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Centres de refuge et grève de la faim: vrais sinistrés ou des «bater bis» ?

22 juillet 2018, 21:30

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Centres de refuge et grève de la faim: vrais sinistrés ou des «bater bis» ?

Ils ont été au coeur de la polémique durant la semaine écoulée, la cible de critiques aussi. Les sinistrés, qui avaient élu domicile dans des centres de refuge, ont été priés de «lev paké». Sont-ils vraiment dans le besoin ou sont-ils des «bater bis» comme le disent certains ?

Stéphanie Hall a 38 ans, elle a vécu pendant 6 ans à Elizabeth Ville, Baie-du-Tombeau, dans une maison de deux pièces, sur un terrain qui ne lui appartient pas. Mère de deux enfants, âgés de 9 ans et 2 ans, elle gagne sa vie en tissant et nattant des cheveux à domicile. Elle obtient également une pension du gouvernement. Ses revenus mensuels ? Rs 9 500, pension comprise. Cela fait 13 ans qu’elle alimente son compte Plan Épargne Logement (PEL), mais elle n’a toujours pas obtenu une maison de la National Housing Development Company (NHDC) .

À vendredi, elle dormait au jardin de la Compagnie, puisqu’elle fait partie de ceux qui avaient entamé une grève de la faim. De toute façon, elle n’a nulle part où aller. La bicoque qu’occupait Stéphanie et ses enfants – ces derniers ayant été confiés à des proches pour le moment – a été détruite. Pour céder la place à une seule maison, qu’a obtenue, à travers la National Empowerment Foundation (NEF), le propriétaire du terrain, Jean Pasnin. Ce dernier avait accordé la permission à Stéphanie, ainsi qu’à d’autres familles, d’installer leurs habitations sur son terrain le temps qu’elles obtiennent une maison.

Jean Pasnin, âgé de 65 ans, vit à Elizabeth Ville depuis 1969. Pensionnée et aussi pécheur de profession, son épouse et lui sont bénéficient d’une maison de la NEF, qui est en construction sur le terrain où ils vivaient avec trois autres familles. S’il est le seul à avoir droit à une maison c’est parce qu’il est le propriétaire du terrain en question. Mais il n’a pas obtenu de logement temporaire, le temps que sa maison soit construite. Il y a trois mois, les autorités lui ont demandé de détruire l’ancienne case, raison pour laquelle il s’est retrouvé au centre de refuge de Baie-du-Tombeau. Il dort actuellement au jardin de la Compagnie, en compagnie de ses «camarades» grévistes. Les revenus mensuels du sexagénaire et de son épouse, en comptant leur pension : Rs 12 000.

Marie Elvire Lamoureux est pensionnée. Elle a 84 ans et vit à Cité La Ferme, Bambous depuis 20 ans. Elle a entamé des démarches pour obtenir une maison depuis plus de 10 ans. La case en tôle dans laquelle elle vit fuit de partout, alors que la structure elle-même menace de s’écrouler. Elvire dit être en possession de «documents» qui affirment qu’elle sera bientôt propriétaire d’un «terrain» à Ébène. Son compte PEL, elle l’alimente également. Mais point de maison non plus pour elle. La vieille dame vit avec son fils de 48 ans. En comptant sa pension et une «contribution» de ce dernier, les revenus mensuels de la famille s’élèvent à Rs 9 000.

Diolan Augustin, 40 ans louait, depuis six ans, une maison en tôle à Elizabeth Ville. Il est marié et père d’une fille de 14 ans et d’un garçon de 10 ans, qui est épileptique. Après le passage du cyclone Berguitta, la famille a dû quitter la maison et n’a pas pu y retourner, le propriétaire lui ayant fait comprendre qu’il devait y entreprendre des travaux. Son épouse, employée d’usine, a entamé des démarches, il y a sept mois, afin d’obtenir une maison de la NHDC. Le jeudi 19 juillet, on leur a proposé une maison à Quatre- Cocos, mais ils ont refusé. Son épouse et ses enfants sont actuellement chez des proches. Les revenus mensuels de Diolan, qui vit de petits boulots, et de son épouse, se montent à Rs 12 000.

