma Rousseff, dauphine de l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. D’autres pistes sont également à l’étude.

«Flottement important» 

Bolsonaro est en tête des intentions de vote pour le premier tour, à moins que Lula, en prison depuis avril pour corruption, ne soit autorisé à participer au scrutin, une option jugée peu probable par la plupart des analystes.

Alckmin, autre poids-lourd, a lui été éconduit par le très convoité Josué Gomes, entrepreneur et fils du défunt José Alencar, qui fut le vice-président de Lula pendant ses deux mandats et un pont entre le PT et le milieux des affaires.

Le choix du Parti des travailleurs (PT, gauche), la formation de Lula, de maintenir malgré tout la candidature de l’ex-président «provoque un flottement important sur la scène électorale», juge Ricardo Caldas.

«Les candidats ont du mal à trouver un nom qui ne leur apporte pas uniquement du temps d’antenne et des fonds mais aussi des voix», souligne l’analyste Everaldo Moraes.

Par le passé, explique ce dernier, la vie politique tournait autour du Parti social-démocrate brésilien (PSDB, centre droit) et du PT, lesquels dominent le paysage électorale depuis 1994.

Mais «aujourd’hui, nous avons quatre candidats avec des scores (dans les sondages) qui peuvent accéder au second tour», ajoute l’analyste.

Et le précédent Temer complique davantage l’équation présidentielle, estime Everaldo Moraes.

En août 2016, ce conservateur discret de 77 ans est arrivé au sommet de l’Etat brésilien au crépuscule d’une vie politique qui paraissait vouée aux coulisses tamisées du pouvoir, en s’emparant du fauteuil de Dilma Rousseff après que son parti, le puissant PMDB (centre droit) ait précipité sa chute.

«En ce moment, ce doit être délicat pour les candidats de choisir un nom qui ait du potentiel en terme de voix, qui apporte du temps d’antenne mais pas d’instabilité», résume-t-il.

«Notre passé récent nous montre combien la figure du vice-président est importante et ne doit pas être sous-estimée», ajoute l’analyste.

Si les présidents brésiliens Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) et Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) ont connu des mandats sans accroc, quatre de leurs prédécesseurs avaient laissé la place à leur vice-président, notamment à la suite d’un drame ou d’une crise politique.

Ainsi, en 1954, quand Getulio Vargas se suicida, il fut remplacé par son second, Café Filho.

En 1992, le vice-président Itamar Franco remplaça Fernando Collor, écarté du pouvoir par l’ouverture d’une procédure de destitution pour corruption.