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Pêche à l’ourite: «Nous étions en train de tuer la poule aux œufs d’or»

25 juillet 2018, 00:30

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Pêche à l’ourite: «Nous étions en train de tuer la poule aux œufs d’or»

Revenons sur le contexte de la fermeture de la pêche à l’ou- rite à Rodrigues. Pourquoi faillait-il une fermeture ?

Avec le travail fait en amont à travers la collecte de données et de statistiques à Rodrigues, nous avons remarqué que les prises déclinaient et que les ourites pêchées étaient trop petites. Cette tendance tendait vers la disparition de l’espèce. Ces ourites pêchées à Rodrigues étaient des spécimens, qui ne s’étaient pas encore reproduits. Nous étions en train de tuer la poule aux œufs d’or.

Si nous n’avions pas fermé la pêche en 2012, aujourd’hui l’ourite aurait disparu de Rodrigues. Et c’est un secteur qui procure des emplois, de la pêche à la transformation. L’ourite est importante pour Rodrigues, d’où l’initiative de la première fermeture.

«Nous ne croyons pas dans l’assistanat avec des compensations. Un pêcheur aura du travail avec l’Assemblée régionale pendant la fermeture. S’il vient, il est payé, s’il ne vient pas, il n’aura rien.»

Combien de fermetures et de saisons existe-t-il donc?

Nous faisons deux fermetures, l’une d’août à octobre et l’autre de février à mars. La première fermeture permet aux adultes de se reproduire et la seconde fermeture laisse le temps aux petits de grandir. En un mois, les résultats sont impressionnants. 

Combien coûte la fermeture de la pêche à Rodrigues?

Une fermeture de la pêche à l’ourite coûte Rs 5 millions par mois à l’Assemblée régionale de Rodrigues. Lorsque nous fermons la pêche à l’ourite, nous offrons un travail alternatif aux pêcheurs. Au total, la précédente fermeture nous a coûté Rs 15 millions. C’est grâce à cela que le business vit encore et que l’ourite est protégée. 

Donc, il n’est pas question de compensation mais de travail pour les pêcheurs?

Nous proposons un travail alternatif aux pêcheurs d’ourites. Ce qui leur permet de se prémunir contre le manque à gagner durant la fermeture. Nous ne croyons pas dans l’assistanat avec des compensations. Un pêcheur aura du travail avec l’Assemblée régionale pendant la fermeture. S’il vient, il est payé, s’il ne vient pas, il n’aura rien. Nous les enregistrons, ils viennent inscrire leur présence de 7 heures à midi. Ils sont sous la responsabilité de superviseurs et il y a une liste de travaux à compléter, établie par l’Assemblée régionale.

«Nous voulons faire de Rodrigues une île écologique et verte dans l’océan Indien. Ce sera un atout touristique pour notre île.»

Nous profitons de l’occasion, une fois par semaine, pour leur donner une formation dans divers domaines: la gestion de l’argent, les pratiques durables, entre autres choses. Le travail qu’ils font s’effectue en suivant les marées, en d’autres termes, nous leur procurons du travail quand ils auraient dû sortir avec la marée pour aller pêcher s’il n’y avait pas fermeture.

Comment faites-vous pour maintenir le contrôle?

Nous avons eu des problèmes au début et maintenant, nous apprenons encore à chaque fermeture. La National Coast Guard, la police de l’Environnement et surtout les pêcheurs eux-mêmes aident à surveiller les éventuels fraudeurs durant les périodes de fermeture. Nous mettons WhatsApp à profit. Les pêcheurs se sont rendu compte que la fermeture leur permet de gagner plus quand la pêche à l’ourite est rouverte.

Vous avez aussi parlé d’un système de déclaration des stocks…

N’importe quel Rodriguais, que ce soit pour les besoins commerciaux ou à titre personnel, ne peut avoir plus de cinq kilos d’ourite avec lui après le jour de la fermeture. C’est un délit selon la loi. Ils sont obligés de tout déclarer avant la fermeture. Il y a une période de mise en place à ce propos. Durant ce temps, nous faisons passer des annonces dans les médias pour signifier la date de fermeture. Si l’ourite n’a pas été déclarée, nous saisissons tout.

Si un touriste achète de l’ourite à Rodrigues, nous allons vérifier que le volume acheté a été déduit du stock du vendeur. Tous les revendeurs d’ourite doivent être suivis et certifiés par le département des Pêcheries durant la fermeture. Tous les vendeurs doivent être enregistrés. Il faut comprendre que durant la période de fermeture de la pêche à l’ourite, il n’y a pas d’entrée ni de sortie d’ourite de Rodrigues, qui ne soient pas réglementées. Sinon c’est un délit et l’ourite sera confisquée. Malgré cela, il a encore des fuites à l’exportation.

Rodrigues a aussi pris des décisions sur le plastique. Quels sont les prochains objectifs par rapport au développement durable?

Nous combattons assidûment le plastique à utilisation unique. Je ne vois pas pourquoi une personne utiliserait un couvert une fois et le jetterait par la suite. Il y a des alternatives à ces objets. Nous voulons faire de Rodrigues une île écologique et verte dans l’océan Indien. Ce sera un atout touristique pour notre île.

Bio express

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="379" src="/sites/lexpress/files/images/richard_payendee.jpg" width="284" />
		<figcaption>Richard Payendee.</figcaption>
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<p>Richard Payendee a porté plusieurs casquettes : plongeur professionnel, ancien responsable de la branche rodriguaise de la Mauritius Wildlife Foundation (MWF) et il est actuellement commissaire de l&rsquo;Environnement du gouvernement autonome de Rodrigues. Il est déterminé à faire de Rodrigues une île en avance sur le développement durable.</p>

<p>Son plus important cheval de bataille a été la fermeture de la pêche à l&rsquo;ourite. Avec l&rsquo;aide des organisations non gouvernementales Reef Conservation, Eco-Sud/ Lagon Bleu et Ecomode Society et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sous le Global Environment Facility (GEF), il maîtrise l&rsquo;expérience rodriguaise.</p>