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Relogement: La Valette est-elle prête à accueillir des squatteurs?

1 juillet 2018, 18:25

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Relogement: La Valette est-elle prête à accueillir des squatteurs?

Un nouveau projet résidentiel à La Valette. C’est ce qu’a annoncé le ministre du Logement et des terres, Mahen Jhugroo, au cours des débats budgétaires, mardi 19 juin. Des maisons seront aménagées dans ce village proche de Bambous. 

Mais voilà, le choix du terrain où elles seront construites suscite des questions. Au dire de Mahen Jhugroo, un terrain d’environ «50 arpents à La Valette serait utilisé pour la construction de maisons» par la National Housing Development Co. Ltd (NHDC). Celles-ci accueilleront les squatteurs habitant actuellement au pied du réservoir La Ferme. On en compterait 160. Selon le ministre, ces familles paieront un loyer. «Et celles qui en ont les moyens pourront aussi acheter les maisons.» 

Le hic, c’est que La Valette ne jouirait pas d’une très bonne réputation. «Quand nous disons que nous habitons La Valette, tout de suite on nous regarde de travers», lâche Joyce Dieudonné, une habitante. D’autres disent être stigmatisés. 

«L’indépendance de la NEF et de la NHDC est indispensable pour la réussite des projets sociaux.»

Puis, il y a beaucoup de «problèmes gênants» dans le village surtout au niveau du transport, selon Joyce Dieudonné. 

Les habitants évoquent plusieurs autres problèmes comme le manque d’accès au village et l’insécurité. «On a des bus le matin et l’après-midi uniquement. Mais pas un seul au milieu de la journée. Le reste du temps, il faut faire avec les taxis trains et cela coûte cher. Pour aller aux provisions dans la journée, c’est un problème.» 

Qui plus est, les routes ne seraient pas éclairées et peuvent représenter un risque pour la sécurité routière et celle des résidants, déplore Joyce Dieudonné. 

Ce village intégré, comptant 198 maisonnettes, est né d’un projet de la National Empowerment Foundation (NEF), alors sous la présidence de Jean-Claude de l’Estrac, dans les années 2000. Il comprend des unités individuelles constituées d’une grande pièce, qui sert à la fois de chambre à coucher, de cuisine, de salon, ainsi que d’une salle de bains. 

«Ce n’était pas un projet de logement mais d’intégration sociale», précise l’ancien président de la NEF. «Nous avions mis en place des mesures avec par exemple une psychiatre, nous avons même trouvé du travail pour certains. Le concept de La Valette était la création d’un village intégré avec un accompagnement social pour les habitants», explique-t-il. Et d’ajouter : «Le but était de leur offrir de l’aide pour leur permettre de trouver du travail et de scolariser leurs enfants.» 

«La fusion de la NEF avec le ministère de la Sécurité sociale est le problème. C’est la politisation du projet social qui l’a fait échouer.»

Jean-Claude de l’Estrac ne mâche pas ses mots. La Valette se voulait un projet pilote pour l’intégration sociale dans le pays. Or, «les personnes placées là-bas ont été laissées à elles-mêmes». Pour lui, «la fusion de la NEF avec le ministère de la Sécurité sociale est le problème. C’est la politisation du projet social qui l’a fait échouer. L’indépendance de la NEF et de la NHDC est indispensable pour la réussite des projets sociaux». 

L’express a tenté de se mettre en contact avec le ministre Mahen Jhugroo pour un commentaire mais sans succès. Un courriel a été expédié à son ministère pour savoir quels seront les aménagements qui seront faits en amont du nouveau projet de la NHDC.