Publicité

Changements au CSR: l’avenir de 18 fondations d’entreprises privées menacé

19 juillet 2018, 23:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Changements au CSR: l’avenir de 18 fondations d’entreprises privées menacé

La révision de la politique de la CSR dans le dernier Budget fait tiquer. Il sera difficile pour plusieurs ONG de suivre leurs programmes en cours.

L’avenir de 18 fondations d’entreprises privées est menacé. Le dernier Budget a modifié l’allocation des fonds de la Corporate Social Responsibility (CSR), ce qui fait que les compagnies remettent moins d’argent aux fondations. Du coup, ces dernières s’impliquent dans moins d’activités ; elles s’inquiètent donc pour le sort de leur personnel. Malgré les protestations de Business Mauritius, le gouvernement campe sur sa position et devair rencontrer ce jeudi 19 juillet les organisations non gouvernementales (ONG) qui demandent un financement.

La révision de la politique de la CSR est une des grandes déceptions du dernier Budget, pour Business Mauritius. Selon la Finance Act 2018/2019, les entreprises doivent remettre 75 % des 2 % de leurs profits à la Mauritius Revenue Authority (MRA), les 25 % restants allant aux fondations du privé directement. L’an passé, c’était 50-50, c’est-à-dire 50 % à la MRA et 50 % aux fondations.

Les 2 % de profits étaient au départ le montant décidé pour financer la CSR. La MRA est chargée, depuis 2017, de la collecte et de la redistribution des fonds vers la Fondation CSR, qui décidera du financement des projets des ONG.

Le secteur privé dit attendre les consultations avec la National CSR (NCSR) Foundation et le ministère des Finances sur la nouvelle politique et les nouvelles directives, annoncées dans l’exercice budgétaire 2018-2019, avant de décider de la marche à suivre. Au niveau du Mauritius Council of Social Service (MACOSS), les réunions s’enchaînent avec les membres pour dissiper toute confusion. Une rencontre est prévue avec la NCSR Foundation demain.

Avec 25 % en moins de la somme allouée au fonds CSR, il sera difficile de poursuivre les programmes déjà en cours, fait ressortir le chef de projet d’une fondation d’une entreprise cotée en Bourse. «Nous avons déjà informé nos partenaires qu’il y a une possibilité d’arrêter certaines aides à partir de l’année prochaine.» L’inquiétude ne concerne pas uniquement la suite des projets mais aussi les coûts administratifs et le sort du personnel engagé dans les activités de la fondation. Parmi les 18 fondations, des craintes de licenciements ont été évoquées.

«C’est une erreur de rediriger les fonds alloués aux programmes sociaux des entreprises vers la NCSR Foundation.» Business Mauritius est d’avis que le système décentralisé, en vigueur jusqu’ici, avait fait ses preuves. L’association dit laisser le soin aux entreprises de décider individuellement de la suite de leurs projets en fonction des ressources. Dans certains cas, les fondations privées peuvent également se tourner vers la NCSR Foundation.

Le Chief Executive Officer de Business Mauritius, Kevin Ramkaloan, dit espérer davantage de discussions avec le ministère des Finances, afin d’avoir une meilleure visibilité sur la question. Et, surtout, une solution pour permettre aux entreprises et à leur fondation de respecter les engagements déjà pris.

Le ministère des Finances ne compte pas faire marche arrière, malgré les critiques. Il assure que les changements annoncés visent à promouvoir la transparence et une meilleure répartition des fonds aux ONG. Il y avait une «perception que certaines ONG étaient plus privilégiées que d’autres».

«Il va falloir d’abord voir comment évolue ce nouveau système, avant de se prononcer sur son efficacité», soutient pour sa part Dana Chengan, président du MACOSS. Des réunions techniques sont en cours, afin d’expliquer aux membres les nouvelles modalités, encore floues. Il invite un maximum d’ONG à soumettre leurs projets à la National CSR Foundation.

La National CSR Foundation a soumis son Monitoring Report au gouvernement. Dans lequel elle liste le nombre de projets approuvés et le montant décaissé depuis sa création. L’an dernier, elle a approuvé 230 projets d’un montant de Rs 202 millions ; 172 ONG sont concernées par ce financement. Elle a rendu public son Monitoring Report pour 2017 ce jeudi 19 juillet.