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Commerçants détenus injustement: «Tou sa termos ki rant Moris-la, zamé MRA inn vérifié?»

8 juillet 2018, 20:30

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Commerçants détenus injustement: «Tou sa termos ki rant Moris-la, zamé MRA inn vérifié?»

Ils ont passés 20 jours en détention sous une accusation provisoire de trafic de drogue. Tout ça, parce que la Mauritius Revenue Authority (MRA) a trouvé une poudre, soupçonnée d’être de la drogue, dans un Thermos. Salahuddeen Boodhoo, 40 ans, et son épouse, Jyotee Sabrina Shreenauth, 38 ans, ont été blanchis lorsque le Forensic Science Laboratory a confirmé que la poudre qui se trouvait dans la bouteille isotherme n’était pas de la drogue.

Quelques jours après leur libération, ces gérants d’un commerce de pièces de rechange à Plaine-Verte ne sont pas remis de leurs émotions. Et, surtout, de leur détention «injuste». Si le couple affirme qu’il n’a rien à reprocher à l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU), il a toutefois pris la décision de poursuivre la MRA en justice.

 

«Vous ne pouvez même pas imaginer ce que c’est l’incarcération, surtout lorsque vous savez que vous êtes innocent.»

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«Vous ne pouvez même pas imaginer ce que c’est l’incarcération, surtout lorsque vous savez que vous êtes innocent», déplore Jyotee Sabrina Shreenauth, assise aux côtés de son mari, la voix lourde d’émotion. À leur domicile, à Plaine-Verte, où le flot de visiteurs est incessant, les époux essaient tant bien que mal de reprendre le cours normal de leur vie.

C’est avec peine que le couple, qui gère ce commerce de spare parts depuis six ans, raconte sa mésaventure. Tout a commencé le 15 juin. «La douane m’a appelé pour me dire de venir pour une vérification. J’y suis donc allé», lance Salahuddeen Boodhoo. Et comme les affaires sont au nom de sa femme, elle l’a accompagné.

La cause de cette convocation : un Thermos au contenu «suspect». Un bruit bizarre se faisait entendre lorsqu’il était secoué. La bouteille isotherme leur a été envoyée par leur fournisseur, qui leur offrirait de temps en temps des cadeaux avec leurs commandes. Les suspicions des douaniers étant tenaces, Salahuddeen Boodhoo leur demande de casser le Thermos pour en avoir le cœur net. À l’intérieur : un sachet de poudre marron.

«Étant donné que je savais que je n’ai rien fait de mal, je n’ai pas paniqué», indique notre interlocuteur, même s’il ne savait pas ce que cette substance pouvait bien être. Comme le veulent les procédures, trois analyses sont effectuées sur place par la MRA. Tous les résultats sont négatifs. Cependant, le chien renifleur devait réagir positivement à la substance.

Le couple est alors placé en détention. Une charge provisoire d’importation de drogue synthétique est retenue contre les époux, et la valeur marchande de la «poudre» a été estimée à Rs 2,2 millions. «Ils ont commencé les procédures et l’ADSU est arrivé pour prendre les choses en main», raconte Salahuddeen Boodhoo.

Le même jour, une perquisition de leur domicile a eu lieu. «En arrivant chez nous, les officiers ont vu que notre maison était tout à fait normale et ils ne sont pas restés longtemps», dit Jyotee Sabrina Shreenauth. Malgré tout, le couple est placé en détention. Salahuddeen Boodhoo a été conduit au Moka Detention Centre et son épouse a été placée au poste de Curepipe.

Pendant leur incarcération, ils n’ont pas vu leur fille une seule fois. «Ma fille a 13 ans. C’est la première fois que je suis séparée d’elle pendant si longtemps», fustige Jyotee Sabrina Shreenauth. D’ailleurs, cette dernière était en pleins examens de Grade 7. «Lorsque notre arrestation a été annoncée, elle a dû faire face aux commentaires de ses amies, et ce n’était pas simple pour elle», déplore Jyotee Sabrina Shreenauth. Selon elle, c’est ce que sa fille a dû subir qui est le plus dur à accepter.

«Ma fille a 13 ans. C’est la première fois que je suis séparée d’elle pendant si longtemps. Lorsque notre arrestation a été annoncée, elle a dû faire face aux commentaires de ses amies, et ce n’était pas simple pour elle.»

De plus, lorsque les deux parents étaient incarcérés, leurs compagnons de cellule leur auraient fait comprendre que si la substance retrouvée dans le Thermos est vraiment de la drogue, ils sont partis pour au moins deux décennies en prison. «Certes, cela fait peur. Cette idée m’était insupportable. Mais au fond de moi, je savais que je n’avais rien fait et que nous allions nous en sortir», poursuit l’époux.

N’empêche qu’entre les insultes, les préjugés et les commentaires des policiers, ces 20 jours ont semblé une éternité. Le pire a quand même été de fêter Eid derrière les barreaux. Mari et femme sont tellement traumatisés par cela qu’ils n’arrivent pas à en parler. «Les douaniers n’ont-ils jamais vu un Thermos avant cela ?» se demandent Salahuddeen Boodhoo et Jyotee Sabrina Shreenauth, ironiques.

Pendant leur incarcération, un de leur proche a acheté le même modèle de Thermos, l’a cassé et y a retrouvé la même substance. Il l’a tout de suite remis à l’ADSU, qui l’a dépêché sur-le-champ au FSL. Malgré cela, les deux commerçants n’ont pas été libérés. «Bé tou sa termos ki rant Moris-la, zamé zot inn vérifié alor? Parski dan tou éna sa lapoud-la», martèle la mère de famille.

 

C’est quoi ce sachet de poudre?

<p>Il existe plusieurs types de bouteilles isothermes. La plus efficace : celle à double paroi avec du vide entre. Comme la chaleur ou la fraîcheur a besoin de l&rsquo;air pour s&rsquo;évacuer, le fait qu&rsquo;il y a du vide empêche la température de monter ou de baisser, gardant ainsi le contenu chaud ou froid.</p>

<p>Un autre type est aussi à double paroi, mais sans vide entre les deux. Le contenu change de température plus vite. Pour diminuer la vitesse à laquelle cette température change, les fabricants mettent des substances sèches. Cela peut aller de la terre à des produits chimiques, dépendant de la qualité et du prix de la bouteille isotherme.</p>

<p>Ce sachet, placé dans le bas de la bouteille, aide à garder la température stable. Il peut aussi être réparti dans une enveloppe entre les parois.</p>