Sarojeenee Palaniyandi a 59 ans et vit à Cité La Ferme, Bambous, depuis 7 ans. Elle fait partie de ceux qui ont obtenu une maison à Quatre-Cocos, Melrose ou Pointe-aux-Piments, alors que sa bicoque était en piteux état. Elle a également refusé l’offre à cause de la distance. Elle souhaite qu’on lui octroie le terrain où elle a élu domicile. Elle vit avec ses deux fils de 18 et de 40 ans. Ce dernier est le seul à subvenir aux besoins de la famille. Maçon de profession, ses revenus mensuels sont de 5 500 roupies.

Adeline Jaffa a 53 ans, vit à Bangladesh, Camp Mana, Tranquebar, depuis 12 ans. C’est en 2009 qu’elle a soumis sa demande pour obtenir une maison de la NHDC, car à chaque intempérie, l’eau du Bassin Crapaud, sis à quelques pas de chez elle, s’infiltre dans sa maison, une vraie passoire. Mais elle n’a jamais eu de réponse. Adeline Jaffa vit avec six autres proches dans sa modeste case, dont deux enfants âgés de 4 ans et 8 mois. Ses revenus mensuels, en comptant sa paye comme bonne et les petits boulots de son mari uniquement, sont de Rs 5 000.

Rosita Sobha a 58 ans. Elle vit à Bangladesh, Camp Mana, Tranquebar, depuis 20 ans. Son époux, Jiovanni Stephano Sobha, a fait une demande pour obtenir une maison de la NHDC, il y a 10 mois, quand leur maison a commencé à s’écrouler. Le 19 juillet, ils ont appris qu’ils pourront bénéficier d’une maison de la NHDC, à Quatre-Cocos, mais c'est trop loin. Rosita et Jiovanni vivent avec leur fils de 30 ans et leur petite fille de 10 ans. Les revenus mensuels de la famille : Rs 10 000.

Clara Lindor, est âgée de 43 ans. Elle vit à Cite La Ferme, Bambous avec son époux et ses deux enfants, depuis 25 ans. Elle a enchainé les démarches pour obtenir une maison de la NHDC depuis le cyclone Dina, en 2002, car sa maison en tôle se transforme en lac à chaque grosse pluie. En janvier, les autorités lui ont dit qu’elle obtiendrait une maison à Quatre-Cocos, Melrose ou Pointe-aux-Piments. Mais elle refuse et souhaite en obtenir une située dans la région de Bambous. Elle travaille à son propre compte et ses revenus mensuels s’élèvent à Rs 9 500 roupies, en comptant la paye de son mari et une «contribution» de son fils de 22 ans, qui est marié et père de famille.

Jayranee Boyjonauth, âgée de 44 ans, vit à Cite La Ferme, Bambous, depuis 19 ans. Son époux et elle ont entamé des démarches pour obtenir une maison de la NHDC en 2004. En 2010, ils ont obtenu un terrain sis à l’arrière du bâtiment abritant le conseil de district de Rivière-Noire. Mais celuici n’est pas raccordé au réseau électrique ou à celui de la CWA. Il n’y a pas de chemin digne de ce nom qui permet d’y accéder, alors sa famille et elle ont décidé de rester à Bangladesh. Tous espèrent que le nécessaire sera fait afin qu’ils puissent construire une maison sur le terrain qu’ils ont obtenu. Jayranee Boyjonauth habite avec son époux et sa fille de 18 ans, qui est mère d’un enfant d’un an. Jayranee et son époux, jardinière et maçon respectivement, ont des revenus mensuels de 10 000 roupies. Par ailleurs, leur fille, Stephina Maleco, femme au foyer, est l’épouse et la mère de l’enfant de Jean-Luc Maleco, fils de Clara Lindor.